Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (4. Pér. 4.1910)

L’ « ADORATION DES MAGES »
DE HUGO VAN DER GOES
A MONFORTE

onforte est une bourgade de la pro-
vince de Lugo, située dans la région
montagneuse de la Galice, au sud-est
de la Corogne, à laquelle un chemin
de fer la relie. Je ne sais si elle
avait été visitée parles savants qui,
depuis quelques années surtout,
explorent les recoins de l'Espagne;
je n’en trouve aucune mention dans
le üanclbook de Ford, ni dans les
ouvrages plus récents que j’ai sous la main. C’est sans doute que je
n’ai pas le temps de bien chercher, car il existe à Paris au moins
une épreuve d’une grande et mauvaise photographie, faite il y a
vingt ans ou davantage, d’après le tableau qui est l’objet de cette
notice. Mais dans les nombreux écrits relatifs à l’école flamande pri-
mitive ce chef-d’œuvre est complètement ignoré.

Au commencement de juillet 1909, un habitant deMonforte, qui
avait lu l'édition espagnole d’Apollo, histoire générale des arts,
m’envoya, en m’autorisant à la publier, la photographie d’une Adora-
tion des Mages peinte sur bois, conservée, disait-il, dans une chapelle
obscure d’une église de sa petite ville. Il y reconnaissait avec raison
une œuvre flamande du xve siècle, le centre d'un grand triptyque
dont les volets manquaient; il m’en indiquait les dimensions excep-
tionnelles (3x2 mètres) et me demandait mon sentiment sur le nom
de l’auteur. Pas un mot touchant la valeur présumée de l’œuvre,
ni sur la possibilité d’une vente au dehors.

L’analogie des types avec ceux du triptyque de Portinari à
Florence ne pouvait guère laisser de doute sur l’attribution à Hugo