LE PAYSAGE DANS L’ŒUVRE D’EUGÈNE DELACROIX i3g
d'elles de plus fortes ivresses, soit qu’il se surprît à s’y enfoncer comme
autrefois jusqu’à mi-corps, se déchirant les doigts aux épines des halliers
pour en rapporter un bouquet1 (qui s’offre bien le plus précieux des objets
quand on pense à qui l’avait composé, aux fleurs dont son pinceau nous a laissé
l’image, à sa palette assimilée elle-même par Baudelaire à un « bouquet de
fleurs savamment assorties »), soit qu’il ne se refusât pas de s’étendre sur le
gazon pour considérer sur le bleu du ciel les feuilles jaunissantes des peu-
l’éducation de la vierge (i853)
pliers 2, soit encore que la nuit, dans son jardinet, sous le clair de lune, il
ne pût assez jouir « de cette douce lumière sur les saules, du bruit de la petite
fontaine voisine et de l’odeur délicieuse des plantes qui semblent à cette
heure livrer tous leurs trésors cachés »3. Quand au mois de mai s’élevait en
même temps le chant du rossignol, alors découvrant des rapports entre ce
« chant diamanté » et l’éclat que les étoiles jetaient à travers les arbres, entre
« ces notes ou légères ou vives ou flûtées, ou pleines d'une énergie inconce-
1. Ibid., 24 juin 1849.
2. Ibid., 27 octobre i853.
3. Ibid., 22 mai i85o.
d'elles de plus fortes ivresses, soit qu’il se surprît à s’y enfoncer comme
autrefois jusqu’à mi-corps, se déchirant les doigts aux épines des halliers
pour en rapporter un bouquet1 (qui s’offre bien le plus précieux des objets
quand on pense à qui l’avait composé, aux fleurs dont son pinceau nous a laissé
l’image, à sa palette assimilée elle-même par Baudelaire à un « bouquet de
fleurs savamment assorties »), soit qu’il ne se refusât pas de s’étendre sur le
gazon pour considérer sur le bleu du ciel les feuilles jaunissantes des peu-
l’éducation de la vierge (i853)
pliers 2, soit encore que la nuit, dans son jardinet, sous le clair de lune, il
ne pût assez jouir « de cette douce lumière sur les saules, du bruit de la petite
fontaine voisine et de l’odeur délicieuse des plantes qui semblent à cette
heure livrer tous leurs trésors cachés »3. Quand au mois de mai s’élevait en
même temps le chant du rossignol, alors découvrant des rapports entre ce
« chant diamanté » et l’éclat que les étoiles jetaient à travers les arbres, entre
« ces notes ou légères ou vives ou flûtées, ou pleines d'une énergie inconce-
1. Ibid., 24 juin 1849.
2. Ibid., 27 octobre i853.
3. Ibid., 22 mai i85o.