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LES PROVINCES AFRICAINES.
organisation fit bientôt place au système d'administration spécial
aux colonies romaines, et la divine protectrice Astarte devint,
au moins de nom, la Cœlestis latine. Dans tout le reste de
l'Afrique et en Numidie, l'organisation municipale phéni-
cienne joua sans doute le rôle principal pendant tout le premier
siècle. Elle convenait particulièrement à toutes les localités
jouissant de leurs droits municipaux, mais dans lesquelles
l'organisation romaine ou latine faisait défaut. Le régime
municipal phénicien ne fut jamais abrogé, à proprement par-
ler, car on retrouve encore des schofètes au temps d'Antonin
le Pieux, mais peu à peu ils cédèrent la place aux duumvirs, et
le principe nouveau de gouvernement entraîna ici, comme
ailleurs, ses dernières conséquences.
TRANSFORMATION DES VILLES PHÉNICIENNES EN CITÉS ROMAINES.
Avec César, l'organisation municipale phénicienne commença à
céder la place à l'organisation romaine. La vieille ville phéni-
cienne d'Utique. prédécesseur et héritière de Carthage, reçut en
compensation du dommage considérable que causait à ses inté-
rêts, le rétablissement de l'antique capitale comme première
cité1 de l'Afrique jouissant d'une organisation italienne. Utique
reçut, disons-nous, du dictateur César probablement, le droit
latin, mais à coup sûr, son successeur Auguste l'éleva au rang
de municipe romain. Tingi, en reconnaissance de la fidélité
dont elle avait fait preuve pendant la guerre de Pérouse, obtint
le même droit. Cette faveur fut accordée par la suite à d'autres
villes, mais le nombre de celles qui jouissaient du droit romain,
en Afrique,: fut toujours assez restreint, jusqu'au temps de
Trajan et d'Hadrien '.
(ainsi le raconte Appien, l'un., 136). Comme exemple de ce fait, on peut
citer Gurubis qui, dans les premiers temps de César, eut ses sufètes (VIII,
10524) et qui, l'an 709 de Rome, était devenue colonie avec des duumvirs
(977). Le cas n'est cependant pas exactement le même, car cette dernière
ville n'était pas, comme Carthage, redevable à César de son existence.
4. En Afrique et en Numidie, Pline ne compte que 516 municipalités en
tout (Hist. nut., 5, 4, 29); de ce nombre sont six colonies, quinze munici-
palités de citoyens romains, deux villes latines (car Voppidum stipendiarium,
d'après la place qu'il lui attribue, devait jouir aussi du droit accordé aux
villes d'Italie) ; les autres étaient, soit des villes phéniciennes (oppUa), parmi
lesquelles trente étaient libres, soit des tribus lybîqùés (non ciflUltek lantum\
LES PROVINCES AFRICAINES.
organisation fit bientôt place au système d'administration spécial
aux colonies romaines, et la divine protectrice Astarte devint,
au moins de nom, la Cœlestis latine. Dans tout le reste de
l'Afrique et en Numidie, l'organisation municipale phéni-
cienne joua sans doute le rôle principal pendant tout le premier
siècle. Elle convenait particulièrement à toutes les localités
jouissant de leurs droits municipaux, mais dans lesquelles
l'organisation romaine ou latine faisait défaut. Le régime
municipal phénicien ne fut jamais abrogé, à proprement par-
ler, car on retrouve encore des schofètes au temps d'Antonin
le Pieux, mais peu à peu ils cédèrent la place aux duumvirs, et
le principe nouveau de gouvernement entraîna ici, comme
ailleurs, ses dernières conséquences.
TRANSFORMATION DES VILLES PHÉNICIENNES EN CITÉS ROMAINES.
Avec César, l'organisation municipale phénicienne commença à
céder la place à l'organisation romaine. La vieille ville phéni-
cienne d'Utique. prédécesseur et héritière de Carthage, reçut en
compensation du dommage considérable que causait à ses inté-
rêts, le rétablissement de l'antique capitale comme première
cité1 de l'Afrique jouissant d'une organisation italienne. Utique
reçut, disons-nous, du dictateur César probablement, le droit
latin, mais à coup sûr, son successeur Auguste l'éleva au rang
de municipe romain. Tingi, en reconnaissance de la fidélité
dont elle avait fait preuve pendant la guerre de Pérouse, obtint
le même droit. Cette faveur fut accordée par la suite à d'autres
villes, mais le nombre de celles qui jouissaient du droit romain,
en Afrique,: fut toujours assez restreint, jusqu'au temps de
Trajan et d'Hadrien '.
(ainsi le raconte Appien, l'un., 136). Comme exemple de ce fait, on peut
citer Gurubis qui, dans les premiers temps de César, eut ses sufètes (VIII,
10524) et qui, l'an 709 de Rome, était devenue colonie avec des duumvirs
(977). Le cas n'est cependant pas exactement le même, car cette dernière
ville n'était pas, comme Carthage, redevable à César de son existence.
4. En Afrique et en Numidie, Pline ne compte que 516 municipalités en
tout (Hist. nut., 5, 4, 29); de ce nombre sont six colonies, quinze munici-
palités de citoyens romains, deux villes latines (car Voppidum stipendiarium,
d'après la place qu'il lui attribue, devait jouir aussi du droit accordé aux
villes d'Italie) ; les autres étaient, soit des villes phéniciennes (oppUa), parmi
lesquelles trente étaient libres, soit des tribus lybîqùés (non ciflUltek lantum\