Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 8.1883

DOI article:
Babelon, Ernest: Chimère: bas-relief de la collection de Luynes
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.25012#0267

DWork-Logo
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
237 —

CHIMÈRE

BAS-RELIEF DE LA COLLECTION DE LUYNES

(Planche 41 ).

Le monument que nous avons fait reproduire de grandeur naturelle, en
héliogravure, sur la planche 41, représente en bas relief une des plus curieuses
et des plus étranges formes qui aient été données aux animaux fantastiques qui
symbolisaient le cortège des génies dans les mythologies orientales. Le duc de
Luynes l’a acquis en Syrie où il a peut-être été trouvé; on peut affirmer, dans
tous les cas, qu’il est de provenance asiatique; le grès, dans lequel le bas-relief
a pu être facilement sculpté, est d’un grain jaunâtre et extrêmement friable.
Le monstre a le corps et les pattes de devant d’un lion; les pattes de derrière,
armées de serres puissantes, sont celles de l’aigle; il a des oreilles de bœuf, des
cornes d’aegagre; l’œil, la face et le bec entr’ouvert ne sont point ceux de
l’aigle, comme on pourrait s’y attendre d’après les monuments similaires : ils
ressemblent absolument à la tête du perroquet. Une crinière hérissée en forme
d’arête régulière orne le cou fièrement cambré comme celui du cheval ; elle
s’étend tout le long de l’épine dorsale jusqu’à la croupe; la queue, qui ressemble
à celle du lion ou du taureau, est redressée et terminée en trois touffes ou
mèches parallèles; enfin, de grandes ailes, à plumes imbriquées, prennent
naissance au dessus des pattes de devant et se développent en éventail.

Ce bizarre assemblage d’attributs, formé de tout ce qui, dans le règne
animal, constitue la vigueur, la force et l’agilité, fait que ce monstre participe
à la fois du griffon, de la chimère et du sphinx, tels que les Grecs ont, en
général, figuré ces êtres fabuleux. D’après les textes classiques et les nom-
breux monuments qui représentent la Chimère (le célèbre bronze étrusque de
Florence, notamment), cet animal symbolique avait une tète et un corps de
lion, sur lequel se trouvait entée une tête de chèvre ; la queue était terminée
par une tête de serpent1. Le sphinx, d’origine égyptienne, a toujours une tête

\. Voy. l’art. Chimuera de M. L. de Ronchaud, dans le Dict. des antiq. de Daremberg et Saglio.

Gazette archéologique. — Année 1883. 30
 
Annotationen