UN PIONNIER DE L’HISTOIRE DE L’ART : THORÉ-BÜRGER a3i
L’histoire de sa vie, c’est lui-même qui va nous la conter au long d’une
correspondance captivante et curieuse adressée à sa mère1 et à Félix Delhasse2,
son ami et exécuteur testamentaire qui recueillit toutes ces lettres, les classa,
les transmit en héritage à ses petits-fils : Lucien et Félix Jottrand, lesquels
en confièrent la publication à Paul Cottin ; le livre parut vers i goo au Bureau
de la Nouvelle Revue Rétrospective sous le titre : « Thoré-Bürger, peint par
lui-même ; lettres et notes intimes. »
Il comprend un choix judicieux de lettres et des annotations ; c’est là une
autobiographie précieuse que nous suivrons pas à pas, mais qui ne jettera
aucune clarté sur les ascendants de Thoré, ni sur les premières années de
sa vie ; car P. Cottin dans sa préface nous dit seulement qu’Étienne-Joseph-
Théophile Thoré naquit à La Flèche le 23 juin 1807, qu’il était fils
d’Étienne Thoré, petit commerçant, ancien combattant des armées de la
République, et de Suzanne Boizard, sa femme, d’origine paysanne, et qu’il
avait une sœur, Arsène, plus âgée que lui de 6 ans. En dépit d’une
situation modeste, ses parents le destinèrent à une carrière libérale ; il fit
ses études classiques au Prytanée militaire et plus tard suivit les cours de
Droit à la Faculté de Poitiers ; licencié à 20 ans, le jeune Thoré ronge son
frein et sa première lettre à sa mère, datée du 23 novembre 1829, nous
apprend qu’il est installé à Paris, inscrit au barreau et pourvu de maigres
ressources. « Je m’ennuie en vérité par économie. » Il est en quête d’une
situation pour subvenir à ses frais d’existence ; il n’a qu’un seul ami, son
compatriote Firmin Barrion, plus tard médecin à Bressuire.
Le 11 février i83o, à la suite d’une simple observation, il a déjà quitté la
banque Soccard où, il faut croire, il avait trouvé un petit emploi ; plongé à
nouveau dans la misère, il supplie sa mère de lui venir en aide, sinon il se
verrait obligé de vendre sa montre ou ses habits et de retourner à La Flèche.
Nous le retrouvons en juillet i83o, au lendemain de la Révolution; le 3o,
dans un court billet, il rassure sa mère : « Paris est maintenant tranquille. »
Il avait été mêlé au mouvement, une note de la fin de sa vie en fait foi3.
Nous apprenons qu’à cette époque il habitait, 12, rue des Grès, une chambre
d’hôtel où allait et venait la jeunesse turbulente des Écoles. Au cœur même
de l’agitation libérale il fut un des premiers soldais de l’insurrection ; le 29
juillet, après avoir passé deux jours dans la mêlée, il participe à la prise de
la caserne de Babylone et à celle de la rue de Tournon, court aux Tuileries
et se retrouve le soir couché au corps de garde de l’Odéon ; « le lendemain
matin, conclut-il, je montais la garde, avec mon fusil et en casquette, autour
1. De 1829 à i856.
2. De i83g à 1869.
3. Note de P. Cottin, p. i5.
L’histoire de sa vie, c’est lui-même qui va nous la conter au long d’une
correspondance captivante et curieuse adressée à sa mère1 et à Félix Delhasse2,
son ami et exécuteur testamentaire qui recueillit toutes ces lettres, les classa,
les transmit en héritage à ses petits-fils : Lucien et Félix Jottrand, lesquels
en confièrent la publication à Paul Cottin ; le livre parut vers i goo au Bureau
de la Nouvelle Revue Rétrospective sous le titre : « Thoré-Bürger, peint par
lui-même ; lettres et notes intimes. »
Il comprend un choix judicieux de lettres et des annotations ; c’est là une
autobiographie précieuse que nous suivrons pas à pas, mais qui ne jettera
aucune clarté sur les ascendants de Thoré, ni sur les premières années de
sa vie ; car P. Cottin dans sa préface nous dit seulement qu’Étienne-Joseph-
Théophile Thoré naquit à La Flèche le 23 juin 1807, qu’il était fils
d’Étienne Thoré, petit commerçant, ancien combattant des armées de la
République, et de Suzanne Boizard, sa femme, d’origine paysanne, et qu’il
avait une sœur, Arsène, plus âgée que lui de 6 ans. En dépit d’une
situation modeste, ses parents le destinèrent à une carrière libérale ; il fit
ses études classiques au Prytanée militaire et plus tard suivit les cours de
Droit à la Faculté de Poitiers ; licencié à 20 ans, le jeune Thoré ronge son
frein et sa première lettre à sa mère, datée du 23 novembre 1829, nous
apprend qu’il est installé à Paris, inscrit au barreau et pourvu de maigres
ressources. « Je m’ennuie en vérité par économie. » Il est en quête d’une
situation pour subvenir à ses frais d’existence ; il n’a qu’un seul ami, son
compatriote Firmin Barrion, plus tard médecin à Bressuire.
Le 11 février i83o, à la suite d’une simple observation, il a déjà quitté la
banque Soccard où, il faut croire, il avait trouvé un petit emploi ; plongé à
nouveau dans la misère, il supplie sa mère de lui venir en aide, sinon il se
verrait obligé de vendre sa montre ou ses habits et de retourner à La Flèche.
Nous le retrouvons en juillet i83o, au lendemain de la Révolution; le 3o,
dans un court billet, il rassure sa mère : « Paris est maintenant tranquille. »
Il avait été mêlé au mouvement, une note de la fin de sa vie en fait foi3.
Nous apprenons qu’à cette époque il habitait, 12, rue des Grès, une chambre
d’hôtel où allait et venait la jeunesse turbulente des Écoles. Au cœur même
de l’agitation libérale il fut un des premiers soldais de l’insurrection ; le 29
juillet, après avoir passé deux jours dans la mêlée, il participe à la prise de
la caserne de Babylone et à celle de la rue de Tournon, court aux Tuileries
et se retrouve le soir couché au corps de garde de l’Odéon ; « le lendemain
matin, conclut-il, je montais la garde, avec mon fusil et en casquette, autour
1. De 1829 à i856.
2. De i83g à 1869.
3. Note de P. Cottin, p. i5.