VOYAGE A OBOGK
(Suite)
Le lendemain 31 janvier, à huit heures du matin, après avoir
hissé à notre bord le pavillon tricolore, nous mouillions à cinq
cents mètres de la plage de Tadjoura. Le peu de profondeur de
l'eau ne nous permettait pas de nous en rapprocher davantage.
Tout près de nous, trois boutres attendaient un vent favorable
pour se diriger sur Aden. Leurs produits d'importation sont, avec
les étoffes de fabrique anglaise, du fer et du cuivre dont on fait
dans le pays, des lances, des lames et des poignées de couteau
(gillé). Gomme il n'existe aucune culture dans le pays, les mar-
chands arabes importent aussi du dourra. Ces mômes marchands
exportent de Tadjoura des cuirs, quelques moutons et, dit-on,
des esclaves. On voit aussi tous les ans plusieurs boutres venir
se charger de polypiers frais, dont on fait une chaux très estimée
sur la côte d'Arabie1.
Aussitôt à terre, nous nous trouvâmes, mon compagnon et
moi, en face du sergent d'infanterie de marine qui, avec une
escouade de six hommes, habite le petit fortin dont les murs
dominent Tadjoura. Apres lecture d'une lettre, que je devais à
l'obligeance de M. le lieutenant Lironcourt, commandant de la
petite garnison d'Obock, le sergent nous offrit, et nous accep-
tâmes, un logis spacieux, que le voyage en boutre nous fit
apprécier grandement.
1. A Aden, on ne fait usage pour les constructions que de cette chaux
ou de celle qui résulte de la calcination de coquillages. A Obock, j'ai vu uti-
liser les polypiers et les coquilles subfossiles qui, par suite de l'altération
qu'elles ont subie depuis des siècles sous l'influence des agents atmosphé-
riques, donnent un produit très inférieur.
t. iv. 24
(Suite)
Le lendemain 31 janvier, à huit heures du matin, après avoir
hissé à notre bord le pavillon tricolore, nous mouillions à cinq
cents mètres de la plage de Tadjoura. Le peu de profondeur de
l'eau ne nous permettait pas de nous en rapprocher davantage.
Tout près de nous, trois boutres attendaient un vent favorable
pour se diriger sur Aden. Leurs produits d'importation sont, avec
les étoffes de fabrique anglaise, du fer et du cuivre dont on fait
dans le pays, des lances, des lames et des poignées de couteau
(gillé). Gomme il n'existe aucune culture dans le pays, les mar-
chands arabes importent aussi du dourra. Ces mômes marchands
exportent de Tadjoura des cuirs, quelques moutons et, dit-on,
des esclaves. On voit aussi tous les ans plusieurs boutres venir
se charger de polypiers frais, dont on fait une chaux très estimée
sur la côte d'Arabie1.
Aussitôt à terre, nous nous trouvâmes, mon compagnon et
moi, en face du sergent d'infanterie de marine qui, avec une
escouade de six hommes, habite le petit fortin dont les murs
dominent Tadjoura. Apres lecture d'une lettre, que je devais à
l'obligeance de M. le lieutenant Lironcourt, commandant de la
petite garnison d'Obock, le sergent nous offrit, et nous accep-
tâmes, un logis spacieux, que le voyage en boutre nous fit
apprécier grandement.
1. A Aden, on ne fait usage pour les constructions que de cette chaux
ou de celle qui résulte de la calcination de coquillages. A Obock, j'ai vu uti-
liser les polypiers et les coquilles subfossiles qui, par suite de l'altération
qu'elles ont subie depuis des siècles sous l'influence des agents atmosphé-
riques, donnent un produit très inférieur.
t. iv. 24