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GAZETTE DES I5EAUX-ARTS
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* *
Les nouvelles de Boguet pour la période suivante sont assez rares. En
i8o3-i8o4, le voyageur allemand Kotzebue qui parcourt l’Italie et qui nous
a laissé de précieuses impressions, dit ceci, à propos de lui : « Bouquet ou
Boguet, paysagiste français a, dit-on, beaucoup de mérite ; mais je ne l’ai
pas vu. Une maladie grave de son épouse l’empêcha de recevoir ma
visite1. »
Boguet a peint dans les premières années du xixe siècle pour une des pièces
principales du palais Tolomée à Pistoïa2, neuf grandes gouaches ou fresques
qui sont très remarquables. La longueur des trois premières est de 4m35 et la
hauteur de trois mètres. Deux autres ont trois mètres sur trois. Trois enfin
plus étroites ont pris place dans des entre-deux de fenêtres. Toute une
grande salle est ainsi décorée et produit un charmant effet. J’en parle de
visa.
Dans ces œuvres, que Philippe Hackert décrivit à Goëtlie dans une lettre
du 4 mars 18063, le peintre a déployé tout son talent facile de paysagiste.
Il y a là de magnifiques groupes d’arbres, des vues de forêts, un lac, un
tombeau, des personnages en costumes romains rappelant à la fois l’antique
et le style moderne de Pinelli. Il y a une fontaine, un berger, des danseuses,
des ruisseaux, des chèvres, des petits villages sur des hauteurs; je détaille,
car vraiment tout dans ces pages semble inspiré, tant la composition en
est aisée et la facture soignée, sans pour cela trahir une hésitation de la
main.
Je signalerai à l’attention des artistes qui auront la bonne fortune de pou-
voir examiner ces pages, les qualités techniques de Boguet : d’abord une
distribution des plans parfaite, puis la merveilleuse entente des feuillés, écueil
toujours si redoutable pour les paysagistes novices.
Il y a acquis un goût, une sûreté d’expression dont nos yeux ne peuvent
se lasser. Ainsi, ici, à Pistoïa, les fonds des peintures de Boguet forment un
1. Souvenirs d’un voyage à Rome et à Naples, tome lit, page 284- Edition de 1806.
2. Pistoia, ville de 9000 habitants en 1807. Sous-préfecture du département de l’Arno
sous la domination française. Le palais Tolomée (élevé sur l’emplacement de l’ancien
couvent des moines de Saint-Michel), fut bâti pour la famille Banchieri de laquelle les
Tolomée Tachetèrent (Tigri (J.), Pistoia e il suo territorio, 1 vol. in-12, 1853). Un
autre artiste français qui vivait à la même époque que Boguet, Desmarais, peintre d’his-
toire, résidant en Toscane, a décoré à fresque une autre de ses salles avec ces sujets : La
colère d’Achille et la mort d’Hector. La famille Tolomée comptait alors précisément, parmi
ses membres, B. Tolomée paysagiste qui eut son atelier dans la maison. Desmarais a
aussi un tableau, Y Assomption, dans la chapelle de l’évêché à Pistoia.
3. Goetlies Werhe hempelsche Aug. XXXII, page 196.
GAZETTE DES I5EAUX-ARTS
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Les nouvelles de Boguet pour la période suivante sont assez rares. En
i8o3-i8o4, le voyageur allemand Kotzebue qui parcourt l’Italie et qui nous
a laissé de précieuses impressions, dit ceci, à propos de lui : « Bouquet ou
Boguet, paysagiste français a, dit-on, beaucoup de mérite ; mais je ne l’ai
pas vu. Une maladie grave de son épouse l’empêcha de recevoir ma
visite1. »
Boguet a peint dans les premières années du xixe siècle pour une des pièces
principales du palais Tolomée à Pistoïa2, neuf grandes gouaches ou fresques
qui sont très remarquables. La longueur des trois premières est de 4m35 et la
hauteur de trois mètres. Deux autres ont trois mètres sur trois. Trois enfin
plus étroites ont pris place dans des entre-deux de fenêtres. Toute une
grande salle est ainsi décorée et produit un charmant effet. J’en parle de
visa.
Dans ces œuvres, que Philippe Hackert décrivit à Goëtlie dans une lettre
du 4 mars 18063, le peintre a déployé tout son talent facile de paysagiste.
Il y a là de magnifiques groupes d’arbres, des vues de forêts, un lac, un
tombeau, des personnages en costumes romains rappelant à la fois l’antique
et le style moderne de Pinelli. Il y a une fontaine, un berger, des danseuses,
des ruisseaux, des chèvres, des petits villages sur des hauteurs; je détaille,
car vraiment tout dans ces pages semble inspiré, tant la composition en
est aisée et la facture soignée, sans pour cela trahir une hésitation de la
main.
Je signalerai à l’attention des artistes qui auront la bonne fortune de pou-
voir examiner ces pages, les qualités techniques de Boguet : d’abord une
distribution des plans parfaite, puis la merveilleuse entente des feuillés, écueil
toujours si redoutable pour les paysagistes novices.
Il y a acquis un goût, une sûreté d’expression dont nos yeux ne peuvent
se lasser. Ainsi, ici, à Pistoïa, les fonds des peintures de Boguet forment un
1. Souvenirs d’un voyage à Rome et à Naples, tome lit, page 284- Edition de 1806.
2. Pistoia, ville de 9000 habitants en 1807. Sous-préfecture du département de l’Arno
sous la domination française. Le palais Tolomée (élevé sur l’emplacement de l’ancien
couvent des moines de Saint-Michel), fut bâti pour la famille Banchieri de laquelle les
Tolomée Tachetèrent (Tigri (J.), Pistoia e il suo territorio, 1 vol. in-12, 1853). Un
autre artiste français qui vivait à la même époque que Boguet, Desmarais, peintre d’his-
toire, résidant en Toscane, a décoré à fresque une autre de ses salles avec ces sujets : La
colère d’Achille et la mort d’Hector. La famille Tolomée comptait alors précisément, parmi
ses membres, B. Tolomée paysagiste qui eut son atelier dans la maison. Desmarais a
aussi un tableau, Y Assomption, dans la chapelle de l’évêché à Pistoia.
3. Goetlies Werhe hempelsche Aug. XXXII, page 196.