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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 4.1910

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Nr. 2
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Bouché Locquin, Jeanne: Servandoni (1695 - 1766)
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https://doi.org/10.11588/diglit.24874#0143

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

s’attache seulement aux plus importantes. Les quinze pièces ont
ensemble soixante-sept actes; si l’on retranche les décors utilisés
dans plusieurs opéras, on arrive au chiffre que donnent les bio-
graphes.

Pour nous rendre compte, a l’heure actuelle, de ce qu’a été
l’œuvre de Servandoni, il n’y a plus que Les descriptions très
détaillées du Mercure et quelques dessins.

Celte œuvre opéra une véritable révolution dans l’art du décor
théâtral, dont la plantation fut complètement transformée par
l’application de principes nouveaux; les objets représentés sur les
châssis apparurent dans leurs proportions véritables; enfin, par
d’ingénieuses trouvailles, Servandoni réussit à donner plus d’éclat,
plus de richesse et plus de luxe à la mise en scène. Depuis Mirame ',
qui marque une amélioration capitale dans l’art du théâtre, en
général la décoration n’avait pas fait de véritables progrès : Ser-
vandoni la trouvait telle qu’elle était vers 1640, alors que pour la
première fois étaient apparues les toiles peintes et tendues sur
châssis fixes, semblables à ceux que nous voyons encore aujourd’hui,
mais disposés symétriquement sur la scène. Cette plantation régu-
lière donnait aux décors du xvn° siècle et du début du xviii0 une
extrême monotonie2.

Aussi, lorsque, par des artifices ingénieux et grâce à sa connais-
sance approfondie de la perspective, il varia à l’infini les sites, et,
disposant avec habileté ses premiers plans, fit disparaître la mono-
tonie, la froideur, la convention dont le public commençait à se
lasser, on conçoit aisément le succès immédiat qu’il obtint.

Rompant totalement avec le principe de la perspective symé-
trique, il disposa les châssis sur la scène, non plus selon des lignes
parallèles, mais brisées, ce qui permit de fixer les décors dans les
plans qui leur convenaient. Les objets reprirent leurs véritables
dimensions et ne furent pas forcément, comme autrefois, peints en
entier sur les châssis3. Servandoni se préoccupa également du rapport
de la taille des personnages avec celle des pièces de sa décoration;
il créa des obstacles aux acteurs afin que ceux-ci ne pussent s’ap-

de Ka Pénélope moderne, ou Pénélope française (cf. Parfaict, Dict. des théâtres, et
le Mercure de France, septembre 1728).

1. Pièce du cardinal de Richelieu, pour laquelle il avait fait construire la
salle de spectacle du Palais-Royal.

2. Voir le décor de Bérain pour l’opéra de Roland reproduit ici. Les exemples
pourraient être multipliés.

3. Cf. Moynet, L’Envers du Théâtre, Paris, 1874, p. 24 et suiv.
 
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