Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (5. Pér. 11.1925)

LES ORIGINES DU MUSÉE CONDÉ

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méritent plus que de l'estime et il faut protester contre l'oubli où on les
tient1. Après eux, ce ne sont plus guère que des chefs-d’œuvre. L’esquisse
des Pestiférés de Jaffa est plus vibrante encore de lumière et de couleur,
plus délicatement harmonieuse que le tableau achevé.

Le Sommeil de Psyché de Prud’hon, avec son essaim d’amours rieurs et sa
composition si heureuse dans le parallélisme des amours volant et de
Psyché dormant étendue 2, peut se comparer, simple esquisse, aux inspira-
tions les plus poétiques
de l’artiste. C’est du La
Fontaine attendri ; il fait
presque songer à la déli-
cieuse phrase musicale de
Gounod dans Roméo et
Juliette : « Et les anges
du ciel répondront : elle
dort. » Quant aux douze
dessins, en dehors de
leur beauté propre, ils
sont d’un prix inesti-
mable, puisqu’ils mon-
trent certaines pages
achevées (les Saisons par
exemple), où l’exécution
la plus fine, la plus ser-
rée, reste en même temps
la plus large.

On dédaigne les Greu-
ze. Sans doute certaines
de ses compositions mo-
ralisantes, devant les-
quelles Diderot ne se con-
naissait plus, réunissent à la sécheresse d’une exécution trop appliquée une
sensiblerie mélodramatique insupportable. Mais nos quatre esquisses de
Chantilly, peut-être parce que restées esquisses, sont traitées d’un pinceau
souple, avec une technique qui, par instants, sent le Fragonard dans ses

Triomphe de Bonaparte, la Philosophie, les Richesses, Amour et Innocence, les Saisons.

1. Les Enfants turcs jouant avec une tortue peuvent se comparer aux toiles les plus fortes
du musée, mais ils ne viennent pas du marquis Maison.

2. Même mouvement dans la Muse inspirant Hésiode de Delacroix. — L’Hommage à la
Beauté est à mon avis très inférieur au Sommeil...

Pliot. Giraudon.

PORTRAIT DE GABRIELLE DE ROCI1ECHOUART
ATTRIBUÉ A CORNEILLE DE LYON
(Musée Condé, Chantilly.)