ANTOINE COYZEVOX.
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générale lui fait honneur. Elle devait être le point de départ d’une recti-
fication réclamée par l’évidence. Depuis 1835, époque du travail de Pas-
seron, biographes et critiques se sont divisés en deux groupes. Selon
qu’ils avaient à cœur d’approfondir la vie et l’œuvre du statuaire ou de
parler brièvement du prodigieux talent de Covzevox, on les a vus se ran
ger à l’opinion de Passeron ou de Jurie sur la Vierge de Saint-Nizier.
M. Charvet, architecte lyonnais, non moins connu par ses écrits que
par ses travaux d’architecture, devait non seulement confirmer le juge-
ment de Passeron en l’appuyant de son propre sentiment, mais encore
donner une base sérieuse à une croyance qui 11e peut plus être contestée.
En effet, cet historien estimant que la Vierge est une œuvre faite par
l’artiste au temps de sa maturité, a interrogé sur ce point les hommes du
dernier siècle. Et voici ce que lui a révélé l’abbé d’Expflv, géographe
distingué, dont les ouvrages, on le sait, sont d’une exactitude remar-
quable. « La statue de la Sainte Vierge, dit d’Expillv, placée à l’angle
des rues Sirène et Bât-d’Argent, est du fameux Antoine Goisevox de Lion.
Il vint exprès pour placer, dans ce quartier qui l’avait vu naître, ce mo-
nument dont il faisait beaucoup de cas, et au-dessous duquel il grava
ces quatre lettres : A. G. L. F. Antonius Goisevox Lugdunæus fecit. »
Ainsi d’après d’Expilly, heureusement consulté par M. Charvet, Cov-
zevox serait venu exprès à Lyon placer une œuvre de choix dont il faisait
hommage à sa ville. Observons qu’à l’époque où écrivait d’Expilly, cette
statue occupait encore la niche pratiquée dans le mur extérieur de la mai-
son située à l’angle des rues Bât-d’Argent et Sirène. Ce 11’est qu’en 1771
que Pernon, devenu propriétaire de cette maison, vendit, pour la somme
de 1,600 livres, le marbre de Covzevox au chapitre de Saint-Nizier. Il y a
lieu de penser qu’à défaut d’actes écrits sur l’origine de l’œuvre, la tra-
dition verbale n’était pas alors altérée. On conservait avec soin, à l’hos-
pice de la Charité, l’esquisse de la statue. C’est une terre cuite finement
modelée que l’on peut voir encore aujourd’hui aux archives de l’hospice.
L’ouvrage était donc bien connu, et les sources d’informations étaient di-
verses lorsque travaillait d’Expilly.
Il est vrai, le géographe ne donne pas la date du voyage de Coyzevox.
C’est une lacune. Mais ce que nous savons de la vie du statuaire, le peu
de liberté qui lui fut laissé par Lerambert et ses autres maîtres depuis
son arrivée à Paris jusqu’à son départ pour Saverne, c’est-à-dire jus-
qu’en 1667, son séjour de quatre années chez le cardinal de Fursten-
berg, nous permettent de croire (pie la Vierge fut vraisemblablement
sculptée après 1671. De plus, c’est en 1676 que l’artiste se montra préoc-
cupé de retourner à Lyon comme professeur. L’année suivante, il épou-
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générale lui fait honneur. Elle devait être le point de départ d’une recti-
fication réclamée par l’évidence. Depuis 1835, époque du travail de Pas-
seron, biographes et critiques se sont divisés en deux groupes. Selon
qu’ils avaient à cœur d’approfondir la vie et l’œuvre du statuaire ou de
parler brièvement du prodigieux talent de Covzevox, on les a vus se ran
ger à l’opinion de Passeron ou de Jurie sur la Vierge de Saint-Nizier.
M. Charvet, architecte lyonnais, non moins connu par ses écrits que
par ses travaux d’architecture, devait non seulement confirmer le juge-
ment de Passeron en l’appuyant de son propre sentiment, mais encore
donner une base sérieuse à une croyance qui 11e peut plus être contestée.
En effet, cet historien estimant que la Vierge est une œuvre faite par
l’artiste au temps de sa maturité, a interrogé sur ce point les hommes du
dernier siècle. Et voici ce que lui a révélé l’abbé d’Expflv, géographe
distingué, dont les ouvrages, on le sait, sont d’une exactitude remar-
quable. « La statue de la Sainte Vierge, dit d’Expillv, placée à l’angle
des rues Sirène et Bât-d’Argent, est du fameux Antoine Goisevox de Lion.
Il vint exprès pour placer, dans ce quartier qui l’avait vu naître, ce mo-
nument dont il faisait beaucoup de cas, et au-dessous duquel il grava
ces quatre lettres : A. G. L. F. Antonius Goisevox Lugdunæus fecit. »
Ainsi d’après d’Expilly, heureusement consulté par M. Charvet, Cov-
zevox serait venu exprès à Lyon placer une œuvre de choix dont il faisait
hommage à sa ville. Observons qu’à l’époque où écrivait d’Expilly, cette
statue occupait encore la niche pratiquée dans le mur extérieur de la mai-
son située à l’angle des rues Bât-d’Argent et Sirène. Ce 11’est qu’en 1771
que Pernon, devenu propriétaire de cette maison, vendit, pour la somme
de 1,600 livres, le marbre de Covzevox au chapitre de Saint-Nizier. Il y a
lieu de penser qu’à défaut d’actes écrits sur l’origine de l’œuvre, la tra-
dition verbale n’était pas alors altérée. On conservait avec soin, à l’hos-
pice de la Charité, l’esquisse de la statue. C’est une terre cuite finement
modelée que l’on peut voir encore aujourd’hui aux archives de l’hospice.
L’ouvrage était donc bien connu, et les sources d’informations étaient di-
verses lorsque travaillait d’Expilly.
Il est vrai, le géographe ne donne pas la date du voyage de Coyzevox.
C’est une lacune. Mais ce que nous savons de la vie du statuaire, le peu
de liberté qui lui fut laissé par Lerambert et ses autres maîtres depuis
son arrivée à Paris jusqu’à son départ pour Saverne, c’est-à-dire jus-
qu’en 1667, son séjour de quatre années chez le cardinal de Fursten-
berg, nous permettent de croire (pie la Vierge fut vraisemblablement
sculptée après 1671. De plus, c’est en 1676 que l’artiste se montra préoc-
cupé de retourner à Lyon comme professeur. L’année suivante, il épou-