RAPHAËL ET L'ANTIQUITÉ
LES TROIS GRACES
En 150,3, Raphaël avait vingt ans et
se trouvait à Sienne, où il assistait Pin-
turiccbio dans la composition des pein-
tures destinées à célébrer la vie d'iEneas-
Silvius Piccolomini, devenu pape sous le
nom de Pie II. Jusque-là, le Sanzio était
resté sous le charme exclusif de la reli-
gion de son enfance et du mysticisme
traditionnel de l'école de Pérouse. Le
Christ, la Madone, les archanges, les
saints, les saintes et quelques portraits
témoignant à la fois de sa reconnais-
sance et de ses plus chères affections,
telles avaient été jusqu'alors les préoc-
cupations exclusives de sa vie. Pour la
première fois, dans la bibliothèque de la
cathédrale de Sienne, l'histoire sollicitait cette âme ardente et .calme;
pour la première fois aussi, dans ce même lieu doublement consacré déjà
par l'art et par la religion, l'antiquité s'offrait à cet esprit si digne de la
comprendre; et comme tout semble avoir été prédisposé par un dessein
spécial de la Providence en vue de ce génie privilégié, ce devait être par
l'intermédiaire des Grâces qu'il allait recevoir la première initiation à
l'art antique.
Un groupe des trois Grâces se trouvait au milieu de la libreria où
Raphaël poursuivait ses travaux. Ce marbre avait surgi comme pour
saluer l'aurore de la Renaissance. Exhumé lors des fouilles faites au
xme siècle pour la reconstruction de la cathédrale, il avait revu lalumière
LES TROIS GRACES
En 150,3, Raphaël avait vingt ans et
se trouvait à Sienne, où il assistait Pin-
turiccbio dans la composition des pein-
tures destinées à célébrer la vie d'iEneas-
Silvius Piccolomini, devenu pape sous le
nom de Pie II. Jusque-là, le Sanzio était
resté sous le charme exclusif de la reli-
gion de son enfance et du mysticisme
traditionnel de l'école de Pérouse. Le
Christ, la Madone, les archanges, les
saints, les saintes et quelques portraits
témoignant à la fois de sa reconnais-
sance et de ses plus chères affections,
telles avaient été jusqu'alors les préoc-
cupations exclusives de sa vie. Pour la
première fois, dans la bibliothèque de la
cathédrale de Sienne, l'histoire sollicitait cette âme ardente et .calme;
pour la première fois aussi, dans ce même lieu doublement consacré déjà
par l'art et par la religion, l'antiquité s'offrait à cet esprit si digne de la
comprendre; et comme tout semble avoir été prédisposé par un dessein
spécial de la Providence en vue de ce génie privilégié, ce devait être par
l'intermédiaire des Grâces qu'il allait recevoir la première initiation à
l'art antique.
Un groupe des trois Grâces se trouvait au milieu de la libreria où
Raphaël poursuivait ses travaux. Ce marbre avait surgi comme pour
saluer l'aurore de la Renaissance. Exhumé lors des fouilles faites au
xme siècle pour la reconstruction de la cathédrale, il avait revu lalumière