DOI Heft:
Nr. 5
DOI Artikel:Alfassa, Paul: Poussin et le paysage
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.24945#0297
POUSSIN ET LE PAYSAGE
l est peul-être utile d’indiquer tout de suite le
sens de cet article. Le lecteur pourrait croire,
au moment où s’ouvre l’Exposition du « Pay-
sage fiançais de Poussin à Corot », qu’il va
être question de la place de Poussin dans
l’histoire du paysage. Non. Il s'agit plus sim-
plement du rôle du paysage dans le dévelop-
pement de l’art de Poussin ; je crois qu’il a
joué un rôle important et je voudrais essayer
de montrer comment.
Voyons d’abord quelle est aujourd’hui la
position de la critique à l’égard de Poussin.
Il a été considéré longtemps sous un seul aspect : c’était <x le plus clas-
sique des peintres », un dessinateur hostile à la couleur, un raisonneur,
un historien de la Grèce et de Rome chez lequel il y aurait à la fois du Plu-
tarque et du Corneille, au mieux (selon le mot souvent cité de Bernin) « un
grand conteur de fables ». Il semble qu’on l’ait jugé, moins que par ses
tableaux et ses dessins, par sa correspondance et par les biographies de Eel-
lori et de Félibien. Or ces textes, quoique d’une valeur inappréciable,
donnent de lui une image incomplète. On s’explique sans peine pourquoi.
Félibien ne l'a connu que passé la cinquantaine. Bellori l’a fréquenté beau-
coup plus tôt mais, n’ayant écrit qu’après sa mort, le souvenir de ses der-
nières années lui demeurait surtout présent et, malgré quelques traits peu
nombreux, c’est principalement un portrait de l’homme mûr qu’il nous a
tracé, de l homme maître de son tempérament comme de son art. Quant aux
écrits de Poussin lui-même ils ne peuvent non plus nous renseigner parfai-
l est peul-être utile d’indiquer tout de suite le
sens de cet article. Le lecteur pourrait croire,
au moment où s’ouvre l’Exposition du « Pay-
sage fiançais de Poussin à Corot », qu’il va
être question de la place de Poussin dans
l’histoire du paysage. Non. Il s'agit plus sim-
plement du rôle du paysage dans le dévelop-
pement de l’art de Poussin ; je crois qu’il a
joué un rôle important et je voudrais essayer
de montrer comment.
Voyons d’abord quelle est aujourd’hui la
position de la critique à l’égard de Poussin.
Il a été considéré longtemps sous un seul aspect : c’était <x le plus clas-
sique des peintres », un dessinateur hostile à la couleur, un raisonneur,
un historien de la Grèce et de Rome chez lequel il y aurait à la fois du Plu-
tarque et du Corneille, au mieux (selon le mot souvent cité de Bernin) « un
grand conteur de fables ». Il semble qu’on l’ait jugé, moins que par ses
tableaux et ses dessins, par sa correspondance et par les biographies de Eel-
lori et de Félibien. Or ces textes, quoique d’une valeur inappréciable,
donnent de lui une image incomplète. On s’explique sans peine pourquoi.
Félibien ne l'a connu que passé la cinquantaine. Bellori l’a fréquenté beau-
coup plus tôt mais, n’ayant écrit qu’après sa mort, le souvenir de ses der-
nières années lui demeurait surtout présent et, malgré quelques traits peu
nombreux, c’est principalement un portrait de l’homme mûr qu’il nous a
tracé, de l homme maître de son tempérament comme de son art. Quant aux
écrits de Poussin lui-même ils ne peuvent non plus nous renseigner parfai-