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LA PHÉNICIE ET SES DÉPENDANCES.
gnées de lignes brisées qui dessinent ce que Ton appelle quelquefois
des dénis de loup.
Si les Phéniciens, autant que nous pouvons en juger, s'en sont tenus
à ces combinaisons de lignes et à ces oppositions de couleurs quand il
s'est agi d'orner leur poterie commune, ils ont eu, comme les Égyp-
tiens, une autre espèce de poterie, d'une exécution plus soignée et
sans doute aussi d'un plus haut prix; nous voulons parler de ces vases
qui, par la manière dont ils sont fabriqués et par l'aspect qu'ils pré-
sentent, rentrent dans la catégorie de ce que nous avons appelé la
faïence égyptienne^. Dans les produits que nous désignons ainsi, la
coloration de L'épidémie n'est pas donnée par des terres délayées et
étendues au pinceau sur l'argile ; elle l'est par des poudres de verre
que des oxydes métalliques ont diversement colorées. Mêlées à de l'eau
gommée, à un mucilage quelconque, ces poudres forment des pâtes
que l'on applique sur les surfaces à décorer; le feu du four les fond
et les vitrifie ; on obtient ainsi un émail qui a plus ou moins d'éclat
et de solidité suivant que la préparation a été plus ou moins soignée2.
C'était si bien là une industrie propre à l'Egypte que, chez les
Grecs, on appelait pierre égyptienne (Xi'ôov atyu--taxov) cette terre émail-
lée. Scylax, dans un passage que nous avons déjà cité, énumérant les
objets que les Phéniciens échangent, sur la côte occidentale de
l'Afrique, contre les produits du pays, se sert de ce terme, et nous ne
pouvons douter qu'il n'ait en vue ces pâtes de verre et de terre ver-
nissée, sceaux, amulettes, pendants de colliers, petits vases, figurines,
que l'on retrouve partout où les Phéniciens ont passé, depuis la côte
de Syrie jusqu'en Italie et en Sardaigne3. Tout cela avait, chez les
peuples riverains de la Méditerranée, le succès et le débit que trouve,
dans les temps modernes, chez les sauvages de l'Afrique et de l'Amé-
rique, ce que l'on nomme la verroterie, cette bijouterie commune,
fabriquée pour l'exportation, qui fournil encore aujourd'hui la matière
d'un commerce assez considérable.
Les Phéniciens avaient l'esprit trop tourné vers le gain; ils étaient
1. Histoire de l'Art, t. T, pp. 820-82G.
2. Une des premières conditions est la bonne qualité de la matière première, la fran-
chise de sa couleur. J'ai vu dans la collection de M. Gréau un bâton d'un beau verre bleu,
qui provient d'Égypte et qui est du même ton que les plus beaux émaux égyptiens. On
ne devine pas à quoi, par lui-même, aurait pu servir ce bâton de verre; M. Gréau croit,
et sa conjecture me paraît très vraisemblable, qu'il faisait partie de l'outillage d'un émail-
leur', il était destiné à être écrasé et pilé lin; c'était un pain de couleur.
3. Scylax, Périple, § 112.
LA PHÉNICIE ET SES DÉPENDANCES.
gnées de lignes brisées qui dessinent ce que Ton appelle quelquefois
des dénis de loup.
Si les Phéniciens, autant que nous pouvons en juger, s'en sont tenus
à ces combinaisons de lignes et à ces oppositions de couleurs quand il
s'est agi d'orner leur poterie commune, ils ont eu, comme les Égyp-
tiens, une autre espèce de poterie, d'une exécution plus soignée et
sans doute aussi d'un plus haut prix; nous voulons parler de ces vases
qui, par la manière dont ils sont fabriqués et par l'aspect qu'ils pré-
sentent, rentrent dans la catégorie de ce que nous avons appelé la
faïence égyptienne^. Dans les produits que nous désignons ainsi, la
coloration de L'épidémie n'est pas donnée par des terres délayées et
étendues au pinceau sur l'argile ; elle l'est par des poudres de verre
que des oxydes métalliques ont diversement colorées. Mêlées à de l'eau
gommée, à un mucilage quelconque, ces poudres forment des pâtes
que l'on applique sur les surfaces à décorer; le feu du four les fond
et les vitrifie ; on obtient ainsi un émail qui a plus ou moins d'éclat
et de solidité suivant que la préparation a été plus ou moins soignée2.
C'était si bien là une industrie propre à l'Egypte que, chez les
Grecs, on appelait pierre égyptienne (Xi'ôov atyu--taxov) cette terre émail-
lée. Scylax, dans un passage que nous avons déjà cité, énumérant les
objets que les Phéniciens échangent, sur la côte occidentale de
l'Afrique, contre les produits du pays, se sert de ce terme, et nous ne
pouvons douter qu'il n'ait en vue ces pâtes de verre et de terre ver-
nissée, sceaux, amulettes, pendants de colliers, petits vases, figurines,
que l'on retrouve partout où les Phéniciens ont passé, depuis la côte
de Syrie jusqu'en Italie et en Sardaigne3. Tout cela avait, chez les
peuples riverains de la Méditerranée, le succès et le débit que trouve,
dans les temps modernes, chez les sauvages de l'Afrique et de l'Amé-
rique, ce que l'on nomme la verroterie, cette bijouterie commune,
fabriquée pour l'exportation, qui fournil encore aujourd'hui la matière
d'un commerce assez considérable.
Les Phéniciens avaient l'esprit trop tourné vers le gain; ils étaient
1. Histoire de l'Art, t. T, pp. 820-82G.
2. Une des premières conditions est la bonne qualité de la matière première, la fran-
chise de sa couleur. J'ai vu dans la collection de M. Gréau un bâton d'un beau verre bleu,
qui provient d'Égypte et qui est du même ton que les plus beaux émaux égyptiens. On
ne devine pas à quoi, par lui-même, aurait pu servir ce bâton de verre; M. Gréau croit,
et sa conjecture me paraît très vraisemblable, qu'il faisait partie de l'outillage d'un émail-
leur', il était destiné à être écrasé et pilé lin; c'était un pain de couleur.
3. Scylax, Périple, § 112.