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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 11.1925

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Nr. 5
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Jamot, Paul: Un portrait d'inconnu au musée du Louvre
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https://doi.org/10.11588/diglit.24945#0313

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U N P O R T R A1T D ’ IN G O N N U

AU MUSÉE DU U OU Y RE

Le Louvre vient d’acquérir une petite toile qui lui a été aimablement
signalée par M. le comte M. de Camondo et qui va prendre une bonne
place dans la galerie française du xvme siècle1. Elle s’impose par sa
qualité plutôt que par un grand nom, car on ne sait jusqu’ici ni qui l’a peinte
ni qui elle représente. C’est le portrait -— tôle et haut du buste d’un homme
— de trente à trente-cinq ans, semble-t-il. en négligé, la chemise ouverte. Sur
le crâne, dépouillé de la perruque, un bonnet blanc, baul comme un casque,
s’enfonce, ne laissant passer que quelques courtes mèches de cheveux noirs
autour des oreilles. Cet homme n’a rien d’un héros de roman. Son petit
nez camus est à la fois court et gonflé ; sa bouche a des lèvres trop sinueuses.
Mais, avec ses larges yeux brun clair, au dessin irrégulier, sous des sour-
cils dont le peintre a su rendre l'expressive mobilité, il nous regarde d’un
air si intelligent et si vif, ses lèvres semblent si prêtes à décocher quelque
parole sans réplique, que nous l’adoptons tout de suite pour un de ces mys-
térieux amis qui, une fois rencontrés dans une salle de musée, s’attachent
à nous autant et plus que les plus familiers de nos compagnons parmi les
vivants.

Tous les traits du physique et du moral sont déünis avec cette force, cette

i. Haut. : om,6i ; larg. : om,49- La toile est la toile originale. Le modèle, qui n’est pas
tout à fait grandeur nature, se détache sur un fond gris noir ; il apparaît dans un ovale
que délimite un trait de pinceau chargé de jaune clair, trait par lequel est tiguré, ou
plutôt suggéré, l’œil-de-hœuf qui a servi d’encadrement à tant de portraitistes. La partie
de la toile qui reste en dehors de l’ovale est peinte en brun avec le même soin que le
fond et avec la volonté manifeste de continuer l’harmonie générale de la peinture ; de
sorte qu’on peut croire qu’il n’était pas dans les intentions du peintre que cette partie de
la toile fût cachée par le cadre.

- 5e PÉRIODE.

X I .

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