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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 4.1910

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Reinach, Théodore: L' inscription du "retable de l'Agneau" des frères van Eyck
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https://doi.org/10.11588/diglit.24874#0016

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L’INSCRIPTION DU « RETABLE DE L’AGNEAU « • 0

donne ici frater perfectus, ce qui n’a point de sens, mais suggère la
leçon frater perfecit, adoptée par la plupart des éditeurs et confirmée
par les traces assez lisibles des dernières lettres ...cit. Les leçons
suscepit letus (pour lætus), proposée par Waagen, ou perfecit letus
(Weale) sont également inadmissibles : si elles donnent une rime
léonine, elles ne s’accordent ni avec le sens (on ne voit pas bien
pourquoi Jean aurait « gaiement » entrepris la lourde tâche de ter-
miner l'œuvre commencée par son frère), ni avec les traces visibles
des caractères1. D’ailleurs, comme je l’ai dit, la règle de léoninité
est très imparfaitement observée par notre versificateur. M. Durand-
Gréville a vérifie sur place que la restitution perfecit est à peu près
certaine; mais sa conjecture opas perfecit, pour perfecit opus, ne
convient ni à la construction ni au mètre.

On notera la graphie Vijd et non Vyd, comme tout le monde
transcrit à la suite de Waagen (vanlluerne, suivi par M. deFourcaud,
écrit même Vydt). Ij est la manière hollandaise de représenter le
son que le flamand transcrit y. Notre inscription, on le voit, emploie
indifféremment les deux notations (eeyck, vijd).

Vers 4. — Rien n’est plus certain que la lecture versa, arbi-
trairement corrigée par quelques critiques en versus, qui rend le
vers, déjà obscur, complètement inintelligible.

Traduisons :

« Le peintre Hubert Eyck, — jamais plus grand ne s’est ren-
contré, — a commencé, et son frère Jean, le second dans son art,
a terminé ce lourd travail2, à la prière de Josse Vyd. Par le vers (que
voici) le 6 mai vous convie 3 à contempler l’œuvre achevée (?).

Les lettres numérales du dernier vers, mises bout à bout,
donnent, on le sait, la date 1432. C’est donc le 6 mai 1432 que
furent inaugurés la chapelle consacrée par le riche Josse Vyd et
le chef-d'œuvre qu’il avait, sinon commandé4, du moins, par sa mu-
nificence, permis d’achever et offert à ses concitoyens.

Pourquoi choisit-on le 6 mai pour cette inauguration qui dut avoir
un grand éclat? Personne ne s’est encore posé cette question. Voici
sous toutes réserves un essai d’explication qui m’est venu à l’esprit.

1. En particulier le p devant it est impossible.

2. Pondus pour opus a été amené par la rime. Assurément pcrficere pondus est
une manière de parler barbare.

3. Pour colloco avec l’infinitif dans le sens de « convier », voir Vulgate, 1 Macc.
10, 62 : « collocavit eum rex sedcre secum ».

4. L’inscription estmuette là-dessus, et Weale, après Six, a pu supposer que la
commande originaire émanait de Guillaume de Bavière-Hollande.

i v. — 4e r k it i o n e. 2
 
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