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Institut Français d'Archéologie Orientale <al-Qāhira> [Hrsg.]; Mission Archéologique Française <al-Qāhira> [Hrsg.]
Recueil de travaux relatifs à la philologie et à l'archéologie égyptiennes et assyriennes: pour servir de bullletin à la Mission Française du Caire — 22.1900

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Nr. 4
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Baillet, Jules: Contribution à l'histoire des origines de la momification
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https://doi.org/10.11588/diglit.12425#0216

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DES ORIGINES DE LA MOMIFICATION

d'abord l'idée d'immortalité. Celui-ci, pour cela, use d'images énergiques : « les os de

Mais ce n'est là et ce ne peut être qu'illusion. La pérennité du corps et de la forme
ne peut être obtenue qu'aux dépens des viscères et de la chair. La momification n'a pu
faire mieux. Les viscères sont intentionnellement dissous par les huiles ou retirés du
corps, et achèvent de se consommer dans les canopes, au milieu des aromates ou du
bitume. La chair même ne subsiste véritablement point : elle n'est pas brutalement
séparée des os, comme dans les procédés antérieurs à la momification; mais elle n'est
point respectée. Pour la rendre incorruptible, on Ta desséchée, réduite et dissoute; il ne
reste d'elle qu'une ombre, une forme, un amalgame inerte, enveloppé dans la peau dé-
graissée et transformée en cuir. Hérodote, dans sa description du travail des taricheutes,
ne s'écarte en aucune façon de la réalité quand il conclut : « le natron dissout les chairs
et du mort iL ne reste que la peau et les os, » xàç Se aâpxaç -zo vfcpov xaTa^xei, xal or, Xe^eTat
too ve%poù ro Sépfza [xoùvov xat -cà oT^ea2. C'est exactement ce que nous voyons. Or, ce témoi-
gnage d'un étranger en l'âge de la décadence correspond avec précision à la formule
archaïque par laquelle les prêtres d'Ounas et de Pépi indiquaient le but de l'embaume-
ment et de la momification. Ces rois avaient été momifiés, comme le certifient les
fragments de bois, de toiles et démembres, trouvés dans leurs pyramides; et l'on avait
voulu par là détruire les chairs, « délivrer lé défunt de la chair qui était en lui* ».

Ainsi donc toutes les cérémonies des funérailles usitées à l'époque pharaonique ont
eu pour origine un sentiment commun, l'horreur de la corruption. L'impureté que Ton
combat par les formules magiques comme par les pratiques matérielles, c'est la pourriture.
La pureté que l'on recherche, que l'on demande, dont on se vante, c'est la propreté du
corps. Déjà dans les textes classiques, et plus nettement encore dans les textes les plus
anciens, l'idée de pureté est associée à l'état du corps, à des actes ou des objets ma-
tériels, et les conséquences de la purification sont matérielles. La matière de ce qui sera
plus tard et pour longtemps une sorte cle sacrement posthume ne provient pas d'un
choix arbitraire : elle n'est que le souvenir et la représentation abrégée d'un traitement
physique, d'une effacité garantie par l'expérience^ qui ne cesse pas un jour d'être en
usage dans son intégrité, parallèlement aux sens symboliques et mystiques qu'on lui
attribuera. L'encens, l'eau, le natron et autres ingrédients purifient le corps, non l'âme,
et préviennent la corruption clu cadavre, ses symptômes et ses effets. Comme les liba-
tions, fumigations et offrandes, le sarcophage est commémoratif : c'est une cuve, une
baignoire, et non un coffre; il ne conserve pas, il a servi à détruire les germes et les
aliments de la corruption.

1. Pépi II, 1. 957, Recueil de Travaux, t. XII, p. 184.

2. II, 87. — 3. Cf. supra, p. 186.
 
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