Cliché Bi’aun
TROIS ÉTUDES DE LA TETE d’uNE DANSEUSE (1886-1890)
PASTEL PAR DEGAS
(Musée du Louvre, collection Camondo.)
DEGAS « PEINTRE CLASSIQUE ET VRAI »
D’APRÈS UN LIVRE RECENT1
Voyez ce que peut sur nous la différence des temps : il y a deux siècles,
j'aurais peint des Suzanne au bain ; et je ne peins que des femmes au
tub », avouait ce maître de l’ironie morose et des mots cruels, qui
cachait son œuvre en ne montrant que son esprit ; mais l’amertume d un
peintre octogénaire et presque aveugle ne provenait-elle point de ce qu un
grand artiste n’a pu réaliser pleinement sa destinée? Dessinateur de race et qui
se reconnaissait « né pour dessiner », la longue incompréhension d’un public
frivole et même de ses admirateurs, complices de la fatalité des temps, l’em-
prisonnait dans les rangs des Impressionnistes avec lesquels, d’ailleurs, de
187/i à 1886, il n’a cessé d’exposer ; traditionaliste, on l a confondu long-
temps avec les révolutionnaires ; et voici qu’une avant-garde anxieuse de ne
jamais manquer le dernier train de la mode l’appelle assez dédaigneusement
déjà « M. Degas » ; on lui préfère ostensiblement Toulouse-Lautrec, de
trente ans plus jeune, qui s’est contenté de le suivre au music-hall avec une
plus instinctive liberté d’allure et de facture ; on lui préfère Manet, le chef
d’école, ou Renoir, le peintre-né, moins réfléchi dans son amour sensuel
pour la lumière qui prend la forme des filles-fleurs ; après tant de reproches
ou d’éloges maladroits, on aperçoit dans les moindres reliefs de son œuvre
1. Degas, par Paul Jamot. Paris, Éditions de la Gazette des Beaux-Arts, 1924, 1 vol.
in-4, 76 pl. hors texte.
TROIS ÉTUDES DE LA TETE d’uNE DANSEUSE (1886-1890)
PASTEL PAR DEGAS
(Musée du Louvre, collection Camondo.)
DEGAS « PEINTRE CLASSIQUE ET VRAI »
D’APRÈS UN LIVRE RECENT1
Voyez ce que peut sur nous la différence des temps : il y a deux siècles,
j'aurais peint des Suzanne au bain ; et je ne peins que des femmes au
tub », avouait ce maître de l’ironie morose et des mots cruels, qui
cachait son œuvre en ne montrant que son esprit ; mais l’amertume d un
peintre octogénaire et presque aveugle ne provenait-elle point de ce qu un
grand artiste n’a pu réaliser pleinement sa destinée? Dessinateur de race et qui
se reconnaissait « né pour dessiner », la longue incompréhension d’un public
frivole et même de ses admirateurs, complices de la fatalité des temps, l’em-
prisonnait dans les rangs des Impressionnistes avec lesquels, d’ailleurs, de
187/i à 1886, il n’a cessé d’exposer ; traditionaliste, on l a confondu long-
temps avec les révolutionnaires ; et voici qu’une avant-garde anxieuse de ne
jamais manquer le dernier train de la mode l’appelle assez dédaigneusement
déjà « M. Degas » ; on lui préfère ostensiblement Toulouse-Lautrec, de
trente ans plus jeune, qui s’est contenté de le suivre au music-hall avec une
plus instinctive liberté d’allure et de facture ; on lui préfère Manet, le chef
d’école, ou Renoir, le peintre-né, moins réfléchi dans son amour sensuel
pour la lumière qui prend la forme des filles-fleurs ; après tant de reproches
ou d’éloges maladroits, on aperçoit dans les moindres reliefs de son œuvre
1. Degas, par Paul Jamot. Paris, Éditions de la Gazette des Beaux-Arts, 1924, 1 vol.
in-4, 76 pl. hors texte.