Revue de l'Afrique française et des antiquités africaines (4.1886)

LES INTERETS DE L'ALGÉRIE

ET LA. QUESTION DU PHYLLOXERA

La présence du phylloxéra a été d'abord signalée en Algérie,
à Mansourah près Tlemcen, sur quelques jeunes ceps, dont les
agents du service phylloxérique ont malheureusement omis de
déterminer l'espèce dans leur rapport. Ces ceps ayant été importés
de France par le propriétaire de la vigne, on peut supposer, mais
sans en avoir la certitude, qu'ils portaient avec eux le terrible
parasite. On traita énergiquement le point contaminé et la zone
environnante par les insecticides, et on put croire l'invasion
du fléau conjurée ou tout au moins ralentie. Mais, quelque temps
après, une nouvelle tache phylloxérique était constatée près de
Sidi-bel-Abbôs dans des vignes âgées de plus de vingt ans, où
par conséquent, elle ne pouvait être que le résultat d'un essai-
mage.

D'autres taches apparurent bientôt dans les environs de
Philippeville, puis à Zelifa, à Oran-Karguentah. Enfin, l'illu-
sion n'est plus possible, notre colonie, de l'Est à l'Ouest, est
envahie par le terrible puceron.

Les moyens énergiques mis en œuvre et l'application rigou-
reuse d'une loi modelée sur celle qui est en vigueur en Suisse
arrèteront-ils le iléau? Rien n'est moins certain. Et si l'on a
observé que, dans son invasion vers le nord de la France, il
ralentit sa marche, c'est parce qu'il y trouve un climat plus froid
et moins approprié à ses conditions d'existence, et non parce
qu'il s'atténue, et décroit avant de disparaître, comme le font
les épidémies.

Le phylloxéra n'est pas un microbe, c'est un être complet.
Le parasite delà vigne vit et se reproduit comme les autres insectes.
La chaleur stimule ses organes, et il est à craindre que le cli-