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Quiconque parcourt la frontière apulo-lucanienne admire avec quelle exacti-
tude le poète définit en deux mots la situation d’Acheruntia (Acerenza), posée
comme une aire d’aigle sur un piton d’une grande hauteur. Mais en voyant
Forenza dans une situation toute pareille, on s’étonne qu’il parle de Yhumile
Forentum. C’est que la Forenza du Moyen Age et de nos jours a bien hérité du
nom cle Forentum romain, mais n’occupe pas le même site. Les ruines de
Forentum se voient à 3 kilomètres environ, plus au nord, dans la direction de
Venosa, au milieu d’une petite plaine basse et encaissée.
Le saltus B antinus devait son nom à Bantia, ville que Tite-Live et Acron ,
dans sesscholies sur Horace, attribuent à l’Apulie, tandis que Pline, plus exac-
tement, le compte dans la Lucanie. Le nom s’en est conservé dans celui de
Banzi, hameau de la commune deGenzano, surgi autour d’une ancienne abbaye
fondée par Grimoald, prince de Bénévent, et enrichie par les fils de Robert
Guiscard, Roger et Bohémond. Cette abbaye fut supprimée sous l’administra-
tion française, et il ne reste plus de ses bâtiments que quelques arceaux
aigus du temps des Angevins. L’emplacement de la ville antique de Bantia se
reconnaît parfaitement à quelques centaines de mètres au nord du village. On
n’y voit plus au dessus du sol aucune des ruines qui existaient en grand nombre
en 1522 et que mentionne an acte de bornage rédigé à cette époque1. Mais la
terre y est jonchée de débris de toute sorte, qui caractérisent clairement le
site d’une localité antique. J’v ai vu quelques sépultures que les paysans avaient
mises au jour et laissées ouvertes. Elles consistaient en dalles de travertin du
pays, disposées de manière à former un sarcophage grossier. On y avait trouvé
de petits vases grecs et des poteries plus communes, en terre rouge sans gla-
çure, dont les morceaux, jetés sans soin, gisaient autour des fosses encore
béantes. Les fragments de bucc/iero noirâtre de la plus ancienne époque italique
s’observent à la surface du sol sur remplacement de Bantia.
J’ajouterai que ce n’est en aucune façon dans ce lieu qu’a été découverte, en
1790, ia fameuse inscription osqueet latine connue dans la science sous le nom
de Table de Bantia. Elle fut en réalité trouvée à une quinzaine de kilomètres
4. Voy. Giustiniani, Dizionario geografico , t. Il, p. 4 68.
Quiconque parcourt la frontière apulo-lucanienne admire avec quelle exacti-
tude le poète définit en deux mots la situation d’Acheruntia (Acerenza), posée
comme une aire d’aigle sur un piton d’une grande hauteur. Mais en voyant
Forenza dans une situation toute pareille, on s’étonne qu’il parle de Yhumile
Forentum. C’est que la Forenza du Moyen Age et de nos jours a bien hérité du
nom cle Forentum romain, mais n’occupe pas le même site. Les ruines de
Forentum se voient à 3 kilomètres environ, plus au nord, dans la direction de
Venosa, au milieu d’une petite plaine basse et encaissée.
Le saltus B antinus devait son nom à Bantia, ville que Tite-Live et Acron ,
dans sesscholies sur Horace, attribuent à l’Apulie, tandis que Pline, plus exac-
tement, le compte dans la Lucanie. Le nom s’en est conservé dans celui de
Banzi, hameau de la commune deGenzano, surgi autour d’une ancienne abbaye
fondée par Grimoald, prince de Bénévent, et enrichie par les fils de Robert
Guiscard, Roger et Bohémond. Cette abbaye fut supprimée sous l’administra-
tion française, et il ne reste plus de ses bâtiments que quelques arceaux
aigus du temps des Angevins. L’emplacement de la ville antique de Bantia se
reconnaît parfaitement à quelques centaines de mètres au nord du village. On
n’y voit plus au dessus du sol aucune des ruines qui existaient en grand nombre
en 1522 et que mentionne an acte de bornage rédigé à cette époque1. Mais la
terre y est jonchée de débris de toute sorte, qui caractérisent clairement le
site d’une localité antique. J’v ai vu quelques sépultures que les paysans avaient
mises au jour et laissées ouvertes. Elles consistaient en dalles de travertin du
pays, disposées de manière à former un sarcophage grossier. On y avait trouvé
de petits vases grecs et des poteries plus communes, en terre rouge sans gla-
çure, dont les morceaux, jetés sans soin, gisaient autour des fosses encore
béantes. Les fragments de bucc/iero noirâtre de la plus ancienne époque italique
s’observent à la surface du sol sur remplacement de Bantia.
J’ajouterai que ce n’est en aucune façon dans ce lieu qu’a été découverte, en
1790, ia fameuse inscription osqueet latine connue dans la science sous le nom
de Table de Bantia. Elle fut en réalité trouvée à une quinzaine de kilomètres
4. Voy. Giustiniani, Dizionario geografico , t. Il, p. 4 68.