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Nr. 3
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DOI Page / Citation link:https://doi.org/10.11588/diglit.24945#0213
BIBLIOGRAPHIE
Panofsky-Saxl. —■ Dürers Melencolia I, Leip-
zig, 1923, in-8 de 160 pp. et 35 pl. hors
texte.
Voici une très intéressante étude de la cé-
lèbre gravure de Durer, la Mélancolie, de
ses sources, de ses variantes, de sa signi-
fication. Après tous les travaux sur Durer de
Tliausing, Ephrussi, Knackfuss, Springer, We-
ber et MM. Hamel, Marguillier, Wôlfflin, Réau,
Giehlow et Warburg, ce travail essaie de résoudre
non sans une grande ingéniosité les problèmes
que soulève cette estampe. Différentes interpré-
tations ont déjà été données pour expliquer son
sens mystérieux. Les uns y ont vu l’inquiétude
LA MÉLANCOLIE, PAR ALBERT DURER
de la raison qui, comme dans le Faust de Gœthe,
doit se résigner à avouer son impuissance a tout
connaître. D’autres, s’inspirant des écrits théori-
ques de l’artiste, ont regardé cette figure comme
une allégorie de l’apathie intellectuelle, prove-
nant de la fatigue de la pensée, du travail céré-
bral. D’autres ont cru trouver là un symbole de
la faillite de la science.
L’explication qui est proposée aujourd’hui
renouvelle une des interprétations déjà émises.
Tous les attributs entourant la femme ailée re-
présentée dans cette pièce se rapporteraient, à
l’influence de la planète Saturne, qui produit le
tempérament mélancolique. Les différents sym-
boles dont est environnée la femme pensive dé-
montreraient le sens astrologique de cette
estampe. Ces théories sur Faction des planètes
dont l’origine se trouve chez Aristote et chez les
médecins du moyen âge ne prennent une réelle
consistance qu’à l’époque de la Renaissance, chez
Pétrarque et surtout Marsile Ficin. Comme ce
dernier était mort quinze ans avant la publica-
tion de la Mélancolie et que sa Correspondance
et ses trois livres De vita triplici, contenant l’es-
sence de la croyance en 1 influence déprimante
de Saturne, ont eu un grand succès, Durer a pu
ne pas les ignorer. Ce qui est sur, c’est que
dans la Mélancolie apparaissent des motifs tradi-
tionnels destinés à figurer une notion astrolo-
gique très répandue. On y trouve les trois
remèdes généralement préconisés contre la dis-
position aux humeurs noires, curatifs comme le
clystère légèrement indiqué dans le bas à droite,
thérapeutiques comme le feuillage autour de la
tète, magiques, tels que le cadran avec des
chiffres inintelligibles. La clé, symbole de la
puissance, et la bourse, symbole de la richesse,
qui sont suspendues à la robe de la femme,
marqueraient les attributs de la souveraineté de
Saturne. C’est de la même conception que pro-
céderait l’usage adopté de montrer la tête
appuyée sur le bras et de représenter la mer sous
un aspect sombre, le ciel éclairé par une comète
et un arc-en-ciel, avec une chauve-souris. La
plupart des détails symboliques seraient des
attributs de Saturne. Les outils d’architecte ou de
travailleur du bois ou de la pierre, la règle, les
clous, la scie, le rabot, la boule, le marteau, les
tenailles auraient pu être inspirés à Durer pen-
dant son voyage en Italie, par les fresques de
Salone à Padoue où sont peints les enfants de
Saturne. Le compas, placé dans la main de la
femme ailée, est aussi particulier à la planète
Saturne, car elle forme des géomètres L’écri-
loire, le polyèdre seraient également des em-
blèmes géométriques. D’autres accessoires comme
la balance, l’horloge de sable serviraient à com-
Panofsky-Saxl. —■ Dürers Melencolia I, Leip-
zig, 1923, in-8 de 160 pp. et 35 pl. hors
texte.
Voici une très intéressante étude de la cé-
lèbre gravure de Durer, la Mélancolie, de
ses sources, de ses variantes, de sa signi-
fication. Après tous les travaux sur Durer de
Tliausing, Ephrussi, Knackfuss, Springer, We-
ber et MM. Hamel, Marguillier, Wôlfflin, Réau,
Giehlow et Warburg, ce travail essaie de résoudre
non sans une grande ingéniosité les problèmes
que soulève cette estampe. Différentes interpré-
tations ont déjà été données pour expliquer son
sens mystérieux. Les uns y ont vu l’inquiétude
LA MÉLANCOLIE, PAR ALBERT DURER
de la raison qui, comme dans le Faust de Gœthe,
doit se résigner à avouer son impuissance a tout
connaître. D’autres, s’inspirant des écrits théori-
ques de l’artiste, ont regardé cette figure comme
une allégorie de l’apathie intellectuelle, prove-
nant de la fatigue de la pensée, du travail céré-
bral. D’autres ont cru trouver là un symbole de
la faillite de la science.
L’explication qui est proposée aujourd’hui
renouvelle une des interprétations déjà émises.
Tous les attributs entourant la femme ailée re-
présentée dans cette pièce se rapporteraient, à
l’influence de la planète Saturne, qui produit le
tempérament mélancolique. Les différents sym-
boles dont est environnée la femme pensive dé-
montreraient le sens astrologique de cette
estampe. Ces théories sur Faction des planètes
dont l’origine se trouve chez Aristote et chez les
médecins du moyen âge ne prennent une réelle
consistance qu’à l’époque de la Renaissance, chez
Pétrarque et surtout Marsile Ficin. Comme ce
dernier était mort quinze ans avant la publica-
tion de la Mélancolie et que sa Correspondance
et ses trois livres De vita triplici, contenant l’es-
sence de la croyance en 1 influence déprimante
de Saturne, ont eu un grand succès, Durer a pu
ne pas les ignorer. Ce qui est sur, c’est que
dans la Mélancolie apparaissent des motifs tradi-
tionnels destinés à figurer une notion astrolo-
gique très répandue. On y trouve les trois
remèdes généralement préconisés contre la dis-
position aux humeurs noires, curatifs comme le
clystère légèrement indiqué dans le bas à droite,
thérapeutiques comme le feuillage autour de la
tète, magiques, tels que le cadran avec des
chiffres inintelligibles. La clé, symbole de la
puissance, et la bourse, symbole de la richesse,
qui sont suspendues à la robe de la femme,
marqueraient les attributs de la souveraineté de
Saturne. C’est de la même conception que pro-
céderait l’usage adopté de montrer la tête
appuyée sur le bras et de représenter la mer sous
un aspect sombre, le ciel éclairé par une comète
et un arc-en-ciel, avec une chauve-souris. La
plupart des détails symboliques seraient des
attributs de Saturne. Les outils d’architecte ou de
travailleur du bois ou de la pierre, la règle, les
clous, la scie, le rabot, la boule, le marteau, les
tenailles auraient pu être inspirés à Durer pen-
dant son voyage en Italie, par les fresques de
Salone à Padoue où sont peints les enfants de
Saturne. Le compas, placé dans la main de la
femme ailée, est aussi particulier à la planète
Saturne, car elle forme des géomètres L’écri-
loire, le polyèdre seraient également des em-
blèmes géométriques. D’autres accessoires comme
la balance, l’horloge de sable serviraient à com-