TUNISIE.
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Dans l'administration civile, aucun événement notable à
signaler. La municipalité de Tunis a publié d'utiles règlements
de police pour sauvegarder les arbres, les plantations, les bancs
des promenades et voies publiques, pour assurer la circulation
paisible des animaux et des voitures dont les écarts ou l'allure
trop rapide pourraient incommoder les piétons ou causer des
accidents (23 mars). L'éducation des foules indigènes est
presque entièrement à faire à cet égard, et si les règlements
susdits sont excellents, ils ne vaudront toutefois que par une
sérieuse et persévérante application. Empêcher les cochers
maltais, par exemple, de lancer leurs arabas à fond de train, au
risque d'écraser les gens, ne sera pas sans doute l'œuvre d'un
jour ni d'un seul commissaire.
Avec la saison chaude revient la crainte périodique de l'inva-
sion d'un visiteur désagréable, le choléra. L'appréhension était
d'autant plus justifiée cette année que l'épidémie s'est déclarée
dans divers ports d'Italie. Aussi le conseil sanitaire a-t-il
imposé, vers la fin d'avril, des quarantaines d'observation aux
provenances de Venise et de Brindisi. Il ne s'agit pas ici uni-
quement de protéger la santé publique; il importe d'épargner
tout délai préjudiciable aux transactions du commerce tunisien.
Jusqu'ici, heureusement, le choléra n'a point paru, et tout
permet d'espérer qu'il s'abstiendra.
Une des réformes qui non seulement intéressent l'hygiène,
mais touchent à la vie, à la sécurité de tous les indigènes,
l'établissement d'un contrôle pour la déclaration des naissances
et des décès, en d'autres ternies, la création d'un service tuni-
sien de l'état civil semble instamment réclamée par l'opinion, et
plusieurs journaux de l'Algérie et de la Régence ont traité à
plusieurs reprises cette question. Elle est des plus graves en
effet ; à l'abri de tout regard indiscret, derrière les murailles
muettes des logis hermétiquement clos, les infanticides, les
décès prémédités, toujours imputables à quelque accident, sont
trop aisés pour n'être pas fréquents. La difficulté serait de faire
pénétrer le représentant de la loi, le médecin des morts, dans le
sanctuaire du domicile musulman. Mais serait-il nécessaire qu'il
y pénétrât? Une constatation au cimetière ne serait-elle pas
suffisante ? Au surplus, l'affaire est trop complexe pour qu'il
soit possible de l'étudier ici. C'est assez de l'avoir indiquée.
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Dans l'administration civile, aucun événement notable à
signaler. La municipalité de Tunis a publié d'utiles règlements
de police pour sauvegarder les arbres, les plantations, les bancs
des promenades et voies publiques, pour assurer la circulation
paisible des animaux et des voitures dont les écarts ou l'allure
trop rapide pourraient incommoder les piétons ou causer des
accidents (23 mars). L'éducation des foules indigènes est
presque entièrement à faire à cet égard, et si les règlements
susdits sont excellents, ils ne vaudront toutefois que par une
sérieuse et persévérante application. Empêcher les cochers
maltais, par exemple, de lancer leurs arabas à fond de train, au
risque d'écraser les gens, ne sera pas sans doute l'œuvre d'un
jour ni d'un seul commissaire.
Avec la saison chaude revient la crainte périodique de l'inva-
sion d'un visiteur désagréable, le choléra. L'appréhension était
d'autant plus justifiée cette année que l'épidémie s'est déclarée
dans divers ports d'Italie. Aussi le conseil sanitaire a-t-il
imposé, vers la fin d'avril, des quarantaines d'observation aux
provenances de Venise et de Brindisi. Il ne s'agit pas ici uni-
quement de protéger la santé publique; il importe d'épargner
tout délai préjudiciable aux transactions du commerce tunisien.
Jusqu'ici, heureusement, le choléra n'a point paru, et tout
permet d'espérer qu'il s'abstiendra.
Une des réformes qui non seulement intéressent l'hygiène,
mais touchent à la vie, à la sécurité de tous les indigènes,
l'établissement d'un contrôle pour la déclaration des naissances
et des décès, en d'autres ternies, la création d'un service tuni-
sien de l'état civil semble instamment réclamée par l'opinion, et
plusieurs journaux de l'Algérie et de la Régence ont traité à
plusieurs reprises cette question. Elle est des plus graves en
effet ; à l'abri de tout regard indiscret, derrière les murailles
muettes des logis hermétiquement clos, les infanticides, les
décès prémédités, toujours imputables à quelque accident, sont
trop aisés pour n'être pas fréquents. La difficulté serait de faire
pénétrer le représentant de la loi, le médecin des morts, dans le
sanctuaire du domicile musulman. Mais serait-il nécessaire qu'il
y pénétrât? Une constatation au cimetière ne serait-elle pas
suffisante ? Au surplus, l'affaire est trop complexe pour qu'il
soit possible de l'étudier ici. C'est assez de l'avoir indiquée.