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les germes du mal qui l’a tué. Dans son ardeur inépui-
sable, il se faisait illusion sur ses propres forces. Il se
plaint quelque part, dans l’un des volumes où il a ra-
conté son voyage à travers l’Apulie et la Lucanie, qu’il
ait du s’arrêter parce que ses compagnons de route,
lassés des fatigues résultant d’un climat dangereux et
d’une terre inhospitalière, avaient refusé de le suivre ;
il ignorait que ses amis refusaient d’aller plus loin,
non pour eux-mêmes, mais parce qu’ils voyaient trop
bien que ce voyage ruinait sa santé.
Pourquoi faut-il que leurs tristes préoccupations
se soient sitôt vérifiées! On put croire un moment
que tout danger était conjuré; les soins dévoués et
éclairés d’une épouse et d’une mère lui rendirent une
apparence de santé, il retrouva pour quelques mois
toute son activité. Ce fut encore la Gazette archéolo-
gique qui en profita et pendant tout le printemps, tout
l’été, pendant ce triste automne où la maladie le clouait
sur son lit qu’il ne devait plus quitter, il ne cessa de
s’en occuper comme de son œuvre de prédilection.
La mort de François Lenormant laisse parmi nous,
Messieurs, un de ces vides que l’on ne peut combler.
Mais que peuvent être nos regrets en Comparaison de
ceux de cette famille si cruellement éprouvée, de cette
femme qui se voit enlever à la fleur de l’âge, dans la
pleine maturité du talent, l’homme qui était son
soutien, son affection, son légilime orgueil, de cette
mère à laquelle le ciel ne semble avoir donné le privi-
lège d’être la femme et la mère de deuxjhomines d’une
les germes du mal qui l’a tué. Dans son ardeur inépui-
sable, il se faisait illusion sur ses propres forces. Il se
plaint quelque part, dans l’un des volumes où il a ra-
conté son voyage à travers l’Apulie et la Lucanie, qu’il
ait du s’arrêter parce que ses compagnons de route,
lassés des fatigues résultant d’un climat dangereux et
d’une terre inhospitalière, avaient refusé de le suivre ;
il ignorait que ses amis refusaient d’aller plus loin,
non pour eux-mêmes, mais parce qu’ils voyaient trop
bien que ce voyage ruinait sa santé.
Pourquoi faut-il que leurs tristes préoccupations
se soient sitôt vérifiées! On put croire un moment
que tout danger était conjuré; les soins dévoués et
éclairés d’une épouse et d’une mère lui rendirent une
apparence de santé, il retrouva pour quelques mois
toute son activité. Ce fut encore la Gazette archéolo-
gique qui en profita et pendant tout le printemps, tout
l’été, pendant ce triste automne où la maladie le clouait
sur son lit qu’il ne devait plus quitter, il ne cessa de
s’en occuper comme de son œuvre de prédilection.
La mort de François Lenormant laisse parmi nous,
Messieurs, un de ces vides que l’on ne peut combler.
Mais que peuvent être nos regrets en Comparaison de
ceux de cette famille si cruellement éprouvée, de cette
femme qui se voit enlever à la fleur de l’âge, dans la
pleine maturité du talent, l’homme qui était son
soutien, son affection, son légilime orgueil, de cette
mère à laquelle le ciel ne semble avoir donné le privi-
lège d’être la femme et la mère de deuxjhomines d’une