Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (5. Pér. 11.1925)

LES SEPT ÉGLISES D’ASIE ET LEURS ÉVÊQUES

DANS LA TAPISSERIE DE L'APOCALYPSE A ANGERS

art du xii" siècle prête à d'innombrables discussions.
Le livre de M. Mâle, le dernier grand ouvrage paru
sur celte magnifique époque de création, suffirait à
nous en convaincre. On conçoit bien la difficulté de
fixer avec précision les dates de tant de monuments
aux origines inconnues : la pénurie des documents
d’archives est une entrave impossible à rompre, et
toute science a besoin du temps pour s’établir de
façon définitive. Notre surprise, c est d'abord de
rencontrer un si grand nombre d’images, toutes religieuses bien entendu,
inexpliquées ou mal expliquées, et ensuite de constater que ces images
mystérieuses décorent les monuments les plus importants et les plus
célèbres. En effet, presque jamais il ne s’agit d’œuvres médiocres, perdues
au fond de campagnes éloignées, ou cachées dans des sacristies obscures ; il
s’agit au contraire de monuments grandioses, exposés à la vue de tous, que
des milliers de visiteurs contemplent chaque année ; par exemple, des por-
tails de Chartres et de Yézelay et des grands tableaux sculptés sur les façades
d’Angoulême et de Poitiers. Pour ma part, j'ai dit depuis longtemps que le
secret de ces images se trouvait à la portée de tous dans le texte de l’Apoca-
lypse de saint Jean et qu’il suffisait de vouloir l’y chercher pour le découvrir.

Les derniers siècles du moyen âge nous ont laissé beaucoup moins d’objets
contentieux. Cependant l’une de nos plus magnifiques reliques du xive siècle,
la grande tapisserie entièrement consacrée à l’illustration de l’Apocalypse et
conservée dans la cathédrale d’Angers soulève encore des problèmes que
cette étude tente de résoudre.