LE TEMPLE A GYPRE. 287
Si partout ces trésors de la plastique durent avoir une heureuse
influence sur le développement de la plastique, nulle part cette
influence ne dut s'exercer d'une manière plus efficace qu'à Cypre;
nulle part ces expositions permanentes, comme nous dirions, ne durent
offrir une plus grande variété que clans les temples de l'île, autour de
tous ces sanctuaires que les Phéniciens avaient fondés, que les Grecs
commencèrent bientôt à fréquenter et que les uns et les autres com-
blaient à l'envi de leurs dons. L'Egypte, la Ghaldée et l'Assyrie
n'avaient pas de secrets pour les Phéniciens; ces infatigables voya-
geurs allaient chercher dans tous ces pays et rapportaient à leurs divi-
nités ce que produisait de plus accompli l'industrie de ces peuples
avec lesquels ils étaient en relations constantes ; ils offraient aussi ce
qu'ils regardaient comme les chefs-d'œuvre de leurs propres artisans.
Un peu plus tard, quand le génie de la Grèce eut dégagé son origina-
lité, les visiteurs grecs vinrent à leur tour offrir les meilleurs produits
de leurs arts naissants à ces dieux qu'ils cherchaient à s'approprier en
transformant par degrés l'idée à laquelle ces dieux répondaient et
l'image qui traduisait cette idée. Si quelque chance heureuse nous
avait conservé le trésor du grand temple de Paphos, quelle diversité
de styles, que de curiosités et de merveilles nous y aurions certaine-
ment retrouvées ! Il suffirait de ranger les objets dans un certain
ordre pour avoir, racontée en quelque sorte par les monuments eux-
mêmes, toute l'histoire de l'art antique, toute celle de ces suggestions
de l'exemple et de ces contacts féconds qui facilitèrent si fort la tâche
des Grecs et qui leur firent gagner tant de temps.
Ce bonheur ne nous a pas été accordé; le temple dont le Irésor a été
retrouvé par M. de Cesnola était, sans aucun doute, bien moins célèbre;
et, par suite, bien moins riche que celui de Paphos. Ce n'était même
peut-être pas le principal des temples de Curium. Celte ville avait un
sanctuaire d'Apollon, qui, d'après la manière dont en parle Strabon,
devait avoir une certaine importance1; mais, d'après les indices qu'é-
îJLimère M. de Cesnola, il serait possible qu'il fallut chercher le site
de cet édifice sur un autre point de l'aire qu'occupait la cité, assez
loin des ruines dont les souterrains nous ont valu une si belle surprise -.
Nous ignorons donc le caractère et le nom du dieu auquel le temple
était consacré. Curium nous est bien donnée comme une cité grecque,
1. Strabon, XLV, vi, 3.
2. Cks.nula, Cyprus, pp. 312-313.
Si partout ces trésors de la plastique durent avoir une heureuse
influence sur le développement de la plastique, nulle part cette
influence ne dut s'exercer d'une manière plus efficace qu'à Cypre;
nulle part ces expositions permanentes, comme nous dirions, ne durent
offrir une plus grande variété que clans les temples de l'île, autour de
tous ces sanctuaires que les Phéniciens avaient fondés, que les Grecs
commencèrent bientôt à fréquenter et que les uns et les autres com-
blaient à l'envi de leurs dons. L'Egypte, la Ghaldée et l'Assyrie
n'avaient pas de secrets pour les Phéniciens; ces infatigables voya-
geurs allaient chercher dans tous ces pays et rapportaient à leurs divi-
nités ce que produisait de plus accompli l'industrie de ces peuples
avec lesquels ils étaient en relations constantes ; ils offraient aussi ce
qu'ils regardaient comme les chefs-d'œuvre de leurs propres artisans.
Un peu plus tard, quand le génie de la Grèce eut dégagé son origina-
lité, les visiteurs grecs vinrent à leur tour offrir les meilleurs produits
de leurs arts naissants à ces dieux qu'ils cherchaient à s'approprier en
transformant par degrés l'idée à laquelle ces dieux répondaient et
l'image qui traduisait cette idée. Si quelque chance heureuse nous
avait conservé le trésor du grand temple de Paphos, quelle diversité
de styles, que de curiosités et de merveilles nous y aurions certaine-
ment retrouvées ! Il suffirait de ranger les objets dans un certain
ordre pour avoir, racontée en quelque sorte par les monuments eux-
mêmes, toute l'histoire de l'art antique, toute celle de ces suggestions
de l'exemple et de ces contacts féconds qui facilitèrent si fort la tâche
des Grecs et qui leur firent gagner tant de temps.
Ce bonheur ne nous a pas été accordé; le temple dont le Irésor a été
retrouvé par M. de Cesnola était, sans aucun doute, bien moins célèbre;
et, par suite, bien moins riche que celui de Paphos. Ce n'était même
peut-être pas le principal des temples de Curium. Celte ville avait un
sanctuaire d'Apollon, qui, d'après la manière dont en parle Strabon,
devait avoir une certaine importance1; mais, d'après les indices qu'é-
îJLimère M. de Cesnola, il serait possible qu'il fallut chercher le site
de cet édifice sur un autre point de l'aire qu'occupait la cité, assez
loin des ruines dont les souterrains nous ont valu une si belle surprise -.
Nous ignorons donc le caractère et le nom du dieu auquel le temple
était consacré. Curium nous est bien donnée comme une cité grecque,
1. Strabon, XLV, vi, 3.
2. Cks.nula, Cyprus, pp. 312-313.