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NOTES DE GRAMMAIRE
banales l'exemple daté le plus ancien est toujours d'une grande importance. (Par ex.
§§ 257, 302, 322, 326, 380, 330 dans les paradigmes)1.
§ 8
La langue égyptienne se divise en périodes séparées par des différences considé-
rables. Cela nous paraît un fait naturel et nécessaire parce qu'elle a vécu très longtemps :
c'est la seule langue que nous puissions suivre pendant 5.000 ans. Mais en réalité cette
immense durée n'impliquait aucunement la nécessité d'une évolution importante.
Nous ignorons les causes qui font évoluer les langues, mais dans tous les cas le temps
semble être un facteur négligeable. Le lithuanien est resté presque identique à l'indo-
européen tel que la grammaire comparée le restitue, tandis que l'anglais et le français en
diffèrent absolument. L'arabe moderne ressemble beaucoup plus à l'ancien assyrien
que le copte ne ressemble à la langue des Pyramides. Dans un même temps deux
langues parties d'un même point évolueront avec une rapidité tout à fait différente,
et dans une même langue, si elle évolue, les modifications ne seront nullement pro-
portionnelles au temps écoulé.
§§ 9, 10, 11 (cf. 132-134)
L'écriture hiéroglyphique n'exprimant pas les voyelles, comment pouvons-nous
avoir une idée de la vocalisation égyptienne?
Par le copte et accessoirement par les transcriptions de mots égyptiens dans une
langue étrangère (assyrien ou grec).
Mais il ne faut pas oublier que la vocalisation copte ne nous donne de la vocali-
sation ancienne qu'une idée tout à fait inexacte. M. Erman a soin de le rappeler et de
le prouver. Mais on ne saurait trop insister sur les différences essentielles qui séparent
ces deux périodes de la langue, car c'est là un fait capital que nous avons très difficile-
ment présent à l'esprit.
1° Ce qui demeure le plus visible en copte de l'état vocalique ancien, c'est le rôle
que la voyelle a joué dans la dérivation. Les mots se rattachant à une même racine
diffèrent entre eux par leur vocalisme interne, les variations de sens étant liées aux
variations de voyelles : ex. ot^è, et othhIi ; guo et ^hkê, iiott et «oerr, o-yoeitg et
oTppuje, etc., etc. C'est par là seulement que le copte a conservé une certaine couleur sémi-
tique qui avait frappé les premiers égyptologues. Mais il ne faut pas oublier qu'il s'agit
ici des débris d'un système de dérivation qui a dû être extrêmement développé. Pour
une même racine le copte offre deux ou trois dérivés de ce type (les autres modes de
dérivation à l'aide de particules sont récents : julût-, ém-, etc.), alors que l'égyptien
devait en présenter beaucoup plus.
1. Il aurait été bon aussi de toujours transcrire le mot hiéroglyphique, eu mettant des points d'interro-
gation quand il s'agit d'une lecture douteuse.
NOTES DE GRAMMAIRE
banales l'exemple daté le plus ancien est toujours d'une grande importance. (Par ex.
§§ 257, 302, 322, 326, 380, 330 dans les paradigmes)1.
§ 8
La langue égyptienne se divise en périodes séparées par des différences considé-
rables. Cela nous paraît un fait naturel et nécessaire parce qu'elle a vécu très longtemps :
c'est la seule langue que nous puissions suivre pendant 5.000 ans. Mais en réalité cette
immense durée n'impliquait aucunement la nécessité d'une évolution importante.
Nous ignorons les causes qui font évoluer les langues, mais dans tous les cas le temps
semble être un facteur négligeable. Le lithuanien est resté presque identique à l'indo-
européen tel que la grammaire comparée le restitue, tandis que l'anglais et le français en
diffèrent absolument. L'arabe moderne ressemble beaucoup plus à l'ancien assyrien
que le copte ne ressemble à la langue des Pyramides. Dans un même temps deux
langues parties d'un même point évolueront avec une rapidité tout à fait différente,
et dans une même langue, si elle évolue, les modifications ne seront nullement pro-
portionnelles au temps écoulé.
§§ 9, 10, 11 (cf. 132-134)
L'écriture hiéroglyphique n'exprimant pas les voyelles, comment pouvons-nous
avoir une idée de la vocalisation égyptienne?
Par le copte et accessoirement par les transcriptions de mots égyptiens dans une
langue étrangère (assyrien ou grec).
Mais il ne faut pas oublier que la vocalisation copte ne nous donne de la vocali-
sation ancienne qu'une idée tout à fait inexacte. M. Erman a soin de le rappeler et de
le prouver. Mais on ne saurait trop insister sur les différences essentielles qui séparent
ces deux périodes de la langue, car c'est là un fait capital que nous avons très difficile-
ment présent à l'esprit.
1° Ce qui demeure le plus visible en copte de l'état vocalique ancien, c'est le rôle
que la voyelle a joué dans la dérivation. Les mots se rattachant à une même racine
diffèrent entre eux par leur vocalisme interne, les variations de sens étant liées aux
variations de voyelles : ex. ot^è, et othhIi ; guo et ^hkê, iiott et «oerr, o-yoeitg et
oTppuje, etc., etc. C'est par là seulement que le copte a conservé une certaine couleur sémi-
tique qui avait frappé les premiers égyptologues. Mais il ne faut pas oublier qu'il s'agit
ici des débris d'un système de dérivation qui a dû être extrêmement développé. Pour
une même racine le copte offre deux ou trois dérivés de ce type (les autres modes de
dérivation à l'aide de particules sont récents : julût-, ém-, etc.), alors que l'égyptien
devait en présenter beaucoup plus.
1. Il aurait été bon aussi de toujours transcrire le mot hiéroglyphique, eu mettant des points d'interro-
gation quand il s'agit d'une lecture douteuse.