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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
lions, Joseph et Zacharie conversent ensemble, alors que les trois
premières présentent chacun des saints suivant son épouse. Cette
nouvelle coïncidence entre les compositions de l’Italie du Nord
et celle d’Abondance est à retenir, et les rapprochements que nous
venons d’établir à plus d’une reprise entre une des peintures du
couvent chablaisien et la mosaïque de Giambono à Venise ont
d autant plus de poids, que Giambono appartenait peut-être à
la famille de Gregorio Bonn dont nous avons souligné le rôle en
Savoie.
Si nous parcourons les fresques italiennes de l’époque, nous
serons frappés des analogies qu’offre notre peinture avec une œuvre
conservée à Naples. Il s’agit de la chapelle Gianni Caracciolo à San
Giovanni a Garbonara, exécutée postérieurement à 14332. Dans la
Nativité de Naples, les édifices, tout en étant d’un style plus classique
et moins fruste, offrent certaines ressemblances avec la fresque
savoyarde. Nous y distinguons, comme à Abondance, un corps de
bâtiment faisant saillie à l’une des extrémités de la composition.
Au-dessus de la porte cintrée de ce logement, une fenêtre tendue
d’une draperie permet à une femme d’être témoin de la scène qui
a lieu dans la cour; un motif ressemblant à celui-ci se trouve à
Abondance. A Naples, un personnage, à l’extrémité de gauche, est
coiffé d’un grand chapeau à ailes relevées ; nous apercevons ce couvre-
chef dans les Noces de Cana d’Abondance et dans la Vierge de Miséri-
corde à Saint-Gervais de Genève.
Les fresques de Naples ont précisément pour auteurs un peintre
lombard, Leonardo da Besozzo, fils du célèbre Michelino, et un artiste
qui signe « Perinect de Benivento ». Périnet ou Péronet est un nom
éminemment genevois et savoyard. 11 a été porté notamment par
l’associé de Jean Bapteur.
Le collaborateur de Leonardo da Besozzo pouvait venir du nord
des Alpes, tout en se disant de Bénévent. Il suffisait qu il eût séjourné
dans cette ville en s’y faisant apprécier par quelques belles pein-
tures, pour que, suivant la coutume du temps, il se lût cru autorisé
à se réclamer d’elle. A Bâle, Conrad XV itz s appelait « de Rottweil »
quoiqu’il fût originaire de Constance. En certaines occasions, Nicolas
Froment se disait d’Avignon bien qu’il fût d l zès; Jean Bapteur s in-
saluent. Joseph et Marie figurent aussi dans la Visitation du line dHeuies
d’Albert de Bavière, enluminé par Giulio Clovio (Kobell, Kanstvolle Miniaturen,
p. 106).
2. Cf. P. Toësca, op. cit., p. 474 et suiv.
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lions, Joseph et Zacharie conversent ensemble, alors que les trois
premières présentent chacun des saints suivant son épouse. Cette
nouvelle coïncidence entre les compositions de l’Italie du Nord
et celle d’Abondance est à retenir, et les rapprochements que nous
venons d’établir à plus d’une reprise entre une des peintures du
couvent chablaisien et la mosaïque de Giambono à Venise ont
d autant plus de poids, que Giambono appartenait peut-être à
la famille de Gregorio Bonn dont nous avons souligné le rôle en
Savoie.
Si nous parcourons les fresques italiennes de l’époque, nous
serons frappés des analogies qu’offre notre peinture avec une œuvre
conservée à Naples. Il s’agit de la chapelle Gianni Caracciolo à San
Giovanni a Garbonara, exécutée postérieurement à 14332. Dans la
Nativité de Naples, les édifices, tout en étant d’un style plus classique
et moins fruste, offrent certaines ressemblances avec la fresque
savoyarde. Nous y distinguons, comme à Abondance, un corps de
bâtiment faisant saillie à l’une des extrémités de la composition.
Au-dessus de la porte cintrée de ce logement, une fenêtre tendue
d’une draperie permet à une femme d’être témoin de la scène qui
a lieu dans la cour; un motif ressemblant à celui-ci se trouve à
Abondance. A Naples, un personnage, à l’extrémité de gauche, est
coiffé d’un grand chapeau à ailes relevées ; nous apercevons ce couvre-
chef dans les Noces de Cana d’Abondance et dans la Vierge de Miséri-
corde à Saint-Gervais de Genève.
Les fresques de Naples ont précisément pour auteurs un peintre
lombard, Leonardo da Besozzo, fils du célèbre Michelino, et un artiste
qui signe « Perinect de Benivento ». Périnet ou Péronet est un nom
éminemment genevois et savoyard. 11 a été porté notamment par
l’associé de Jean Bapteur.
Le collaborateur de Leonardo da Besozzo pouvait venir du nord
des Alpes, tout en se disant de Bénévent. Il suffisait qu il eût séjourné
dans cette ville en s’y faisant apprécier par quelques belles pein-
tures, pour que, suivant la coutume du temps, il se lût cru autorisé
à se réclamer d’elle. A Bâle, Conrad XV itz s appelait « de Rottweil »
quoiqu’il fût originaire de Constance. En certaines occasions, Nicolas
Froment se disait d’Avignon bien qu’il fût d l zès; Jean Bapteur s in-
saluent. Joseph et Marie figurent aussi dans la Visitation du line dHeuies
d’Albert de Bavière, enluminé par Giulio Clovio (Kobell, Kanstvolle Miniaturen,
p. 106).
2. Cf. P. Toësca, op. cit., p. 474 et suiv.