Revue de l'Afrique française et des antiquités africaines (4.1886)

les provinces africaines1

CHAPITRE EXTRAIT DU T. V. DE L'HISTOIRE ROMAINE DE TH. MOMMSEN
TRADUIT PAR CL. PALLU DE LESSERT

{Suite"1.)

Afrique et Ndmidie. Le territoire, l'armée. Le fondement,
le noyau de l'Afrique romaine, c'est la province de ce nom avec
les parties de la Numidie qui en ont été détachées plus tard. La
civilisation romaine s'accommoda tant du patrimoine de Carthage
que de celui du roi de Numidie, et l'on ne saurait oublier que ce
qu'elle fit de plus important fut d'imprimer son nom et sa langue
à ce qui existait déjà.

Les anciens maîtres du pays, en dehors des villes fondées par
eux et sur lesquelles nous reviendrons encore, avaient en outre
amené les tribus soumises des Berbères à un établissement fixe.
Du temps d'Hérodote, les Libyens habitant à l'ouest du golfe de
Gabes n'étaient déjà plus nomades, mais cultivaient paisible-
ment la terre. La domination numide porta la civilisation plus
loin encore dans l'intérieur des terres. Aussi bien le pays était-
il plus favorable à l'agriculture ici que dans l'ouest. Du nord au
sud, cette région ne manque pas en général de profondeur, mais
les lacs salés et les steppes proprement dites sont moins étendus
que dans les deux Maurétanies.

Les établissements militaires sont principalement dirigés
contre l'important massif de l'Aurès, le Saint-Gothard des chaînes
méridionales, dans le but d'appuyer les troupes et de protéger
les régions pacifiées de l'Afrique et de la Numidie contre les
incursions des peuples turbulents de ces montagnes. Auguste

-1. Les McéÇuEc d'Hérodote. Cf. Tissot. Géog. comparée de la prov. rom.
d'Afrique, I, pp. 104 et 438. (Note du T.)
2. Voir Ballet, des Antiq. afric., tom. III, pp. 193 et 269.