5a
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
défense de se servir d’or faux. Suivant sa qualité, chaque article a des
largeurs particulières, en général 11/2h de l’aune pour les belles séries. Le
nombre des portées, la nature du fil, les lisières, tout est réglé pour chaque
pièce, qui finalement reçoit l’estampille du Bureau des Gardes, l’approbation
des juges, avant d’être livrée à la consommation. 11 est incontestable que
toutes ces sévérités eurent pour résultat de donner au bon canut lyonnais
son goût du beau, son orgueil du bien faire qui ont rendu son travail prépon-
dérant.
A partir de Louis XIV, la Grande Fabrique a son aristocratie, représentée
par le maître marchand. C’est lui qui a la haute main, qui fournit au maître
ouvrier la matière première,
qui seul vend à la clientèle.
De leur côté, les maîtres ou-
vriers sont propriétaires de
leurs métiers. Tous les
maîtres ouvriers doivent avoir
une spécialité et s’y tenir ;
tous doivent être lyonnais
d’origine et même catholiques,
après la révocation de l'Edit
de Nantes. Aucun nepeutavoir
plus de quatre machines, et
ainsi est obtenue une égalité
parfaite, chacun ayant les
mêmes obligations, ayant ac-
quis les mêmes avantages après
examens et paiements de
mêmes droits lors du passage
de l’apprentissage au compa-
gnonnage, du compagnonnage à la maîtrise. Toutes ces questions de l’orga-
nisation du travail de la Grande Fabrique ont été longuement traitées. Nous
pouvons tout particulièrement renvoyer le lecteur au bon livre de M. Justin
Godart : L’ouvrier en soie.
Les évolutions artistiques du décor des soieries de Louis XIV à la Révolu-
tion peuvent s’indiquer en quelques mots. Le Louis XIV use d'une flore plus
grande que nature, énorme; sous Louis XV, la même flore est à peu près
nature, plutôt légèrement en dessous; sous Louis XVI elle devient fleurette,
plus petite que nature.
Ce fond floral, aux proportions plus grandes, de l'époque de Louis XIV ne
fait-il pas image? C'est bien là vraiment ce qui pouvait convenir à un
BROCART BROCHE, ÉPOQUE LOUIS XV
(Musée historique des tissus, Lyon.)
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
défense de se servir d’or faux. Suivant sa qualité, chaque article a des
largeurs particulières, en général 11/2h de l’aune pour les belles séries. Le
nombre des portées, la nature du fil, les lisières, tout est réglé pour chaque
pièce, qui finalement reçoit l’estampille du Bureau des Gardes, l’approbation
des juges, avant d’être livrée à la consommation. 11 est incontestable que
toutes ces sévérités eurent pour résultat de donner au bon canut lyonnais
son goût du beau, son orgueil du bien faire qui ont rendu son travail prépon-
dérant.
A partir de Louis XIV, la Grande Fabrique a son aristocratie, représentée
par le maître marchand. C’est lui qui a la haute main, qui fournit au maître
ouvrier la matière première,
qui seul vend à la clientèle.
De leur côté, les maîtres ou-
vriers sont propriétaires de
leurs métiers. Tous les
maîtres ouvriers doivent avoir
une spécialité et s’y tenir ;
tous doivent être lyonnais
d’origine et même catholiques,
après la révocation de l'Edit
de Nantes. Aucun nepeutavoir
plus de quatre machines, et
ainsi est obtenue une égalité
parfaite, chacun ayant les
mêmes obligations, ayant ac-
quis les mêmes avantages après
examens et paiements de
mêmes droits lors du passage
de l’apprentissage au compa-
gnonnage, du compagnonnage à la maîtrise. Toutes ces questions de l’orga-
nisation du travail de la Grande Fabrique ont été longuement traitées. Nous
pouvons tout particulièrement renvoyer le lecteur au bon livre de M. Justin
Godart : L’ouvrier en soie.
Les évolutions artistiques du décor des soieries de Louis XIV à la Révolu-
tion peuvent s’indiquer en quelques mots. Le Louis XIV use d'une flore plus
grande que nature, énorme; sous Louis XV, la même flore est à peu près
nature, plutôt légèrement en dessous; sous Louis XVI elle devient fleurette,
plus petite que nature.
Ce fond floral, aux proportions plus grandes, de l'époque de Louis XIV ne
fait-il pas image? C'est bien là vraiment ce qui pouvait convenir à un
BROCART BROCHE, ÉPOQUE LOUIS XV
(Musée historique des tissus, Lyon.)