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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 11.1925

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Nr. 4
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Lindblom, Andreas: Jacques-Philippe Bouchardon, [3]: sculpteur du roi de Suède
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https://doi.org/10.11588/diglit.24945#0231

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ao5

JACQUES-PHILIPPE BOUCHARDON

molle de l’enfant reposant sur une charpente osseuse incomplètement déve-
loppée; ils s intéressent aux particularités de la psychologie infantile, à
l’expression gracieusement pensive et vieillotte des enfants précoces. Cette
façon nouvelle de comprendre l’enfant devait porter ses fruits ; c’est juste-
ment en 1750 que Pigalle devient célèbre avec son Enfant à laçage, et la voie
est dès lors ouverte qui conduit, avec Iloudon, aux sommets de l’interpré-
tation de b enfance au xviii* siècle.

Dès les environs de 1780, Edme a lancé à Rome le buste-portrait entière-
ment nu, avec chevelure naturelle « dans le goût de l’antique ». A son
retour, il continue dans cette voie, aux applaudissements de Caylus qui
trouve l’idée « infiniment recommandable ». Jacques-Philippe ne se sent,
au contraire, aucune disposition pour ce genre de « goût » ; il continue la tra-
dition du Bernin et de Coyzevox et garde au costume et à la perruque leur
rôle actif au service du style si expressif de l’époque de Louis XIV ; c’est le
« Grand goût » du Roi-Soleil qui garde toute sa vitalité. A cet égard, nous avons
quelques raisons de rattacher Bouchardon à une personnalité déterminée,
celle de son maître, Jean-Louis Lemoyne1. Il est incontestable que le style
de portraitiste du maître, tel qu’il nous apparaît, par exemple, dans le buste
de Jacques Gabriel (1786), a fortement influé sur le style de l'élève.

Bouchardon n’est évidemment pas un novateur, et à peine peul-on même
le considérer comme une personnalité artistique vraiment originale. Mais il
ne fait qu'un avec son époque, imprégné de ce qu’elle pouvait lui donner de
meilleur en fait de tradition et ‘de technique, et ce n’est pas là un mince
mérite. Il est le continuateur laborieux ; mais il n’a rien du dilettante.

Que fût-il advenu de Jacques-Philippe Bouchardon s’il n’eût prématuré-
ment disparu dès 1753, pendant que le «rococo » poursuivait encore son
étincelante carrière? Eût-il été, au bout de vingt ans, considéré comme un
retardataire passif? Ou bien eût-il eu la force et la volonté de rester, comme
Falconet, le dernier défenseur du style Louis XV ? Ni l'un ni l’autre, probable-
ment; en effet, il possédait un caractère extraordinairement souple et per-
fectible, mais il n’avait ni une âme forte, ni un tempérament combatif. Il
eût vraisemblablement, comme Pajou, capitulé sous les assauts des temps
nouveaux. Quel intérêt y a-t-il d’ailleurs à ergoter sur ce qui eût pu arriver
si le destin n’avait si brusquement mis fin à la carrière du plus grand am-
bassadeur de l’art français en Suède?

ANDREAS. LINDBLOM

1. Cf. Louis Réau, Jean-Louis Lemoyne, Revue de l’Art ancien et moderne, 1923.

XI.

5e PÉRIODE.

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