DOI Heft:
Nr. 2
DOI Artikel:Reinach, Salomon: Courrier de l'art antique, [18]
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
Prégny. Boéthos comptera donc désormais parmi le très petit nombre de sculp-
teurs mentionnés par les textes qui sont pour nous mieux que des noms et
dont nous possédons une œuvre originale. Celle-ci, dont la conservation est
excellente, occupera au musée du Bardo une place d’honneur.
Ce musée, créé il y a vingt ans à peine, est déjà le plus riche de l’Afrique
du nord, non seulement en mosaïques — à cet égard, il est le plus riche du
monde, — mais en grande statues romaines, répliques ou imitations libres de
beaux modèles grecs. Toute une collection de grandes statues a encore été
découverte en 1906 à Bulla Regia, dans la Régence :
un Apollon, un Esculape, une Cérès, une Minerve1;
ce sont des marbres sculptés d’un ciseau rapide,
pour être vus de loin, et qu’on s’expose à juger
avec une sévérité injuste quand on les étudie dans
une salle de musée. Le reproche principal qu’on
entend adresser à ces œuvres, c’est que le travail
en est dur et sec, que les refends et les plis sont
trop accusés; mais, alors même qu’on fait abstrac-
tion de la polychromie (car je ne suis pas sûr que
ces statues romaines d’Afrique fussent peintes), les
défauts dont il s’agit sont de ceux qui s’atté-
nuent, ou qui se transforment même en qualités
lorsque les sculptures sont vues à distance, dans
une atmosphère baignée de soleil.
En France, les fouilles au sommet du Puy de
Dôme, qui paraissent arrêtées pour le moment1 2,
ont fait reparaître une admirable statuette en
bronze de Mercure; celles d’Alésia, qui continuent3,
ont donné, outre des objets d’intérêt archéologique,
comme une flûte de Pan ou syrinx admirable-
ment conservée, une superbe figurine en bronze
de Gaulois mort, sans doute pièce d’applique d’un
vase de prix. 11 en existe des copies, exécutées en
galvanoplastie, qui sont déjà répandues et méritent
de l’être 4; l’excellence du travail répond à Fin-
DÉCOUVERTE EN ÉGYPTE 4, Ai ,
teret du motif.
(Collection Stuart-Wells. Londres.)
Les antiques conservés dans les musées provin-
ciaux de France commencent enfin à être étudiés méthodiquement. Le com-
mandant Espérandieu a déjà publié deux volumes d’un précieux recueil où
les bas-reliefs et les statues de provenance gauloise sont reproduits et com-
mentés avec grand soin. Le hasard ayant conduit M. Collignon au musée
d’Auxerre, il y a « découvert » le mot n’est pas excessif) une statuette
1. Comptes rendus de l’Académie des Inscriptions, 1906, p. 547. il existe un bon cata-
logue illustré du musée du Bardo, avec deux suppléments (le second paru en 1908).
2. Comptes rendus de VAcadémie des Inscriptions, 1906, p. 393.
3. Voir le recueil illustré intitulé Pro Alesia, dont la troisième année est en cours de
publication (Paris, librairie Armand Colin).
4. On peut en commander au musée de Saint-Germain-en-Laye.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
Prégny. Boéthos comptera donc désormais parmi le très petit nombre de sculp-
teurs mentionnés par les textes qui sont pour nous mieux que des noms et
dont nous possédons une œuvre originale. Celle-ci, dont la conservation est
excellente, occupera au musée du Bardo une place d’honneur.
Ce musée, créé il y a vingt ans à peine, est déjà le plus riche de l’Afrique
du nord, non seulement en mosaïques — à cet égard, il est le plus riche du
monde, — mais en grande statues romaines, répliques ou imitations libres de
beaux modèles grecs. Toute une collection de grandes statues a encore été
découverte en 1906 à Bulla Regia, dans la Régence :
un Apollon, un Esculape, une Cérès, une Minerve1;
ce sont des marbres sculptés d’un ciseau rapide,
pour être vus de loin, et qu’on s’expose à juger
avec une sévérité injuste quand on les étudie dans
une salle de musée. Le reproche principal qu’on
entend adresser à ces œuvres, c’est que le travail
en est dur et sec, que les refends et les plis sont
trop accusés; mais, alors même qu’on fait abstrac-
tion de la polychromie (car je ne suis pas sûr que
ces statues romaines d’Afrique fussent peintes), les
défauts dont il s’agit sont de ceux qui s’atté-
nuent, ou qui se transforment même en qualités
lorsque les sculptures sont vues à distance, dans
une atmosphère baignée de soleil.
En France, les fouilles au sommet du Puy de
Dôme, qui paraissent arrêtées pour le moment1 2,
ont fait reparaître une admirable statuette en
bronze de Mercure; celles d’Alésia, qui continuent3,
ont donné, outre des objets d’intérêt archéologique,
comme une flûte de Pan ou syrinx admirable-
ment conservée, une superbe figurine en bronze
de Gaulois mort, sans doute pièce d’applique d’un
vase de prix. 11 en existe des copies, exécutées en
galvanoplastie, qui sont déjà répandues et méritent
de l’être 4; l’excellence du travail répond à Fin-
DÉCOUVERTE EN ÉGYPTE 4, Ai ,
teret du motif.
(Collection Stuart-Wells. Londres.)
Les antiques conservés dans les musées provin-
ciaux de France commencent enfin à être étudiés méthodiquement. Le com-
mandant Espérandieu a déjà publié deux volumes d’un précieux recueil où
les bas-reliefs et les statues de provenance gauloise sont reproduits et com-
mentés avec grand soin. Le hasard ayant conduit M. Collignon au musée
d’Auxerre, il y a « découvert » le mot n’est pas excessif) une statuette
1. Comptes rendus de l’Académie des Inscriptions, 1906, p. 547. il existe un bon cata-
logue illustré du musée du Bardo, avec deux suppléments (le second paru en 1908).
2. Comptes rendus de VAcadémie des Inscriptions, 1906, p. 393.
3. Voir le recueil illustré intitulé Pro Alesia, dont la troisième année est en cours de
publication (Paris, librairie Armand Colin).
4. On peut en commander au musée de Saint-Germain-en-Laye.