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Grothe, Hugo [Bearb.]
Orientalisches Archiv: illustrierte Zeitschrift für Kunst, Kulturgeschichte u. Völkerkunde der Länder des Ostens — 3.1912/​1913

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L'Art chinois à Paris: Exposition de Peintures Chinoises au Musée Cernuschi
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https://doi.org/10.11588/diglit.69722#0068

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L’Art chinois ä Paris.

les a soumis; enfin, une sgrie de petites peintures cor£ennes
venait Compiler l’ensemble. Paysages, portraits, animaux,
fleurs, tous les genres se trouvaient representes, ä l’excep-
tion des ceuvres d’inspiration directement bouddhique, que
nous avions reservees pour l’annee prochaine.
Peut-etre sera-t-il utile de faire connaitre quelques ob-
servations generales que cette exposition nous a permises.
On pouvait prevoir que la reunion de peintures provenant
de quarante collections differentes, amenerait des modi-
fications dans l’appreciation de certaines d’entre elles. II
est toujours plus difficile de juger une oeuvre isolee; sa pre-
sence au milieu d’un assez grand nombre d’autres provoque,
par contre, des comparaisons pleines d’interet. Dans le
cadre d’une exposition, teile peinture gagne, teile autre au
contraire perd plusieurs rangs.
Cette mise au point fut d’ailleurs favorisee par le
dechiffrement des inscriptions et des cachets; ce travail a
ete l’ceuvre de M. Chavannes et de M. Petrucci. Nous
n’apprendrons rien ä personne, en exprimant les plus grandes
reserves sur la confiance qu’il convient d’accorder aux docu-
ments inscrits sur les peintures. Le peintre chinois, comme
le poete, aitna toujours les maitres d’autrefois au point de
copier tranquillement leurs oeuvres, signature comprise, et
cela sans aucuns espnt de supercherie. Dix ou donze pein-
tures exposees au musee Cernuschi portaient la signature
de Tchao Mong-fou; trois ou quatre peut-etre etaient dignes
du maitre, ou tout au moins de sa maniere. Authentique
ou fausse, une attribution due soit ä une signature d’auteur,
soit ä un certificat de critique, nous permet toutefois d’avoir
quelque idee du peintre ou de l’epoque auxquels ils
pretendent se referer.
Encore convient-il de n’avancer dans cette voie qu’avec
prudence. Deux de nos peintures (numeros 108 et 111
du catalogue) etaient signees de Tchao Yong, le fils de
Tchao Mong-fou. Or, si les possesseurs de ces peintures
avaient voulu, chacun d’apres son document, appretier la

maniere de Tchao Yong, leurs conclusions auraient risqud
d’etre singulierement discordantes. On ne peut imaginer
Opposition plus marquee, dans l’inspiration comme dans
le procede. L’un des rouleaux, d’influence persane sans
doute, represente un cortege de chasse dans un paysage
aux lignes accusees; les couleurs sont posees nettement,
sans recherche agreable, les traits sont secs, les contours
pesants. Rien, au contraire, de si tendre, de si vaporeux,
de si aerien que la seconde peinture; on y voit un berger
assis sous en saule aux branches retombantes, et qui reve,
plutöt qu’il ne surveille ses animaux poses au premier
plan. Meme en tenant compte de la virtuosite qu’aimaient
les peintres chinois, et qui les conduisait ä pratiquer
successivement les genres les plus differents, il semble
impossible d’admettre que ces deux ceuvres soient sorties
de la meme main.
Un resultat certain de l’exposition du musee Cernuschi
aura ete, de toute fa$on, de conquerir le goüt du public.
La peinture chinoise, qui n’etait jusqu’ici appreciee que
par quelques-uns, occupe l’attention de collectionneurs
chaque jour plus nombreux, mais qui, dans leur zele
empresse, courent le risque de se decider trop vite pour
des oeuvres de second ordre. L’extreme rarete des chefs-
d’oeuvre devient de plus en plus evidente; si les rouleaux,
ramenes de Chine par des importateurs, affluent par cen-
taines, la plupart ne meritent meme pas le nom de bonnes
copies; ce sont des choses vagues, sans style et sans äge.
Nous devons nous dire que les collectionneurs chinois et
japonais ont depuis longtemps mis de cöte les pieces ca-
pitales, qu’ils apprecient ä leur valeur et dont ils se defont
difficilement. L’Amerique, d’autre part, s’est assuree ä
gros prix une bonne quantite de ce qu’on pouvait avoir.
II est ä craindre que nous n’ayons pas ä renouveler de
sitöt notre exposition recente.
Victor Goloubew. H. d’Ardenne de Tizac.

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