Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Revue archéologique — 11.1865

DOI Artikel:
Le Blant, Edmond: Recherches sur l'histoire de la parabole de la vigne aux premiers siècles chrétiens
DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.24253#0480

DWork-Logo
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
472

H IC VU E ARCHEOLOGIQUE.

« sortit de !a ville et dépassa les avant-postes. Il voulait se rendre
« compte du nombre des Barbares et de ce qui se passait au dehors.

« Les ennemis le surprirent et le percèrent de flèches. Renversé et
« prêt à rendre l’âme, il s’écria de toute sa force, songeant qu’il
« n’avait point reçu le baptême : Montagnes et forêts, baptisez-moi !
« Arbres, rochers et fontaines, accordez-moi la grâce qui régénère !
« Il mourut en prononçant ces tristes paroles. Lorsqu’on l’apprit
« dans la cité, elles firent plus d’impression encore que la catas-
« trophe elle-même. Les chrétiens que frappe un mal subit sont tous
« semblables à ce malheureux. L’homme qui, hier plein de santé,
« se promettait une longue vie, peut être frappé comme celui qui, au
« milieu de ses vains projets, entendit ces terribles paroles : « Ton
« âme abandonnera ton corps cette nuit même. » (Luc, XII, 20.)
« Alors commencent l’agitation et les clameurs; en un instant il faut
* demander les vases, l’eau, le prêtre et les paroles qui doivent pré-
» parer à la grâce du baptême. 11 le faut, et pourtant le mal oppose
« un empêchement terrible, car le souffle devient haletant, précipité,
« et l’agonie ne jette pas moins de trouble que ne le fait le tumulte
« d’un combat (1). »

La plaie grandissait malgré de telles leçons, et, comme les livres,
les inscriptions le montrent, la coutume de différer le baptême était
commune à tout le monde chrétien (2). Plus d’un motif était allégué
parla foule de ceux: qui suivaient cet usage; chez quelques-uns,
c’était l’étrange prétexte de suivre l’exemple donné par le Seigneur,
qui ne fut baptisé qu’après l’âge de trente ans (3); chez les meil-
leurs, c'était la crainte de pécher après le sacrement qui efface toutes
les fautes (4) ; d’autres disaient: « Pourquoi accepter à la hâte un
« lien qui interdit toutes les douceurs de la vie, alors que je puis
« jouir de ces délices et me faire purifier a la fin de mes péchés? »
Puis ils ajoutaient : « Ceux qui sont venus travailler les premiers à
jh la vigne, et c’étaient, à coup sûr, les plus parfaits, n’ont point reçu
« d’autre récompense que les ouvriers de la dernière heure (5).»

C’est, ainsi qu’aux premiers siècles de l’Église les saints docteurs,
les hérétiques et la foule ignorante ont prêté mille intentions diverses
à un récit que le Seigneur semble n’avoir fait que pour appuyer cet

(1) Adversus eos qui differunt bapfismum oratio. Ed. Paris. 1638, t. II, p. 220.

(2) Voir mes Inscriptions chrétiennes, t. I, p. 677, etc.

(3) Greg. Nazianz., Orat. XL in sanctum baptisma, ed. Paris., 1630, t. I, p. 658.

(4) Joh. Chrysost., H omit. I. In Acta Apost., §6, t. IX, p. 11 ; Tertull., De Bap-
tisme, c. xvm, éd. Rigault, p. 264.

(5) Greg. Nazianz., Orat. XL, t. I, p. 650.
 
Annotationen