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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 10.1913

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Nr. 2
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Mandach, Conrad von: De la peinture savoyarde au XVe siècle et plus spécialement des fresques d'Abondance
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https://doi.org/10.11588/diglit.24887#0129

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

le xivc siècle, comme le prouve le livre d’Heures de Blanche Visconti1.

Si les visages manquent de beauté, ils sont naturels et pleins de
vie2. L’ange et la Vierge semblent tous les deux remuer les lèvres.
Tous deux croisent les bras sur la poitrine, ce qui correspond à une
tradition italienne plutôt que flamande3 4. Dans les peintures du Nord,
l’ange accompagne volontiers son message d’un geste impétueux.
D’ailleurs l’attitude adoptée à Abondance se conserve dans la tradi-
dion piémontaise jusqu’au xvic siècle. A Ivrée, Giàn Martino Span-
zotti (1481-1528) fait encore croiser les bras à Gabriel, bien que sa
Vierge, suivant un schéma différent, place une main sur son cœur
et, de l’autre, feuillette un livre b

La Visitation. — Ici encore, nous remarquons un sentiment
d’équilibre et de clarté dans le groupement des ligures. Au milieu, la
Vierge et sainte Elisabeth se saluent ; à gauche saint Joseph s’avance ;
à droite Zacharie, nimbé, contemple la scène depuis la maison.

L’architecture offre un singulier mélange d’éléments gothiques
et de formes inspirées par la Renaissance italienne. Une porte ogi-
vale voisine avec une ouverture cintrée. Les fenêtres sont décorées
tantôt de meneaux gothiques, tantôt de colonnettes italiennes. Quant
aux créneaux, ils ont une forme méridionale que nous retrouvons, par
exemple, dans le livre d’Heures de Blanche Visconti à la Bibliothèque
de Munich5. L’entablement supérieur avec ses ouvertures cintrées,
avec ses motifs de décoration arrondis comme de grosses tètes do
clous, identiques à ceux de la Cène de Ghirlandajo à Ognissanti de
Florence, est italien. Les pinacles qui le surmontent se retrouvent
dans les fresques de 1 Italie du Nord, à Fénis par exemple.

Les arbres apparaissant dans le fond sont très semblables à
ceux de la mosaïque de Giambono, représentant le même sujet, à
Saint-Marc de Venise.

1. Bibliothèque de Munich, ms. lat. 23 215. Cf. Toèsca, op. cit., p. 280 (grav.).

2. Le fauteuil (presque effacé) de la Vierge offre des ressemblances avec le
siège de saint Jérôme dans le tableau d’Antonello de Messine à la National Gal-
lery, que M. Lionello Venturi date d’une période légèrement postérieure à 1475
(cf. La pittura veneziana, Venise, 1907, p. 231).

3. C’est ainsi que Fia Angelico procède dans une de ses Annonciations du
couvent de Saint-Marc et dans une peinture conservée à Madrid. De même Piero
délia Francesca adopte cette attitude dans son tableau de Pérouse. Une Annon-
ciation de la Pinacothèque de Sienne (n° 309) se range dans la même catégorie.
Consulter l’indispensable Répertoire des peintures du Moyen âge et de la Renaissance
de M. Salomon Reinach (au mot Annonciation, t. I à III),

4. Cf. L. Ciacco, Gian Martino Spanzotti, dans L'Arte, 1905, p. 441 et suiv,

5. P. Toësca, op. cit., p. 281.
 
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