COURRIER DE L’ART ANTIQUE i83
qu’on me cite un seul exemple d’un bronze antique reproduisant un marbre : il n’y
en a pas
S’il fallait porter un jugement sur l’époque de la fonte, je la croirais, à cause
des yeux creusés, du temps d’Auguste et j’ajouterais que j’attribue cette petite mer-
veille à un atelier campanien.
Le second bronze dont j’emprunte l’image au même recueil1 2 a été découvert en
1899 près de Iamboli, avec beaucoup d’autres figurines que j’ignore et les restes de
plusieurs chars d’apparat d’époque romaine. Comme ces figurines, celle-ci servait
d’ornement à un char, ce dont témoigne une tige de fer qui traverse le corps ;
mais cela ne veut pas dire que la statuette ne soit pas antérieure au dernier emploi
qu’on en a fait. L’attitude et les proportions très élancées de cet Apollon (haut. om25)
sont tout à fait exceptionnelles dans la sculpture ; mais M. Filow a été heureusement
TÈTE DE LA STATUETTE EN BRONZE d’aPOLLON
(Musée de Sofia.)
inspiré en rééditant, à ce propos, une belle monnaie d’Antigone Gonatas, roi de
Macédoine, frappée vers 25o avant notre ère, où le même Apollon est assis sur la
proue d’un navire. Par la même occasion, il a rappelé qu’une monnaie d’un autre
roi macédonien, Démétrius Poliorcète, montre une Victoire très semblable à celle de
Samothrace, sonnant de la trompette sur une proue de galère3. Il va jusqu’à sup-
poser — et cela ne me paraît pas vraisemblable — qu’il peut y avoir quelque
rapport entre notre Nike et l’original de l’Apollon de Iamboli. Pour cela, comme
1. Voir Rev. archèol., 1922,11, p. 337; *92à, L p- 227.
2. Bulletin de l’Institut d’archéologie bulgare, 1922, pl. III.
3. M. Studniczka vient de reproduire dans le Jahrbuch (192/1, p. ia5), d’après la
Gazette de février 1891, la restitution de la Victoire de Samothrace due à MM. Cordon-
nier et Falize, en ajoutant qu’elle est préférable à celle de Zumbusch et qu’elle a été
injustement négligée. Dans ce modèle, la main droite tient une couronne, et non une
trompette, comme sur la monnaie de Démétrius.
qu’on me cite un seul exemple d’un bronze antique reproduisant un marbre : il n’y
en a pas
S’il fallait porter un jugement sur l’époque de la fonte, je la croirais, à cause
des yeux creusés, du temps d’Auguste et j’ajouterais que j’attribue cette petite mer-
veille à un atelier campanien.
Le second bronze dont j’emprunte l’image au même recueil1 2 a été découvert en
1899 près de Iamboli, avec beaucoup d’autres figurines que j’ignore et les restes de
plusieurs chars d’apparat d’époque romaine. Comme ces figurines, celle-ci servait
d’ornement à un char, ce dont témoigne une tige de fer qui traverse le corps ;
mais cela ne veut pas dire que la statuette ne soit pas antérieure au dernier emploi
qu’on en a fait. L’attitude et les proportions très élancées de cet Apollon (haut. om25)
sont tout à fait exceptionnelles dans la sculpture ; mais M. Filow a été heureusement
TÈTE DE LA STATUETTE EN BRONZE d’aPOLLON
(Musée de Sofia.)
inspiré en rééditant, à ce propos, une belle monnaie d’Antigone Gonatas, roi de
Macédoine, frappée vers 25o avant notre ère, où le même Apollon est assis sur la
proue d’un navire. Par la même occasion, il a rappelé qu’une monnaie d’un autre
roi macédonien, Démétrius Poliorcète, montre une Victoire très semblable à celle de
Samothrace, sonnant de la trompette sur une proue de galère3. Il va jusqu’à sup-
poser — et cela ne me paraît pas vraisemblable — qu’il peut y avoir quelque
rapport entre notre Nike et l’original de l’Apollon de Iamboli. Pour cela, comme
1. Voir Rev. archèol., 1922,11, p. 337; *92à, L p- 227.
2. Bulletin de l’Institut d’archéologie bulgare, 1922, pl. III.
3. M. Studniczka vient de reproduire dans le Jahrbuch (192/1, p. ia5), d’après la
Gazette de février 1891, la restitution de la Victoire de Samothrace due à MM. Cordon-
nier et Falize, en ajoutant qu’elle est préférable à celle de Zumbusch et qu’elle a été
injustement négligée. Dans ce modèle, la main droite tient une couronne, et non une
trompette, comme sur la monnaie de Démétrius.