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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 6
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Lefort, Paul: Velazquez, 5
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0554

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VELAZQUEZ.

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même reçut le titre purement honorifique d’ayuda de guarda-ropa. Voilà
de quelles chétives faveurs Philippe IV croyait récompenser le mérite de
son peintre L

Ce sont encore des portraits qui absorbent entièrement les pinceaux
de l’artiste pendant l’année 1635 et les deux suivantes. L’infant don
Balthazar-Carlos, l’héritier présomptif, avait alors six ans accomplis.
Velâzquez le peignit en costume de chasse, ganté de daim, botté haut,
tenant à la main une légère escopette. Bien campé, la physionomie sou-
riante, sa gorra inclinée avec crânerie sur le côté, l’infant est charmant
de vivacité, de naturel et de grâce mutine. Deux chiens, peints comme
Velâzquez seul sait les peindre, sont couchés à ses pieds. Un grand
arbre aux branches étendues, formant comme un dais de verdure et
couvrant le haut de la toile, projette quelques ombres et de légers reflets
sur le costume de l’infant, mélangé de couleurs bronzée, grise et brune.
Pour fond, un site accidenté, très peu exprimé, avec un ciel lumineux
sur lequel la figure se détache en vigueur et conservant toute son impor-
tance. Au bas de la toile, Velâzquez a inscrit l’âge du petit personnage :
Anno aelatis suae VI. Elle porte le n° 1076 sur le catalogue du musée
de Madrid 2.

L’arrangement si pittoresque et pourtant si simple de ce portrait, son
bel elfet, l’heureux choix du cadre où l’artiste l’a placé et auquel il
emprunte son surprenant relief, se retrouvent exprimés avec les mêmes
simples moyens et la même saisissante réalité dans les deux peintures
du musée de Madrid qui représentent le roi Philippe IV et son frère,
l’infant don Fernand, tous deux en attirail de chasse avec un fusil et un
chien 3. Philippe IV a trente ans, et c’est bien l’âge que lui donne Velâz-
quez dans ce portrait sobre et fier, où se lisent sur les traits non encore
empâtés du modèle on ne sait quelle hauteur attristée, quelle dignité
soucieuse. Une exécution franche et large, l’emploi de tons graves,
presque austères, font de ces deux peintures, datant, à quelques mois

'I. L’artiste conserva cette charge subalterne jusqu’en 1643, époque où il fut
nommé ayuda de camara, mais non en titre d’office. Deux ans après, il est guarda-
ropa, mais, cette fois, en exercice et avec émoluments; enfin, en 1646, il a le titre
de valet de chambre. 11 faut ensuite qu’il attende jusqu’en 1652 pour obtenir la
vacance d’aposenlador ou de fourrier du roi.

2. Sous le numéro 1118 du même catalogue se trouve décrit un autre portrait de l’in-
fant, représenté au même âge, un fusil à la main, autrefois attribué à Velâzquez, attribution
qu’une exécution assez faible a fait rejeter à bon droit par le savant auteur du nouveau
catalogue, don Pedro de Madrazo.

3. Notre musée du Louvre possède une copie du portrait de Philippe IV en costume
de chasse.
 
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