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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 26.1882

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Garnier, Édouard: La céramique au Salon et au Musée des arts décoratifs
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https://doi.org/10.11588/diglit.24258#0084

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LA CÉRAMIQUE AU SALON.

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tenir compte et dont il est nécessaire qu’il sache tirer parti. Les Chinois
et surtout les Japonais, ces merveilleux artistes chez lesquels le senti-
ment décoratif est développé à un si haut degré, l’ont parfaitement com-
pris, et c’est là, principalement, dans cette intelligence parfaite des
vibrations de la couleur et de l’éclat de la couverte, qu’il faut cher-
cher le secret de leur supériorité au point de vue céramique, bien plus
que dans une prétendue qualité exceptionnelle des matières premières.

A toutes les époques, du reste, et dans tous les pays, les potiers ont
respecté cette grande loi de la décoration appropriée à la forme et à la
matière, et si, parfois, quelques-uns les ont méconnues, ils n’ont produit
que des œuvres d’un ordre relativement inférieur, malgré la perfection
du dessin et la pureté de l’exécution ; telles sont certaines majoliques ita-
liennes des xvie et xvir siècles^ couvertes en plein de sujets de figures,
sans que l’artiste ait paru avoir le moindre souci des déformations que ces
figures devaient fatalement subir, et du peu de convenance d’une
pareille décoration sur des plats et des assiettes.

Dans la plupart des écoles dites professionnelles, à part quelques
exceptions dont nous signalerons plus loin un éclatant exemple, l’ensei-
gnement de la peinture sur porcelaine et sur faïence est entré depuis long-
temps dans une mauvaise voie. On n’y enseigne ni le principe de la véri-
table décoration céramique ni la pratique du métier proprement dit, la
chose la plus importante et la plus difficile à apprendre. Les professeurs
de ces écoles sont presque tous des artistes de talent, pleins de dévoue-
ment et très capables assurément de montrer à dessiner, mais ce sont
rarement des porcelainiers connaissant toutes les ressources du métier,
sachant donner à une ébauche la franchise de tons et la vivacité néces-
saires pour permettre au travail complémentaire de conserver les qua-
lités de fraîcheur et de glaçure qui seules font les bonnes porcelaines.

La plupart du temps, on se borne à indiquer aux élèves que les
couleurs doivent être employées à l’essence au lieu d’être étendues d’eau
ou mélangées d’huile, et quand elles ont péniblement fait une peinture
quelconque sur une plaque ou sur une assiette, superposant des cou-
leurs sans se rendre compte de la plus ou moins grande fusibilité de
chacune d’elles et sans savoir l’effet que ces mélanges produiront au feu,
on porte la pièce chez le cuiseur, qui pose les fonds ou trace les filets à la
tournette. Presque toujours il sort de la moufle une oeuvre sans nom,
pâle, terne, grippée ou écaillée par suite du mauvais emploi des couleurs ;
et, bien que le cuiseur qui, lui, sait son métier, indique avec complai-
sance la cause du mal, c’est toujours à lui que, rentrée à la maison,
l’èlève fait remonter la responsabilité des accidents qui se sont produits
 
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