GAZETTE DES BEAUX-ARTS
I f)2
traité, prêt pour l'impression, circulait, manuscrit, dans la maison et où le
maître en préparait les planches sous les yeux de ses disciples : on sait que
Houbraken, pendant son apprentissage chez lui, de 167/4 à 1677 environ,
l’aida à graver l’une d’elles.
La boîte anonyme du Musée Bredius est-elle sortie de son atelier ? Elle
rappelle la caisse de Londres par la disposition des cadres, alignés sur les
murs au-dessus de gravures déroulées, par la présence, de tableaux bibliques.
On la pourrait croire œuvre de Samuel plus jeune, moins habile. Mais elle
ne semble pas antérieure à l’autre, malgré le costume, démodé vers 1670,
du personnage qui, à gauche, descend l’escalier; le thé, dont la mode se
vulgarisa tardivement, le parc orné de statues indiquent la fin du xvn' siècle.
Serait-elle d’un élève de Hoogstraeten ? Mais duquel? Ceux dont les noms
sont parvenus jusqu’à nous : Arnold et Jan Houbraken, Aert de Gelder, le
peintre de genre Schalken et le portraitiste Cornelis van der Meulen ne
s’essayèrent pas, croyons-nous, à la perspective. M. Hofstede de Groot avait
songé à Pieter Janssens Elinga, dont on ignore le maître et qui imita Pieter
de Hooch. Mais aucune preuve précise n’étaye son hypothèse, motivée par
les analogies du style et de la technique1. Force nous est donc de rester dans
l’incertitude.
Les Perspetijfkas marquent dans la peinture hollandaise le terme de
deux passions : celle de la perspective et celle du trompe-œil.
Vredeman de Yries avait établi, dès le xvic siècle, par ses recueils de gra-
vures, les règles de la doorzichtkunde, science des « percées », pourrait-on
dire, terme spécial, en néerlandais, à la perspective des monuments. Ses
toiles créaient un genre bientôt prospère : le tableau d’architecture. Vredeman
s’inspirait des maisons génoises. Les Hollandais habitués à des demeures
étroites, calfeutrées, utilitaires, avaient été séduits par ces palais oflerts au
ciel et construits pour la délectation. Le logis s’y dissimulait ; leurs vastes
escaliers semblaient avoir pour seul but d’élever à flanc de montagne, les
galeries ouvertes et les terrasses qui se confondaient aux jardins suspendus.
Complexes et illimités, ils étaient éminemment propres aux jeux de la
perspective. La tradition que créa Vredeman en les y employant fut tenace :
elle survit encore à la fin du xvn' siècle. C’est d’elle que relèvent le Péristyle
de Samuel van Hoogstraeten et les boîtes où il enfermait, selon Houbraken,
des palais à colonnades. Mais on n’y sacrifiait plus alors, que par exception.
Dès longtemps, les peintres des Pays-Bas s’étaient voués à leurs édifices
nationaux : rues et places de villes et de villages, nefs d’églises protestantes,
salles d’apparat privées, manifestent, dans le tableau d’architecture, le réa-
t. C. Hofstede de Groot, De schilder Janssens, dans Oad-Holland, 1891, p. 280.
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traité, prêt pour l'impression, circulait, manuscrit, dans la maison et où le
maître en préparait les planches sous les yeux de ses disciples : on sait que
Houbraken, pendant son apprentissage chez lui, de 167/4 à 1677 environ,
l’aida à graver l’une d’elles.
La boîte anonyme du Musée Bredius est-elle sortie de son atelier ? Elle
rappelle la caisse de Londres par la disposition des cadres, alignés sur les
murs au-dessus de gravures déroulées, par la présence, de tableaux bibliques.
On la pourrait croire œuvre de Samuel plus jeune, moins habile. Mais elle
ne semble pas antérieure à l’autre, malgré le costume, démodé vers 1670,
du personnage qui, à gauche, descend l’escalier; le thé, dont la mode se
vulgarisa tardivement, le parc orné de statues indiquent la fin du xvn' siècle.
Serait-elle d’un élève de Hoogstraeten ? Mais duquel? Ceux dont les noms
sont parvenus jusqu’à nous : Arnold et Jan Houbraken, Aert de Gelder, le
peintre de genre Schalken et le portraitiste Cornelis van der Meulen ne
s’essayèrent pas, croyons-nous, à la perspective. M. Hofstede de Groot avait
songé à Pieter Janssens Elinga, dont on ignore le maître et qui imita Pieter
de Hooch. Mais aucune preuve précise n’étaye son hypothèse, motivée par
les analogies du style et de la technique1. Force nous est donc de rester dans
l’incertitude.
Les Perspetijfkas marquent dans la peinture hollandaise le terme de
deux passions : celle de la perspective et celle du trompe-œil.
Vredeman de Yries avait établi, dès le xvic siècle, par ses recueils de gra-
vures, les règles de la doorzichtkunde, science des « percées », pourrait-on
dire, terme spécial, en néerlandais, à la perspective des monuments. Ses
toiles créaient un genre bientôt prospère : le tableau d’architecture. Vredeman
s’inspirait des maisons génoises. Les Hollandais habitués à des demeures
étroites, calfeutrées, utilitaires, avaient été séduits par ces palais oflerts au
ciel et construits pour la délectation. Le logis s’y dissimulait ; leurs vastes
escaliers semblaient avoir pour seul but d’élever à flanc de montagne, les
galeries ouvertes et les terrasses qui se confondaient aux jardins suspendus.
Complexes et illimités, ils étaient éminemment propres aux jeux de la
perspective. La tradition que créa Vredeman en les y employant fut tenace :
elle survit encore à la fin du xvn' siècle. C’est d’elle que relèvent le Péristyle
de Samuel van Hoogstraeten et les boîtes où il enfermait, selon Houbraken,
des palais à colonnades. Mais on n’y sacrifiait plus alors, que par exception.
Dès longtemps, les peintres des Pays-Bas s’étaient voués à leurs édifices
nationaux : rues et places de villes et de villages, nefs d’églises protestantes,
salles d’apparat privées, manifestent, dans le tableau d’architecture, le réa-
t. C. Hofstede de Groot, De schilder Janssens, dans Oad-Holland, 1891, p. 280.