Institut Français d'Archéologie Orientale <al-Qāhira> [Hrsg.]; Mission Archéologique Française <al-Qāhira> [Hrsg.]: Recueil de travaux relatifs à la philologie et à l'archéologie égyptiennes et assyriennes: pour servir de bullletin à la Mission Française du Caire (22.1900)

DES ORIGINES DE LA MOMIFICATION 197

éléments mauvais, primitivement c'était presque tout clans le corps ; hormis le squelette,
c'étaient toutes les parties qui peuvent être infectées, milieu et foyer de corruption,
aussi bien que les germes. La momification restreint cette éviction ; mais l'anathème
s'étend encore à presque toutes les parties molles, intestins, viscères et chairs même.

De bonne heure, il est vrai, on voulut croire à un triomphe plus complet sur la
mort. On se plut à espérer la survivance de la chair.

Du Livre des Morts, plusieurs passages et des chapitres entiers ont en vue l'immor-
talité de la chair. Les dieux s'en occupent : « Tkot la protège complètement toujours, »
[ ^ # ! ( ^\ (2 Ml ^_71 ; « Kobhsounouf trempe dans l'essence de cèdre les

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chairs de l'Osiris pour les conserver, » f ^ \\

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Naturellement ils atteignent leur but : les chairs « purifiées »,

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baumées ».

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, et « em-

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v\ , ne sont pas endommagées, / \\ V131 ^ ^5^>4;

elles sont préservées des vers,

Q. nit\ ^\ C'est bien là le résultat de la

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momification, résultat immédiat et vrai. Mais il serait bien étonnant que l'Egyptien
gardât la mesure juste dans son langage et notât la réalité sans métaphore ou sans
hyperbole. Aussi bien se vante-t-il de « faire revivre ses chairs par ses formules
magiques », j ^c_^

quise : « ses chairs so/d vigoureuses, » .
s'il n'était pas mort », ^ ^ ^ w^""* ^^^^^l^' Évidemment on

^*~lll^r ^en ne manflll.e & cette vigueur recon-

<2 XV; elles sont « saines comme

a perdu de vue le point de départ : il ne s'agit plus seulement de sauver l'intégrité du
corps ou sa forme générale contre tous les périls de dissolution, en faisant les sacri-
fices nécessaires. L'horreur de la corruption parle seule dans les premiers textes. Sans
doute on peut, sans supposer que le défunt tînt à sa chair pour elle-même, expliquer
son souhait qu'il « ne soit pas abattu dans le lieu de torture, que les ennemis ne dé-
vorent point ses chairs », ~^<=><2'

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: en effet, une telle destruction de la chair entraînerait la destruction du corps
entier. Mais les derniers vœux expriment une ambition plus complète, et celle-ci ne
peut être satisfaite que par une illusion.

Cependant, cette illusion date de loin. Car, dès le temps des Pyramides, elle
inspirait déjà plus d'un texte. Il est question, dans la Pyramide de Pépi Ier, de « gar
diens des chairs du ciel qui lui ont ouvert les portes du ciel », (

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Tp3 ^ 10. S'agit-il de la chair ou des membres des dieux, ou bien de ceux

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des morts? En ce dernier cas, ce serait donc que l'on peut pénétrer au ciel avec sa chair!
C'est bien l'espoir de Pépi, formellement exprimé; non seulement on ne lui retire pas
sa chair pour l'empêcher de pourrir sur ses os, mais il la conservera saine avec lui :

l o D'autres textes expriment la con-

fiance dans la pérennité des chairs, comme dans celle des os auxquels seuls s'attachait

1. Chap. xlii, 1. 10. — 2. Chap. clxi, tableau initial, col. 2. — 3. Ibid. — 4. Chap. cliv, 1. 1 et G. —
5. Chap. clxiii, titre. — 6. Chap. lxiv, 1. 27. — 7. Chap. xcn, 1. 2. — 8. Chap. clxiv, 1. 15. — 9. Chap. xcix,
1. 30-31. — 10. Pépi 1. 351, Recueil de Travaux, t. VII, p. 157. — 11. Ibid., 1. 169, p. 185.