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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
une armoire à deux corps et à fronton, dont les montants sont formés
par des cariatides encadrant des panneaux décorés d’attributs militaires.
Malgré son exécution un peu sommaire, nous citons cette pièce en pre-
mière ligne, parce qu’elle nous semble, par sa composition architecturale
et sa facture large, porter les principaux caractères de l’école lyonnaise,
la mieux connue de toutes, grâce à l’Exposition rétrospective de Lyon en
1879, qui en avait montré une suite remarquable. M. Corroyer possède
une crédence soutenue par des colonnes, dont les deux panneaux à mufles
de lion sur fond d’arabesques peuvent se rattacher à la même province.
On attribue à l’école de Bourgogne des œuvres moins sobres et
moins élégantes, où l’artiste s’est attaché à chercher le mouvement et
l’expression dramatique. Ces qualités se retrouvent dans une armoire à
deux corps appartenant à M. Georges Bal. La partie basse est supportée
par trois termes ; au-dessus est un panneau dont le centre est occupé par
un personnage fantastique terminé par un mascaron que relient des
guirlandes à deux figures de sphinx. Ce meuble, dont la sculpture
est très hardie, est d’une composition originale. Une grande armoire
d’une belle ordonnance, exposée par M. Jamarin, nous semble appartenir
à la même école. Les sculptures d’un troisième meuble appartenant à
M. Nollet, et décoré de termes et de chimères, proviennent vraisembla-
blement du même centre de fabrication. M. Albert Goupil possède deux
cariatides en bois sculpté d’un beau travail et empreintes du même
caractère, qui ont été exécutées pour servir de montants à une armoire.
L’élégance de la Renaissance française, sous le règne de Henri II, se
retrouve dans un cabinet à deux corps décoré d’appliques en marbre,
prêté à l’exposition par M. Étienne. Les bas-reliefs principaux des pan-
neaux représentent les quatre saisons, autour desquelles sont disposés des
cartouches rectangulaires, occupés par des figures de nymphes couchées.
Ces sculptures, à peine détachées du fond, rappellent; par leur finesse les
bas-reliefs du Louvre et d’Anet. Il s’en dégage une grâce particulière qui
ne saurait appartenir qu’à l’école parisienne. Assurément l’auteur de ce
meuble avait eu sous les yeux et longtemps étudié les œuvres de Jean
Goujon et de Germain Pilon, avant de s’assimiler leur style. Une réplique
des bas-reliefs des quatre saisons se trouve sur un cabinet d’une orne-
mentation moins riche, qui a été exposé par M. Mollet.
Les meubles d’origine étrangère sont peu nombreux, et nous n’en
trouvons que deux méritant d’être mentionnés. Le premier est un petit
cabinet supporté par six colonnes torses et dont les nombreux tiroirs sont
décorés de rinceaux, finement fouillés dans le style de la Renais-
sance. Ce meuble est attribué par son propriétaire, M. Audéoud, à l’école
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
une armoire à deux corps et à fronton, dont les montants sont formés
par des cariatides encadrant des panneaux décorés d’attributs militaires.
Malgré son exécution un peu sommaire, nous citons cette pièce en pre-
mière ligne, parce qu’elle nous semble, par sa composition architecturale
et sa facture large, porter les principaux caractères de l’école lyonnaise,
la mieux connue de toutes, grâce à l’Exposition rétrospective de Lyon en
1879, qui en avait montré une suite remarquable. M. Corroyer possède
une crédence soutenue par des colonnes, dont les deux panneaux à mufles
de lion sur fond d’arabesques peuvent se rattacher à la même province.
On attribue à l’école de Bourgogne des œuvres moins sobres et
moins élégantes, où l’artiste s’est attaché à chercher le mouvement et
l’expression dramatique. Ces qualités se retrouvent dans une armoire à
deux corps appartenant à M. Georges Bal. La partie basse est supportée
par trois termes ; au-dessus est un panneau dont le centre est occupé par
un personnage fantastique terminé par un mascaron que relient des
guirlandes à deux figures de sphinx. Ce meuble, dont la sculpture
est très hardie, est d’une composition originale. Une grande armoire
d’une belle ordonnance, exposée par M. Jamarin, nous semble appartenir
à la même école. Les sculptures d’un troisième meuble appartenant à
M. Nollet, et décoré de termes et de chimères, proviennent vraisembla-
blement du même centre de fabrication. M. Albert Goupil possède deux
cariatides en bois sculpté d’un beau travail et empreintes du même
caractère, qui ont été exécutées pour servir de montants à une armoire.
L’élégance de la Renaissance française, sous le règne de Henri II, se
retrouve dans un cabinet à deux corps décoré d’appliques en marbre,
prêté à l’exposition par M. Étienne. Les bas-reliefs principaux des pan-
neaux représentent les quatre saisons, autour desquelles sont disposés des
cartouches rectangulaires, occupés par des figures de nymphes couchées.
Ces sculptures, à peine détachées du fond, rappellent; par leur finesse les
bas-reliefs du Louvre et d’Anet. Il s’en dégage une grâce particulière qui
ne saurait appartenir qu’à l’école parisienne. Assurément l’auteur de ce
meuble avait eu sous les yeux et longtemps étudié les œuvres de Jean
Goujon et de Germain Pilon, avant de s’assimiler leur style. Une réplique
des bas-reliefs des quatre saisons se trouve sur un cabinet d’une orne-
mentation moins riche, qui a été exposé par M. Mollet.
Les meubles d’origine étrangère sont peu nombreux, et nous n’en
trouvons que deux méritant d’être mentionnés. Le premier est un petit
cabinet supporté par six colonnes torses et dont les nombreux tiroirs sont
décorés de rinceaux, finement fouillés dans le style de la Renais-
sance. Ce meuble est attribué par son propriétaire, M. Audéoud, à l’école