Revue de l'Afrique française et des antiquités africaines (4.1886)

EGYPTE

(Suite1).

III

Et pour commencer par ce qui semble le plus toucher le rap-
porteur, ils protesteront contre les termes dans lesquels il s'attri-
bue la suppression d'une des « deux plaies d'Egypte », le
bagsheesh ; il n'est pas exact que le pot-de-vin ne soit pas consi-
déré comme honteux en Egypte; c'est là une calomnie que les
nouveaux venus accueillent trop facilement ; les mameloucks
qui vivaient en pays conquis et percevaient un tribut pour toute
complaisance, n'existent plus; les fellahs savent ce qu'est un
fonctionnaire, et ils qualifient d'un vilain nom ceux qui abusent
de leurs fonctions ; Abbas Pacha pendait un hey concussion-
naire, et s'il y a encore nombre d'agents subalternes qui man-
quent de moralité, bien des hauts fonctionnaires musulmans
sentiront amèrement l'injure qui est faite à leur honorabilité,
lorsqu'en plein ministère des finances, un pauvre levantin, trou-
blé par des attributions inconsidérément accordées, a pu, récem-
ment, faute de contrôle, être une pierre de scandale.

Suppression du bagsheesh, c'est là un innocent exercice litté-
raire, mais les mesures prises pour la corvée sont plus graves,
et on peut se demander si les 250,000 livres prélevées sur le
budget pour la faire disparaître ne pourraient recevoir un meil-
leur emploi. La corvée, dans le sens odieux du mot, c'est-à-dire,
le travail forcé au profit exclusif d'un maître, n'existe plus en
Egypte depuis 1879; c'est pour arroser sa récolte et la protéger
contre l'inondation, qu'il creuse les canaux et répare les digues ;
une loi équitable et pratique a été établie-en 1880 ; énergique-

'1. Voir la Revue de l'Afrique française, fasc. xviii (juillet-août 1886),
p. 252 et suivantes.

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