Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (4. Pér. 7.1912)

WILLIAM BLAKE

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à un ministre de Dieu; Bœhme affectait Ja tournure occulte et
Swedenborg, la précision scientifique. Pour eux, la poésie eût
semblé chose profane; Blake y a vu, comme les grands initiés, le
signe essentiel de l'illumination.

D’autre part, la conformité de la vignette et du caractère, que
les artisans du livre recherchent non sans peine, est obtenue par
lui d’emblée. Gréant de toutes pièces ses ouvrages, il réalise un
ensemble homogène, bien que
d’une valeur assez inégale.

Les impulsions fugitives aux-
quelles il obéit ne sont point
les agents d’une harmonie
soutenue. Le bibliophile en-
clin à souhaiter, avant tout,
la belle ordonnance, pour la
joie paisible que pareille vue
procure, jugera déplaisant
le style fruste de certaines
pages. Couleurs criardes,
mouvements convulsifs et
faux, masques obsédants,
disproportions m a n i f e s t e s,

importunent comme des
maladresses. Gardons-nous
d’une critique facile. La
sensibilité extrêmement dé-
veloppée de Blake le portait
à ces exagérations. S’il s’en-
suit quelques fautes de goût,
le meilleur de son art en découle. Et, pour l’apprécier, il n’est point
indispensable, heureusement, d’être « née de Dieu » comme Jane
Leade. Cet art n’est, après tout, ni religieux, ni édifiant. Sans
doute, Blake en serait-il fâché. Mais le bizarre n’est pas le langage
de l’éternité, et, de nos jours, les visions apocalyptiques excitent
d’incroyables méfiances. Ceci constaté, on enfourche volontiers sa
Chimère pour gagner les cimes du fantastique. Il fait bon parfois
de les escalader, ne serait-ce que pour trouver ensuite au réel une
saveur plus douce.

Blake n’a pas eu de disciples. Cependant quelques-uns de ses
admirateurs tiennent de lui des traits distincts. E. Calvert s’est

VIT.

4' PÉRIODE.

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