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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
le 2 5 novembre suivant, le ministre des Finances autorisait le département
d’Eure-et-Loir à livrer au Musée des Monuments français le tombeau de
Diane de Poitiers et les vitraux de la chapelle du château. Il n’était plus
question alors de la fontaine de Diane, oubliée sous le grand escalier. Cepen-
dant le citoyen Quévanne, ingénieur en chef délégué par l'administration
départementale, se rendait à Anet, examinait sur place tous les objets d’art
et en faisait le 4 décembre 1797 un rapport dans lequel notre monument se
trouve ainsi décrit :
« Au pied de ce même escalier est une statue de sept pieds de longueur en marbre
blanc représentant Diane couchée et appuyée sur le Bras gauche, le Bras droit est
passé autour du cou d’un cerf couché, en deux morceaux, de même marbre que la
statue.
Plus un Lévrier et un Barbet aussi en marbre blanc, lesquels faisoient partie
du Groupe.
Le tout étoit posé sur un joly piédestal circulaire en même marbre qu’on voit
encore en entier sur le parterre de l’Ouest du Chateau1. »
Dès lors la Diane prit officiellement place parmi les œuvres à conserver,
toutefois la transmission du rapport du ministre des Finances, la réponse
de ce dernier, l’avis du ministre de l’Intérieur, et d’autres formalités admi-
nistratives exigèrent un temps assez long pendant lequel le département
d’Eure-et-Loir se fit remettre par prudence, le 22 janvier 17981 2, à la veille
de la vente du château, qui devait avoir lieu le ior février suivant, tous les
objets énumérés au rapport du citoyen Quévanne. Exception était seulement
faite pour les vitraux de la chapelle du château, que l’on attribuait alors au
crayon de Raphaël et qui restèrent à Anet : à ce propos il convient de remar-
quer —- et j’insiste sur ce point — que dans toute la correspondance de
l'époque aucune allusion ne se rencontre à un artiste quelconque qui aurait
été l’inspirateur de la Diane. Celle-ci fut donc transportée à Chartres dans
le local occupé par l'administration centrale du département d’Eure-et-Loir
et y resta3 delà fin de janvier 1798 jusqu’au mois de juillet suivant, époque
où elle trouva enfin un refuge assuré au Musée des Monuments français
ainsi que le constate Lenoir dans son Journal à la date du 18 juillet : « J’ai
reçu du château d’Anet [ces derniers mots ne sont pas tout à fait exacts, il
aurait dû dire du dépôt de Chartres] le corps et les jambes séparés l’un de
l’autre d’une statue colossale en marbre blanc par Jean Cousin (sic), plus
1. Archives dép. d’Eure-et-Loir, cote provisoire Q 436.
2. Autorisation du 3 pluviôse an VI (21 janv. 1798), voy. pièce justificative VI.
3. Voy., dans les pièces justificatives citées à la fin de cet article, la lettre du ministre
de l’Intérieur du 2 prairial an VI adressée à l’Administration centrale du département
d’Eure-et-Loir à Chartres.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
le 2 5 novembre suivant, le ministre des Finances autorisait le département
d’Eure-et-Loir à livrer au Musée des Monuments français le tombeau de
Diane de Poitiers et les vitraux de la chapelle du château. Il n’était plus
question alors de la fontaine de Diane, oubliée sous le grand escalier. Cepen-
dant le citoyen Quévanne, ingénieur en chef délégué par l'administration
départementale, se rendait à Anet, examinait sur place tous les objets d’art
et en faisait le 4 décembre 1797 un rapport dans lequel notre monument se
trouve ainsi décrit :
« Au pied de ce même escalier est une statue de sept pieds de longueur en marbre
blanc représentant Diane couchée et appuyée sur le Bras gauche, le Bras droit est
passé autour du cou d’un cerf couché, en deux morceaux, de même marbre que la
statue.
Plus un Lévrier et un Barbet aussi en marbre blanc, lesquels faisoient partie
du Groupe.
Le tout étoit posé sur un joly piédestal circulaire en même marbre qu’on voit
encore en entier sur le parterre de l’Ouest du Chateau1. »
Dès lors la Diane prit officiellement place parmi les œuvres à conserver,
toutefois la transmission du rapport du ministre des Finances, la réponse
de ce dernier, l’avis du ministre de l’Intérieur, et d’autres formalités admi-
nistratives exigèrent un temps assez long pendant lequel le département
d’Eure-et-Loir se fit remettre par prudence, le 22 janvier 17981 2, à la veille
de la vente du château, qui devait avoir lieu le ior février suivant, tous les
objets énumérés au rapport du citoyen Quévanne. Exception était seulement
faite pour les vitraux de la chapelle du château, que l’on attribuait alors au
crayon de Raphaël et qui restèrent à Anet : à ce propos il convient de remar-
quer —- et j’insiste sur ce point — que dans toute la correspondance de
l'époque aucune allusion ne se rencontre à un artiste quelconque qui aurait
été l’inspirateur de la Diane. Celle-ci fut donc transportée à Chartres dans
le local occupé par l'administration centrale du département d’Eure-et-Loir
et y resta3 delà fin de janvier 1798 jusqu’au mois de juillet suivant, époque
où elle trouva enfin un refuge assuré au Musée des Monuments français
ainsi que le constate Lenoir dans son Journal à la date du 18 juillet : « J’ai
reçu du château d’Anet [ces derniers mots ne sont pas tout à fait exacts, il
aurait dû dire du dépôt de Chartres] le corps et les jambes séparés l’un de
l’autre d’une statue colossale en marbre blanc par Jean Cousin (sic), plus
1. Archives dép. d’Eure-et-Loir, cote provisoire Q 436.
2. Autorisation du 3 pluviôse an VI (21 janv. 1798), voy. pièce justificative VI.
3. Voy., dans les pièces justificatives citées à la fin de cet article, la lettre du ministre
de l’Intérieur du 2 prairial an VI adressée à l’Administration centrale du département
d’Eure-et-Loir à Chartres.