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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 7.1912

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Nr. 3
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Malaguzzi Valeri, Francesco: Un intéressant portrait de Charles-Quint
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https://doi.org/10.11588/diglit.24884#0256

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UN INTÉRESSANT PORTRAIT DE GHARLES-QUINT 239

collerette et retombe le collier de la Toison d’or. Dans la suite, on donna encore
souvent des représentations de Charles-Quint; mais ce n’est pas notre tâche de
dresser une liste de ces portraits, d’autant plus que — excepté les rares effigies
prises sur le vif par Titien — les autres sont plus ou moins des reproductions
qui ne sont pas toujours ressemblantes.

Ces reproductions se prolongèrent même très avant, jusqu’au temps de Phi-
lippe II. Une des plus connues est celle que fit van Dyck et que l’on conserve à
la galerie des Offices : elle représente Charles-Quint à cheval, encore jeune, la
barbe noire, vêtu d’une armure traversée par une grande écharpe rouge. La
physionomie semble dériver directement du portrait appartenant au musée de
Naples. Francesco Mazzola le peignit aussi avec une figure allégorique de la
Renommée et un Hercule enfant. Cependant, disons-le sincèrement, aucune de
ces effigies que nous avons décrites, même les plus magnifiques dues au pin-
ceau de Titien, ne semble nous donner l’impression vraie d’un portrait complète-
ment pris sur le vif et objectivement reproduit, la sensation d’un précieux docu-
ment iconographique transmettant la physionomie réelle du monarque. Ce sont
plutôt des créations artistiques, brillantes et magnifiques, des manifestations
de la puissance de l’empereur. Le portrait de Charles-Quint, en pied, du musée
du Prado montre la préoccupation, chez l’artiste, de rendre plutôt l’élégance, la
richesse du prince que la puissance du guerrier; cette image n’est certainement
pas la vraie, faite d’après nature, de l’homme notoirement si laid, que lui-
même, en ses discours, ne le cachait pas1. Titien — pour employer l’expression
de Crowe et Cavalcaselle — le peignit là « de la manière la plus habile ».
Charles-Quint en fut tellement satisfait, qu’il combla le peintre de dons et de
privilèges, et que, à partir de cette époque (1533), il ne consentit plus à poser
devant aucun autre peintre : la chose est mentionnée dans les lettres patentes
que, de Barcelone, il envoya à Titien, et elle est répétée dans Vasari. C’est la
preuve évidente qu’auparavant l’empereur avait posé devant quelque peintre
sûrement moins sympathique que Titien, mais plus fidèle. Titien, certes, ne le
cédait à personne dans l’art de flatter ses clients, artistiquement parlant; sa
tendance naturelle à la distinction l’y portait, non un bas calcul. Tous ses por-
traits semblent être des effigies de héros, ou tout au moins de grands seigneurs.
Dans celui du duc d’Alhe, à Cassel, si éminemment décoratif, il donna au guer-
rier une attitude plus qu’audacieuse, mythologique, et plaça à côté de lui un
petit Amour ailé. Encore plus décoratif — qu’on nous permette l’expression —
est le superbe portrait de Titien à la galerie de Madrid, où la figure de Charles-
Quint à cheval, dans sa riche armure de parade, a quelque chose de surhumain.
On conçoit que l’empereur, flatté par l’habileté du peintre à donner une aussi
impressionnante idée de sa puissance, en ait été enthousiasmé au point de le
combler de dons, de le nommer comte palatin, en élevant ses fils au grade et
aux honneurs des nobles de l’Empire, de lui donner le titre de chevalier de
l’Éperon d’or et le privilège de figurer à la cour.

Après tout ce que nous venons de dire, on comprendra que la découverte
d’un portrait qui, tout en n’atteignant pas au charme et à la valeur artistiques
des œuvres précédemment décrites, représente Charles-Quint empereur avec un

1. Y. Lettres à Pietro Aretino, vol. HT, p. 37,
 
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