JOHN W. WINKLER
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moins judicieux. Par cela, l’intérêt de ces estampes dépasse celui de simples
anecdotes. Son œuvre restera comme une vivante expression de ce paradoxal
rapprochement de deux races et de deux civilisations les plus opposées. Car,
dans ces rues bordées de hautes maisons dont les toits en terrasse portent
d’arachnéens réseaux de fils électriques, à deux pas de la fiévreuse animation
de la ville américaine, la population chinoise s’est établie avec sa merveil-
leuse aptitude à demeurer toujours soi-même et partout chez soi, s’assimilant
QUAI DE MISSION STREET A SAN FRANCISCO
bien moins au milieu qu’adaptant ce milieu étranger à ses habitudes et à ses
goûts. Faculté rare qui permit à cette forte race de voyageurs d’essaimer ses
colonies depuis les époques les plus reculées et dans les plus lointains pays,
du Golfe Persique au désert de Gobi, des plaines de l'Indus aux rives du
Mékong.
Un autre que Winkler n’eût peut-être jamais quitté une source d’inspira-
tion aussi féconde au moment même où son talent cueillait ses premiers
lauriers officiels, où ses œuvres entraient dans les meilleures collections du
Nouveau Monde. Mais il aimait trop son art, il avait trop le souci de cette
probité des créateurs pour sacrifier ses recherches aux satisfactions du succès
et réduire son activité à l’exploitation d’une formule. Il est donc parti. Il est
venu en France, et dans ce choix d’un nouveau milieu, l’influence du philo-
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moins judicieux. Par cela, l’intérêt de ces estampes dépasse celui de simples
anecdotes. Son œuvre restera comme une vivante expression de ce paradoxal
rapprochement de deux races et de deux civilisations les plus opposées. Car,
dans ces rues bordées de hautes maisons dont les toits en terrasse portent
d’arachnéens réseaux de fils électriques, à deux pas de la fiévreuse animation
de la ville américaine, la population chinoise s’est établie avec sa merveil-
leuse aptitude à demeurer toujours soi-même et partout chez soi, s’assimilant
QUAI DE MISSION STREET A SAN FRANCISCO
bien moins au milieu qu’adaptant ce milieu étranger à ses habitudes et à ses
goûts. Faculté rare qui permit à cette forte race de voyageurs d’essaimer ses
colonies depuis les époques les plus reculées et dans les plus lointains pays,
du Golfe Persique au désert de Gobi, des plaines de l'Indus aux rives du
Mékong.
Un autre que Winkler n’eût peut-être jamais quitté une source d’inspira-
tion aussi féconde au moment même où son talent cueillait ses premiers
lauriers officiels, où ses œuvres entraient dans les meilleures collections du
Nouveau Monde. Mais il aimait trop son art, il avait trop le souci de cette
probité des créateurs pour sacrifier ses recherches aux satisfactions du succès
et réduire son activité à l’exploitation d’une formule. Il est donc parti. Il est
venu en France, et dans ce choix d’un nouveau milieu, l’influence du philo-