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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 11.1925

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Lefèvre, Louis-Eugène: Les Sept Églises d'Asie et leurs évêques dans la tapisserie de l'Apocalypse à Angers
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https://doi.org/10.11588/diglit.24945#0238

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

rent les anges. Les trompettes et les plaies appartiennent aux anges ; les
coupes leur sont également destinées, et quand la Révélation rapporte que
celles-ci sont pleines de la colère de Dieu, cela veut dire qu’elles renferment
les sept plaies. Les sept rois ne sont que les sept têtes de la bête, et aussi les
sept montagnes sur laquelle la Femme est assise.

Une même hantise, à laquelle nul n’a pu se soustraire, semble avoir
entraîné tous ceux qui touchèrent à l’Apocalypse. Les artistes, courbés sous
le joug impérieux du nombre fatidique, ont spontanément créé, sans aucune
contrainte des textes muets, des groupes de sept personnages.

Dans un manuscrit de commentaires de l’Apocalypse, provenant de l’ab-
baye de Saint-Sever, conservé à la Bibliothèque nationale (xie siècle), la pre-
mière grande miniature de l’ouvrage représente un Christ debout au-dessus
de plusieurs personnages qui, sans motif bien précis, sont au nombre de sept1.

Plusieurs exemples du même genre se retrouvent dans un manuscrit
français de l’Apocalypse (Biblioth. nat., ms. fr. 4o3, fin xiT siècle) qui, au
xive siècle, se trouvait dans la bibliothèque du roi et fut prêté au duc d'Anjou
probablement pour être consulté par Hennequin 2. La première miniature
représente saint Jean à l’intérieur d’une église dont la porte est fermée, bap-
tisant une femme : des individus regardent avec curiosité et émoi par la
fente de la porte : ils sont sept.

Au chapitre vi (vers. 9-11), le texte parle de saint Jean voyant les âmes de
ceux qui ont donné leur vie pour la parole de Dieu : il y a sept martyrs
représentés dans la miniature correspondante.

Au chapitre xiv (vers. 13), il est question de la béatitude de ceux qui
meurent dans le Seigneur. Or, les artistes n’hésitent pas : au risque d’asy-
métrie, ils représentent quatre justes mourant dans un lit et trois dans un
autre. Naturellement les âmes figurées par de petits enfants nus montant au
Ciel sont également au nombre de sept (tableau 56 de la tapisserie
d’Angers). Dans ce cas, comme dans le précédent, on avait créé sept caté-
gories de bienheureux.

Il ressort de tout cela que nos grands personnages isolés de la tenture,
asservis comme tous les autres détails ou accessoires de l’Apocalypse à une
inéluctable fatalité, devaient se compter par sept.

A en juger par les cinq tableaux qui nous restent et parmi lesquels quatre

1. Bibl. nat., ms. latin 8878. Il fut copié sur un manucrit espagnol dont existent
plusieurs autres exemplaires semblables. La scène en question se retrouve donc dans les
manuscrits espagnols. Pour A. Bachelin les sept personnages, tous vulgaires, figurent
les Sept Églises d’Asie, c’est-à-dire le peuple de leurs fidèles (Description d’an commen-
taire de l’Apocalypse. Manuscrit du XIIe siècle compris dans la bibliothèque du marquis
d’Astorga, comte d’Altamira, Paris, 1869).

2. Giry, L’Art, sept. 1876, p. 3oi.
 
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