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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 4.1921

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Nr. 5
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Brière-Misme, Clotilde: Un Pieter de Hooch inconnu au musée de Lisbonne
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https://doi.org/10.11588/diglit.24942#0368

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UN PIETER DE HOOCH INCONNU

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troduisent dans les façons, dans les costumes, dans l’agencement des maisons
et des jardins, maniées non sans effort par une race d’instinct patriarcal. Des
portraitistes aux peintres de genre, l’art hollandais ressent, à son désavan-
tage, ces nouvelles aspirations. L’avènement chez Pieter de Idooch d’un troi-
sième ordre de sujets, les Sociétés « distinguées » ou qui paraissent telles,
commence dans son œuvre une troisième période, la dernière, qui sera celle
de la décadence. La Conversation de Lisbonne se place au début de ce stade :
par ses qualités elle tient aux meilleures toiles du maître, tandis que les
esprits chagrins y peuvent découvrir les indices du déclin.

Ce qui séduit d’abord en elle, comme dans toutes les toiles de Pieter de
Hoocli, c’est l’effet de clair-obscur. L’opaque silhouette du musicien assis à
contre-jour au premier plan est chargée de rendre plus sensibles les modu-
lations de la lumière à travers le tableau profond. Du groupe central,
nettement modelé dans la demi-clarté chaude de la pièce, l’œil gagne la
charmante figure du dernier venu, qui semble, par ses contours estompés,
appartenir encore au plein air d’où il arrive, tandis qu’il se détache pourtant,
solide, sur une précieuse échappée rose et blonde de ville ensoleillée. Les
couleurs servent par leurs oppositions et leur accord la diversité de l’ensemble
et son unité. La froideur des dalles noires et blanches rend plus ardents le
rouge du tapis d’Orient, l’or assoupi des murs. La note la plus vive est au
milieu. C’est le corsage rose de la dame, sa jupe d’ivoire qui se relève sur un
jupon assorti au corsage. Autour d’elle se subordonnent en valeurs plus
neutres les habits de ses amis : blanc chez son compagnon, mauve gris pour
la femme, brun roux chez l’homme qui tire la sonnette. Le musicien en noir,
paré de quelques rubans rouges, ferme le tableau à gauche, tandis qu’à droite
le retardataire, aussi joliment vêtu de gris qu’une tourterelle, l’achemine vers
le lointain. La facture témoigne de son excellence par le modelé des visages,
le dessin des mains, la liberté du pinceau qui empâte les rouges et se joue
des reflets, par la belle nature morte aux oranges qui repose sur la table.

La même conception, les mêmes caractères marquent les Joueurs de
cartes du Louvre. Ils se rattachent encore à la Conversation par des détails :
la tenture analogue, la cheminée aux colonnes de marbre rouge qui serait
identique s’il n’y manquait des modillons noirs; les dames arborent dans
leurs robes le même rose à Paris et à Lisbonne. — Le cavalier vu de face
dans la Conversation se retrouve dans le Menuet de Copenhague, et n’est-ce
pas la femme à la coiffe, qui, déjà hébétée par le vin, affaissée sur sa chaise,
un bras pendant, tend son verre dans les Buveurs de M. le baron Edouard
de Rothschild, antérieurs sans doute de trois ou quatre ans P La disposition
et l’agencement de la pièce, le rôle du personnage à contre-jour engagent
encore à rapprocher de la Conversation Y Intérieur de la collection Lelimann
 
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