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demeures est presque toujours un excellent
guide dans la recherche des actes de l'état-
civil.
S'en suit la nomenclature des artistes rési-
dants à Bruxelles en 1761 avec l'indication
des rues qu'ils habitaient.
§ IV.
BEAUX-ARTS.
A. PEINTRES.
Srs DE HAEZE, près la porte de Laken (sic)
MlLLÉ, grande Place.
SAUVAGE,montagne de Ste-Elisabeth.
BAUDEWYNS, place des Wallons.
VAN DlEST, rue St-Laurent.
GRANGÉ,près du Nonce (1).
MENSAERT, Bergh-straet (rue de la
Montagne).
Du MESNIL, place des Wallons.
SEVIN, rue de F Hôpital.
ZELHORST, marché aux Fromages.
MARTIN, rue Sainte-Anne.
LAVENDE, rue de ïEvêché.
KRA.FFT,rued,Acolit{sic) (Accolay) (2).
CASTEELS, près du May-Boom.
VAN BEYST, marché aux Fromages.
TlMMERMANS, à la Putterie.
VAN DER HAEGHEN, marché aux
Herbes.
THIBEAU,/>res de l'hôtel de Berges (3).
MESUROLLE, Grep-straet (rue de la
Fourche).
MAXIMILIEN DE HAEZE ou DE HAESE.
Peintre de l'impératrice Marie-Thérèse, élève
de Philippe De Hondt. neveu des frères van
Orley, hérita de tous leurs biens après la
mort de Jean (22 février ij35), fit le voyage
d'Italie et y demeura sept années. Il fut le
dernier de la longue et glorieuse suite d'ar-
tistes, inaugurée par Roger Van der Weyden,
qui peignirent des cartons pour les tapissiers
de Bruxelles. Mensaert cite de nombreux
tableaux de ce maître qui jouit de son temps
d'une célébrité qui ne lui survécut pas. M. de
Haeze possédait une belle collection d'oeu-
vres d'art. Mensaert parle avec admiration de
quatre superbes pièces de Benedetto di Cas-
tiglione.
JEAN MlLLÉ peignit deux toiles placées, à
gauche, dans la boiserie du chœur de l'église
des Dominicains (rebâtie après le bombarde-
ment de 1695) : le Christ et saint Joseph
travaillant comme charpentiers et la Vierge
occupée au ménage. Il étoffa aussi de figures
(sujets tirés de l'Ancien Testament) les pay-
sages d'Augustin Coppens (4) placés dans la
11) Le marquis de Molinari, archevêque de Damas,
nonce de S. S. Clément XIII, demeurait « près de la
vielle Halle au Bled.»
(2) La rue d'Accolay est située entre les rues ac-
tuelles des Ursulines et du Poinçon. Elle doit son nom
au bourgeois Jean Collay lequel, en 1368, donna sa
maison aux frères Alexiens ( Celle broeders) qui avaient
soin des insensés, ensevelissaient les morts et prési-
daient aux funérailles.
(3) L'hôtel du Prince de Berges (occupé en 1761 par
la comtesse douairière d'Yves) était situé à l'angle de
' la Storm straet, (rue d'Assaut actuelle) allant vers
Sainte-Gudule et du Warmoes bergh (montagne aux
Herbes potagères). Il est figuré au grand plan,en deux
feuilles, levé par J. Laboureur et J. Van der Baren en
1698 et gravé par J. Harrewijn qui s'y qualifie : tidisci-
pulus r. de Hooghe.»
(4) Augustin Coppens, reçu dans la Gilde à Bruxelles
comme peintre en 1698-99 est surtout connu par ses
cartons pour tapisseries 1 paysages 1 ; par ses dessins
des ruines de Bruxelles après le bombardement de
Villeroy (gravés, in-folio oblong, par r. van Orley) et
par diverses gravures. M. Wauters. dans son savant
ouvrage sur les tapisseries bruxelloises, regrette de ne
pouvoir juger le peintre, nous pouvons lui dire que le
portrait de Coppens, traité à la façon des cartons de
tapisseries, se trouve au Musée de Bruxelles.
sacristie de cette église. Millé grava à l'eau-
forte pour le livre de Cafmeyer un des ta-
bleaux relatifs à l'histoire du Saint Sacrement
de Sainte-Gudule, peint par Kerricx.
sauvage, élève de Martin Joseph Geer-
aerts (célèbre peintre de bas-reliefs, auteur
de la grisaille : Les Beaux-Arts au musée
d'Anvers), peignit sur émail et porcelaine
et exécuta des bas-reliefs en camaïeu d'un
étonnant effet. Si, d'après l'opinion publique,
il est né en 1744 à Tournai, l'artiste comptait
à peine 17 ans l'année de la publication du
livre de Moris (?). Il mourut dans sa ville
natale en 1818.
françois baudewyns, paysagiste. Nous
savons d'après « les registres aux admissions »
des peintres de Bruxelles que trois artistes de
ce nom ont été reçus dans la Gilde de Saint-
Luc i° Adrien-François Baudewyns(ou Bou-
dewyns), élève d'Ignace Van den Stock, bon
peintre de paysages, à la date du 22 novembre
1665 ; 20 Adrien, fils de François, neveu, fil-
leul et élève du précédent admis le 10 mars
1694; François, inscrit le 27 novembre 1720
et décédé en 1766 (1). Les trois artistes pré-
mentionnés furent employés à peindre des
cartons pour des tapissiers bruxellois.
Van DlEST. Jérôme Van Diest, fils de
Willem Van Diest, tous deux nés à La Haye,
furent des marinistes qu'Immerzeel nous ap-
prend avoir cherché fortune en Angleterre.
Jacob Campo Weyerman cite un bon peintre
de grisailles de ce nom qu'il connut à Lon-
d res : « een braaf schilder in grauwe tafe-
reelen. » Le Van Diest, membre de la corpo-
ration des peintres bruxellois en 1761 est-il
parent plus ou moins rapproché des précé-
dents ; la conformité du nom pourrait le
faire supposer d'autant plus que Kramm
mentionne un Adrien Van Diest, fils de Jé-
rôme.
Remarquons en passant, que les grisailles
déjà fort goûtées aux Pays-Bas au xviie siè-
cle, devinrent tout à fait à la mode dans tout
le cours du xviiie. Sous Charles VI et Marie-
Thérèse, la noblesse titrée et la riche bour-
geoise, transformaient en boudoirs rocaille
les grands appartements de l'époque ogivale,
les somptueuses galeries de la Renaissance
flamande et les lumineux salons rubéniens
plantureusement lambrissés de boiseries scul-
ptées par Verbrugghen, Van Delen, Cosyns
ou Faid'Herbe.
Van Diest était-il l'émule de Sauvage? Il
est probable qu'une rencontre fortuite nous
en apprendra quelque jour d'avantage.
louis grangé. On l'appelait aussi Gran-
ger. Le procès de François Anneessens, le
doyen martyr, publié par M. Galesloot, nous
apprend qu'il était né à Bruxelles en 1686. Il
fut reçu maître dans la corporation des pein-
tres le 21 octobre 1715.
On lui doit la série de portraits des rois
d'Espagne placés entre les trumeaux décorés
de Groteschi que l'on voit encore aujourd'hui
à l'hôtel de ville de Bruxelles dans la Galerie
conduisant au cabinet du bourgmestre.
M. Wauters nous apprend que cet artiste fut
«avantagé» par le magistrat le 2 3 septembre
1730 après avoir peint pour le tapissier Jean-
Baptiste Vermillon des cartons de paysages
étoffés de figures par Philippe de Hondt. Une
visite faite à son atelier par les principaux
tapissiers démontra son application à'exécuter
des cartons et un certificat honorifique con-
(1) Ces deux dates inédites sont données par M. A.
Wauters dans le travail précité sur les tapisseries de
Bruxelles,
statant le fait lui fut délivré le 9 août de la
même année.
En dehors de ses cartons, en détrempe,
Grangé fit des tableaux à l'huile. Il collabora
aux Quinze mystères du Rosaire exécutés
pour la nouvelle église des PP. Dominicains
à Bruxelles avec Nicolas Emmanuel de Pe-ry
(d'Alost), Guillaume Pierre Mensaert, Jean-
Baptiste Thibaut, Diesbeck et Zelhorst.
Guillaume Pierre Mensaert (i) est
surtout connu par la publication d'un ou-
vrage in-8° en deux tomes — le second fort
rare — parus en 1763 chez P. De Bast, im-
primeur de S. A. R. et intitulé : Le peintre
amateur et curieux. C'est un inventaire pré-
cieux des richesses artistiques que renfer-
maient les palais, églises, abbayes et cabinets
particuliers des Pays-Bas autrichiens. On
ignore les dates de la naissance et du décès
de ce peintre et l'on ne sait de sa vie et de ses
oeuvres que ce qu'il nous en apprend ça et là
dans son livre. Elève de Victor-Honorius
Janssens, peintre renommé de son temps
pour l'histoire et le portrait, auquel on doit
aussi des cartons de tapisseries d'une riche
composition et d'une allure vraiment pitto-
resque, Mensaert a laissé une intéressante
notice biographique sur ce dernier des Rubé-
niens, disciple de Volders qui l'était lui-même
de Gaspar de Crayer.
Mensaert travailla pour plusieurs églises et
couvents de Bruxelles, il prend naïvement
soin de noter en passant les sujets des toiles
qu'il peignit lui-même en divers endroits.
du mesnil. C'était un spécialiste re-
nommé pour panneaux décoratifs de caisses
de voitures et chaises à porteurs. Il peignit
pour l'important atelier du Sieur Jean Mas-
kens carrossier de la Cour.
Jean-Baptiste Sevin. Peintre-décora-
teur d'un véritable mérite. Dans la chambre
d'assemblée de la corporation des bouchers
(maison du Cygne Grand'Place à Bruxelles)
on admirait autrefois un superbe plafond
exécuté dans la manière du frère André
Pozzo (2) par cet habile artiste. En 1752 il
peignit le plafond, encore existant, de la sa-
cristie de l'église de N. d. de la Chapelle.
Mensaert le déclare « très habile maître en ce
genre, dans l'architecture et les ornements. »
Nous possédons un gros portefeuille de pla-
fonds, décors et autres dessins perspectifs
signés : Jean-Baptiste Sevin (1739-58).
zelhorst. Le nom de ce peintre n'est
mentionné d'aucun biographe. Mensaert seul
nous apprend qu'il peignit deux des quinze
Mystères du Rosaire pour l'église des Domi-
nicains de Bruxelles. Zelhorst devait donc
être un peintre d'histoire de quelque valeur.
d'après le Guide fidèle un Sr Zelhorst exer-
çait la profession de « marchand de quin-
cailleries et modes » Marché aux Fromages.
martin. Au bas d'une grande eau-forte
oblongue représentant la Place Royale à
Bruxelles nous trouvons la signature : « Mar-
tin delineavit et sculpcit (sic). Cette planche
fut distribuée en octobre 1777, comme prime,
aux souscripteurs de l'ouvrage en deux vo-
lumes de J. A. Rombaut {Bruxelles illustré,
publié chez Pauwels. imprimeur-libraire sur
(1) Les Liggeren de la Gilde de Saint-Luc d'An-
vers, mentionnent à la date de l'exercice 1634-35 un
certain Hans Mensaert, huysschilder apprenti, comme
ayant payé un droit d'inscription de 2 fl. 16 s.
(2) Les œuvres décoratives et perspectives du jé-
suite Pozzo que l'empereur Léopold Ier appela à
Vienne ont été rééditées avec texte français-flamand
en 2 vol. in-folio, parus chez François T'Sertstevens
en 1708.
demeures est presque toujours un excellent
guide dans la recherche des actes de l'état-
civil.
S'en suit la nomenclature des artistes rési-
dants à Bruxelles en 1761 avec l'indication
des rues qu'ils habitaient.
§ IV.
BEAUX-ARTS.
A. PEINTRES.
Srs DE HAEZE, près la porte de Laken (sic)
MlLLÉ, grande Place.
SAUVAGE,montagne de Ste-Elisabeth.
BAUDEWYNS, place des Wallons.
VAN DlEST, rue St-Laurent.
GRANGÉ,près du Nonce (1).
MENSAERT, Bergh-straet (rue de la
Montagne).
Du MESNIL, place des Wallons.
SEVIN, rue de F Hôpital.
ZELHORST, marché aux Fromages.
MARTIN, rue Sainte-Anne.
LAVENDE, rue de ïEvêché.
KRA.FFT,rued,Acolit{sic) (Accolay) (2).
CASTEELS, près du May-Boom.
VAN BEYST, marché aux Fromages.
TlMMERMANS, à la Putterie.
VAN DER HAEGHEN, marché aux
Herbes.
THIBEAU,/>res de l'hôtel de Berges (3).
MESUROLLE, Grep-straet (rue de la
Fourche).
MAXIMILIEN DE HAEZE ou DE HAESE.
Peintre de l'impératrice Marie-Thérèse, élève
de Philippe De Hondt. neveu des frères van
Orley, hérita de tous leurs biens après la
mort de Jean (22 février ij35), fit le voyage
d'Italie et y demeura sept années. Il fut le
dernier de la longue et glorieuse suite d'ar-
tistes, inaugurée par Roger Van der Weyden,
qui peignirent des cartons pour les tapissiers
de Bruxelles. Mensaert cite de nombreux
tableaux de ce maître qui jouit de son temps
d'une célébrité qui ne lui survécut pas. M. de
Haeze possédait une belle collection d'oeu-
vres d'art. Mensaert parle avec admiration de
quatre superbes pièces de Benedetto di Cas-
tiglione.
JEAN MlLLÉ peignit deux toiles placées, à
gauche, dans la boiserie du chœur de l'église
des Dominicains (rebâtie après le bombarde-
ment de 1695) : le Christ et saint Joseph
travaillant comme charpentiers et la Vierge
occupée au ménage. Il étoffa aussi de figures
(sujets tirés de l'Ancien Testament) les pay-
sages d'Augustin Coppens (4) placés dans la
11) Le marquis de Molinari, archevêque de Damas,
nonce de S. S. Clément XIII, demeurait « près de la
vielle Halle au Bled.»
(2) La rue d'Accolay est située entre les rues ac-
tuelles des Ursulines et du Poinçon. Elle doit son nom
au bourgeois Jean Collay lequel, en 1368, donna sa
maison aux frères Alexiens ( Celle broeders) qui avaient
soin des insensés, ensevelissaient les morts et prési-
daient aux funérailles.
(3) L'hôtel du Prince de Berges (occupé en 1761 par
la comtesse douairière d'Yves) était situé à l'angle de
' la Storm straet, (rue d'Assaut actuelle) allant vers
Sainte-Gudule et du Warmoes bergh (montagne aux
Herbes potagères). Il est figuré au grand plan,en deux
feuilles, levé par J. Laboureur et J. Van der Baren en
1698 et gravé par J. Harrewijn qui s'y qualifie : tidisci-
pulus r. de Hooghe.»
(4) Augustin Coppens, reçu dans la Gilde à Bruxelles
comme peintre en 1698-99 est surtout connu par ses
cartons pour tapisseries 1 paysages 1 ; par ses dessins
des ruines de Bruxelles après le bombardement de
Villeroy (gravés, in-folio oblong, par r. van Orley) et
par diverses gravures. M. Wauters. dans son savant
ouvrage sur les tapisseries bruxelloises, regrette de ne
pouvoir juger le peintre, nous pouvons lui dire que le
portrait de Coppens, traité à la façon des cartons de
tapisseries, se trouve au Musée de Bruxelles.
sacristie de cette église. Millé grava à l'eau-
forte pour le livre de Cafmeyer un des ta-
bleaux relatifs à l'histoire du Saint Sacrement
de Sainte-Gudule, peint par Kerricx.
sauvage, élève de Martin Joseph Geer-
aerts (célèbre peintre de bas-reliefs, auteur
de la grisaille : Les Beaux-Arts au musée
d'Anvers), peignit sur émail et porcelaine
et exécuta des bas-reliefs en camaïeu d'un
étonnant effet. Si, d'après l'opinion publique,
il est né en 1744 à Tournai, l'artiste comptait
à peine 17 ans l'année de la publication du
livre de Moris (?). Il mourut dans sa ville
natale en 1818.
françois baudewyns, paysagiste. Nous
savons d'après « les registres aux admissions »
des peintres de Bruxelles que trois artistes de
ce nom ont été reçus dans la Gilde de Saint-
Luc i° Adrien-François Baudewyns(ou Bou-
dewyns), élève d'Ignace Van den Stock, bon
peintre de paysages, à la date du 22 novembre
1665 ; 20 Adrien, fils de François, neveu, fil-
leul et élève du précédent admis le 10 mars
1694; François, inscrit le 27 novembre 1720
et décédé en 1766 (1). Les trois artistes pré-
mentionnés furent employés à peindre des
cartons pour des tapissiers bruxellois.
Van DlEST. Jérôme Van Diest, fils de
Willem Van Diest, tous deux nés à La Haye,
furent des marinistes qu'Immerzeel nous ap-
prend avoir cherché fortune en Angleterre.
Jacob Campo Weyerman cite un bon peintre
de grisailles de ce nom qu'il connut à Lon-
d res : « een braaf schilder in grauwe tafe-
reelen. » Le Van Diest, membre de la corpo-
ration des peintres bruxellois en 1761 est-il
parent plus ou moins rapproché des précé-
dents ; la conformité du nom pourrait le
faire supposer d'autant plus que Kramm
mentionne un Adrien Van Diest, fils de Jé-
rôme.
Remarquons en passant, que les grisailles
déjà fort goûtées aux Pays-Bas au xviie siè-
cle, devinrent tout à fait à la mode dans tout
le cours du xviiie. Sous Charles VI et Marie-
Thérèse, la noblesse titrée et la riche bour-
geoise, transformaient en boudoirs rocaille
les grands appartements de l'époque ogivale,
les somptueuses galeries de la Renaissance
flamande et les lumineux salons rubéniens
plantureusement lambrissés de boiseries scul-
ptées par Verbrugghen, Van Delen, Cosyns
ou Faid'Herbe.
Van Diest était-il l'émule de Sauvage? Il
est probable qu'une rencontre fortuite nous
en apprendra quelque jour d'avantage.
louis grangé. On l'appelait aussi Gran-
ger. Le procès de François Anneessens, le
doyen martyr, publié par M. Galesloot, nous
apprend qu'il était né à Bruxelles en 1686. Il
fut reçu maître dans la corporation des pein-
tres le 21 octobre 1715.
On lui doit la série de portraits des rois
d'Espagne placés entre les trumeaux décorés
de Groteschi que l'on voit encore aujourd'hui
à l'hôtel de ville de Bruxelles dans la Galerie
conduisant au cabinet du bourgmestre.
M. Wauters nous apprend que cet artiste fut
«avantagé» par le magistrat le 2 3 septembre
1730 après avoir peint pour le tapissier Jean-
Baptiste Vermillon des cartons de paysages
étoffés de figures par Philippe de Hondt. Une
visite faite à son atelier par les principaux
tapissiers démontra son application à'exécuter
des cartons et un certificat honorifique con-
(1) Ces deux dates inédites sont données par M. A.
Wauters dans le travail précité sur les tapisseries de
Bruxelles,
statant le fait lui fut délivré le 9 août de la
même année.
En dehors de ses cartons, en détrempe,
Grangé fit des tableaux à l'huile. Il collabora
aux Quinze mystères du Rosaire exécutés
pour la nouvelle église des PP. Dominicains
à Bruxelles avec Nicolas Emmanuel de Pe-ry
(d'Alost), Guillaume Pierre Mensaert, Jean-
Baptiste Thibaut, Diesbeck et Zelhorst.
Guillaume Pierre Mensaert (i) est
surtout connu par la publication d'un ou-
vrage in-8° en deux tomes — le second fort
rare — parus en 1763 chez P. De Bast, im-
primeur de S. A. R. et intitulé : Le peintre
amateur et curieux. C'est un inventaire pré-
cieux des richesses artistiques que renfer-
maient les palais, églises, abbayes et cabinets
particuliers des Pays-Bas autrichiens. On
ignore les dates de la naissance et du décès
de ce peintre et l'on ne sait de sa vie et de ses
oeuvres que ce qu'il nous en apprend ça et là
dans son livre. Elève de Victor-Honorius
Janssens, peintre renommé de son temps
pour l'histoire et le portrait, auquel on doit
aussi des cartons de tapisseries d'une riche
composition et d'une allure vraiment pitto-
resque, Mensaert a laissé une intéressante
notice biographique sur ce dernier des Rubé-
niens, disciple de Volders qui l'était lui-même
de Gaspar de Crayer.
Mensaert travailla pour plusieurs églises et
couvents de Bruxelles, il prend naïvement
soin de noter en passant les sujets des toiles
qu'il peignit lui-même en divers endroits.
du mesnil. C'était un spécialiste re-
nommé pour panneaux décoratifs de caisses
de voitures et chaises à porteurs. Il peignit
pour l'important atelier du Sieur Jean Mas-
kens carrossier de la Cour.
Jean-Baptiste Sevin. Peintre-décora-
teur d'un véritable mérite. Dans la chambre
d'assemblée de la corporation des bouchers
(maison du Cygne Grand'Place à Bruxelles)
on admirait autrefois un superbe plafond
exécuté dans la manière du frère André
Pozzo (2) par cet habile artiste. En 1752 il
peignit le plafond, encore existant, de la sa-
cristie de l'église de N. d. de la Chapelle.
Mensaert le déclare « très habile maître en ce
genre, dans l'architecture et les ornements. »
Nous possédons un gros portefeuille de pla-
fonds, décors et autres dessins perspectifs
signés : Jean-Baptiste Sevin (1739-58).
zelhorst. Le nom de ce peintre n'est
mentionné d'aucun biographe. Mensaert seul
nous apprend qu'il peignit deux des quinze
Mystères du Rosaire pour l'église des Domi-
nicains de Bruxelles. Zelhorst devait donc
être un peintre d'histoire de quelque valeur.
d'après le Guide fidèle un Sr Zelhorst exer-
çait la profession de « marchand de quin-
cailleries et modes » Marché aux Fromages.
martin. Au bas d'une grande eau-forte
oblongue représentant la Place Royale à
Bruxelles nous trouvons la signature : « Mar-
tin delineavit et sculpcit (sic). Cette planche
fut distribuée en octobre 1777, comme prime,
aux souscripteurs de l'ouvrage en deux vo-
lumes de J. A. Rombaut {Bruxelles illustré,
publié chez Pauwels. imprimeur-libraire sur
(1) Les Liggeren de la Gilde de Saint-Luc d'An-
vers, mentionnent à la date de l'exercice 1634-35 un
certain Hans Mensaert, huysschilder apprenti, comme
ayant payé un droit d'inscription de 2 fl. 16 s.
(2) Les œuvres décoratives et perspectives du jé-
suite Pozzo que l'empereur Léopold Ier appela à
Vienne ont été rééditées avec texte français-flamand
en 2 vol. in-folio, parus chez François T'Sertstevens
en 1708.