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Revue de l'Afrique française et des antiquités africaines — 4.1886

DOI issue:
Fasc. 20 (Novembre-Décembre 1886)
DOI article:
Faurot, Lionel: Voyage à Obock, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.19137#0386

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344 VOYAGE AU GOLFE DE TADJOUBA.

Le fort, où une chambre fut mise à notre disposition, avait été,
une première fois, construit à l'époque de l'occupation anglo-
égyptienne. Sa situation sur un plateau de forme rectangulaire,
dont l'accès n'est facile que par un de ses petits côtés, en rendait
la défense facile. Des canons sans affût et des boulets, les uns
et les autres touillés, gisent encore çà et là, sur ses remparts en
ruine. C'est au milieu des décombres que nos soldats cam-
pèrent il y a trois mois ; aussi fûmes-nous frappés de voir qu'en
aussi peu de temps ils avaient réussi à édifier des constructions
aussi vastes et aussi solides.

Le soir, nous fîmes une visite au sultan Ahmed ben Moha-
med, lequel, disent les traités, commande de Raz Ali au
Goubbet Kharab. Ce titre de sultan ( dardar, en langue dan-
kali ) n'est pas héréditaire, pas plus que celui de vizir ( bouleïta ).
L'un et l'autre appartiennent alternativement aux deux plus
puissantes familles de Tadjoura. Ainsi, à la mort du sultan
actuel, c'est le vizir, ou un membre de la famille de ce dernier,
qui prendra le titre de sultan ; et ce sera l'aîné de la famille
du sultan, qui aura droit à la dignité de vizir. Le pouvoir
n'est pas absolu, car toutes les fois qu'une décision doit être
prise, elle n'est rendue qu'après avis préalable des notables.
Quant à la fonction de bouleïta, elle serait, paraît-il, purement
honorifique ; car lorsque le dardar s'absente du village, c'est un
des notables qui prend en main l'administration. Ces institutions
paraissent dénoter un certain degré de civilisation que les
Danakils sont loin déposséder. Ils n'ont ni histoire ni traditions,
et leur ignorance est extrême.

Pour les Arabes, bien que plus avancés dans la civilisation,
ils n'ont cependant aucune institution politiqu e analogue, et
le peuple ne participe point au gouvernement comme chez les
Danakils. La raison de cette différence est due, sans doute, à ce
que, chez les Arabes, le pouvoir des chefs est empreint d'un
caractère religieux. Il n'en n'est pas de même chez les Danakils.
Leur conversion à l'islam n'est du reste qu'apparente ; aussi
est-il très rare d'observer chez eux ces pratiques de culte exté-
rieur, ces génuflexions et prosternations quotidiennes si fré-
quentes chez les disciples de Mahomet.

L'habitation du sultan ne diffère des cabanes voisines que
 
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