Revue de l'Afrique française et des antiquités africaines (4.1886)

EGYPTE

L'ÉVACUATION

On payera, n'en doutez pas; l'Egypte fera honneur à
l'échéance du 15 avril 1887; les Bourses européennes
escomptent déjà dans leur cours le remboursement de la retenue
de 5 °/o opérée en 1885 et 1880 sur les coupons des différentes
dettes égyptiennes pour assurer l'emprunt 3 ?/„'. Non seulement
on aura les fonds nécessaires; bien plus, on fait des dégrève-
ments d'impôts. Donc, pas d'enquêté des Puissances sur la
situation financière de l'Egypte : de l'épée de Damoclès sus-
pendue, au-dessus dé leurs, tètes, .les délégués de la Grande-
Bretagne à la Province du Nil se sont tordu une couronne qui
leur sera décernée solennellement par l'Europe.

Le tracas joyeux, qui accompagne des lauréats" couvrira là
voix des détracteurs, entraînera les sévères. On essaye bien
encore, il est vrai, de dire qu'il n'y a là. qu'un trompe-l'œil ;
que l'administration actuelle n'a eu cure de la réorganisation
du pays ; qu'elle n'a vu que le remboursement des retenues,
quoi qu'il advint après; qu'elle a fait la chasse aux contribuables
avec une ardeur qui a multiplié les exécutions judiciaires;
qu'en regard des remises sur les impôts fonciers, remises
d'ailleurs irrégulières au point de v.ùe de la loi de liquidationj
en regard de la corvée abolie, elle a. créé un droit fiscal d'exoné-
ration du service militaire, droit écrasant, et ouvrant la porte
à non. moins d'abus que les concessions récentes de biens
libres. « L'Egypte, ajoutent-ils, s'épuise de plus en plus, mais
« elle résiste encore ; elle a passé par les mauvais temps.' des
« mameluks et sait souffrir; elle a enduré, il n'y a pas encore
« bien longtemps les extorsions, l'usure, les perceptions
«. ruineuses, l'anarchie financière : trois" années de gestion