CLEMENT DE RIS
a Gazette des Beaux-Arts vient, après
tant de deuils, d’éprouver une perte
cruelle qui sera vivement ressentie
par tous ses lecteurs, et plus doulou-
reusement encore par les confrères
de l’excellent homme et du savant
critique qu’une mort inopinée enlève
à leur affection. Le comte Clément
de Pus a succombé le 10 octobre, âgé
de soixante et un ans, à cette redou-
table maladie de cœur qui inquiétait
depuis cinq mois sa famille et ses amis.
Quoique trop courte, sa carrière a été dignement et utilement remplie.
Critique d’une compétence reconnue, fonctionnaire vigilant, organisateur
éclairé de nos Salons annuels, bibliophile érudit, il employait son activité
de fin connaisseur et de juge clairvoyant à une rare diversité de travaux
également appréciés.
Il débuta à l’âge de dix-sept ans par des études littéraires qui annon-
çaient un écrivain de race, un observateur ingénieux, dont l’ardeur juvé-
nile était tempérée par un aimable esprit de tolérance. Bientôt la critique
d’art accapara presque exclusivement ses brillantes facultés; formé par
ses premiers essais au difficile métier d’écrivain, il apportait dans ses
nouvelles études une élégante dextérité de plume et le solide éclat d’un
style déjà mûri. A cette époque lointaine, — il y a plus de trente ans, —
le romantisme livrait ses derniers et décisifs assauts aux vieilles traditions
de l’école classique ; bien que fier de plus d’une victoire et presque assuré
du triomphe définitif, il lui restait encore des luttes acharnées à soutenir
avant de conquérir la place et de s’y installer en maître reconnu. Clément
de Ris se jeta hardiment dans la mêlée et combattit au premier rang de
a Gazette des Beaux-Arts vient, après
tant de deuils, d’éprouver une perte
cruelle qui sera vivement ressentie
par tous ses lecteurs, et plus doulou-
reusement encore par les confrères
de l’excellent homme et du savant
critique qu’une mort inopinée enlève
à leur affection. Le comte Clément
de Pus a succombé le 10 octobre, âgé
de soixante et un ans, à cette redou-
table maladie de cœur qui inquiétait
depuis cinq mois sa famille et ses amis.
Quoique trop courte, sa carrière a été dignement et utilement remplie.
Critique d’une compétence reconnue, fonctionnaire vigilant, organisateur
éclairé de nos Salons annuels, bibliophile érudit, il employait son activité
de fin connaisseur et de juge clairvoyant à une rare diversité de travaux
également appréciés.
Il débuta à l’âge de dix-sept ans par des études littéraires qui annon-
çaient un écrivain de race, un observateur ingénieux, dont l’ardeur juvé-
nile était tempérée par un aimable esprit de tolérance. Bientôt la critique
d’art accapara presque exclusivement ses brillantes facultés; formé par
ses premiers essais au difficile métier d’écrivain, il apportait dans ses
nouvelles études une élégante dextérité de plume et le solide éclat d’un
style déjà mûri. A cette époque lointaine, — il y a plus de trente ans, —
le romantisme livrait ses derniers et décisifs assauts aux vieilles traditions
de l’école classique ; bien que fier de plus d’une victoire et presque assuré
du triomphe définitif, il lui restait encore des luttes acharnées à soutenir
avant de conquérir la place et de s’y installer en maître reconnu. Clément
de Ris se jeta hardiment dans la mêlée et combattit au premier rang de